Législatives 2013. Le Pm légitime la falsification des listes à Elecam

Souley ONOHIOLO | Le Messager Mardi le 13 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’étau se resserre autour de la direction générale d’Elections Cameroon, accusée d’avoir créé à Elecam, un véritable laboratoire chargé de pré examiner spécialement les listes du Rdpc, avant leur acheminement au Conseil électoral.

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 Sollicité pour son arbitrage, le Premier ministre a gardé silence. Cautionnant et entérinant ainsi de fait la mascarade. 20 sur 20. C’est le score qui a sanctionné la prestation du Rdpc, après la publication par Elecam des listes des candidats investis par le Rdpc, pour les prochaines élections municipales et législatives. « Elève international » aurait apprécié feu le comédien Jean-Miché Kankan. On pourrait même dire que le Rdpc, a fait fort en assimilant bien ses leçons après sa disqualification dans trois régions du Cameroun, lors des dernières élections sénatoriales du 14 avril 2013. Après avoir fait trois fautes sur dix aux sénatoriales, le parti du flambeau a réussi un zéro faute, dans la composition des dossiers de ses 360 candidats (180 députés et leurs suppléants) aux législatives et de plus 10.500 candidats au poste de conseillers municipaux dans les 360 communes de tout le Cameroun. Sur cette performance peu habituelle, les langues se délient. Sur les procédés utilisés pour favoriser le parti de Paul Biya : falsification des listes du Rdpc, avant leur acheminement au palais des sports de Yaoundé où, Samuel Fonkam Azu’u, le président d’Elecam et les seize autres membres du Conseil électoral procédaient à l’examen des dossiers de candidatures. « Le dépôt des dossiers des candidats du Rdpc à la date limite, tel que cela a été présenté, n’a été que pour la forme. Il y a eu au niveau de la direction générale d’Elecam, un groupe de personnes chargées de passer au peigne fin, tous les dossiers des candidats du Rdpc. Spécialement !» affirme une source bien introduite à Elecam. Le stratagème mis en place était bien huilé. Lorsqu’il y avait une pièce manquante dans les listes du Rdpc, l’état-major du parti au pouvoir était sollicité pour procéder à la modification, la substitution ou à la réécriture des noms sur les listes. « Alors que toutes les listes des partis en compétition étaient transmises dès la réception par le personnel d’Elecam, au palais des sports, pour examen, par le Conseil, les listes du Rdpc, avaient droit à un dernier contrôle de routine. Finalement, les listes du Rdpc, examinées pour la majorité, à la dernière ligne droite, ont failli mettre Elecam hors délai de publication », affirme, sous le sceau de l’anonymat, un cadre d’Elecam.

Yang Philémon ferme les yeux

Maître de la manœuvre, des cadres au secrétariat général du Rdpc qui, après avoir neutralisé la circulaire de Paul Biya, ont réussi le coup de faire passer tous leurs protégés dans les listes du Rdpc. La goûte d’eau qui fait déborder le vase, se produit le samedi, 27 juillet, moins de cinq jours avant la publication des listes par Elecam. Vu le retard du transfert desdites listes au Conseil électoral, Samuel Fonkam Azu’u pique une colère homérique, et obtient des autres membres, selon nos informations, le refus d’examiner les dernières listes du Rdpc. « Le président du Conseil électoral, n’a plus mis son véhicule à disposition, pour le transport des listes de la direction générale vers le palais des sports. Coincé, le Dg a fait des mains et des pieds, pour convoyer les listes querellées par les bons soins de son secrétaire particulier et le chef service du courrier. Les listes en question ont été reçues ; mais le Conseil a marqué son désaccord par rapport à leur étude » informe une source très proche du conseil électoral.

C’est à ce niveau que le Pm, Philémon Yang, serait entré en scène. Sollicité pour un éventuel arbitrage, le chef du gouvernement a organisé une séance de travail à sa résidence avec les membres du Conseil, le même samedi. Le groupe des dix-sept, a momentanément suspendu l’examen des listes pour se rendre chez le Pm aux environs de 17 heures. Après un débat houleux portant sur les pratiques mafieuses de falsification des listes par le parti du flambeau, les membres du Conseil électoral ont finalement fermé les yeux sur les entorses et les irrégularités ayant plombé leur travail. A quel prix? Difficile à savoir. Après la signature par le ministre, secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun, de la décision lui retirant « l'emprise » sur la gestion de la dotation spéciale et du budget des élections du Conseil electoral d’Elections Cameroon, on croyait que Sani Tanimou s’était assagi. Manifestement, il n’en est rien.

Focal. Quid des autres partis ?

Le Rdpc ne semble pas être le seul parti politique à avoir bénéficié de l’indulgence du Dg d’Elecam, Mohaman Sani Tanimou. Nos sources évoquent le cas de ce leader de parti politique, membre de la commission anticorruption (Conac). « Plusieurs dossiers de candidatures de son parti n’avaient pas des quittances de cautionnement. Un jour après les délais, il a saisi au téléphone le président du Conseil ; sollicitant sa clémence pour fournir les pièces manquantes. Le président lui a répondu que ses dossiers n’étaient pas parvenus à la commission et que même dans ce cas, cette faveur ne pouvait lui être concédée. Finalement, il a rencontré le jour d’après, le Dg d’Elecam qui a reçu le complément des pièces en toute illégalité ».

D’où la surprise exprimée plus tard par Fonkam Azu’u aux autres membres du Conseil de constater que lors du dépouillement, les dossiers de candidatures du parti dudit membre de la Conac, étaient au grand complet.

Démission collective...

A en croire certaines sources, la fermeté démontrée par le Conseil électoral lors de la sélection des candidats aux sénatoriales du 14 avril a donné des leçons au Rdpc. Pour éviter le remake, le parti au pouvoir a mis sur pied un dispositif spécial pour éviter des surprises désagréables. Y compris en foulant aux pieds la loi électorale. La conspiration a marché. Faut-il pour autant fermer les yeux sur cette triche cautionnée finalement par le Conseil électoral ? En son temps, dame Pauline Biyong avait été lâchée par eux. Au prétexte qu’elle a pris fait et cause pour le candidat Biya en confectionnant son matériel de campagne à la présidentielle de 2011.

A leur tour, voici le serment du groupe des dix-sept à rude épreuve. Il pleut sur tous les toits dit un adage populaire. Au regard de la gravité des faits et la légèreté dont ils ont fait montre, en allant prendre leurs ordres chez le Pm, les membres du Conseil électoral d’Elecam ont trahi leur indépendance et bafoué le principe d’équité. En favorisant le Rdpc, au détriment des autres partis politiques, ils ont tué les derniers espoirs des Camerounais de voir émerger une démocratie véritable.

« Tranquille et muette » dans son coin, l’opposition camerounaise peut-elle parvenir à faire bouger les lignes ; en convoquant au tribunal du peuple, les membres du Conseil électoral d’Elecam ? Accepter de se laisser perpétuellement instrumentalisés est un aveu de démission collective. Pratiquement en panne sèche, l’opposition camerounaise se montre une fois de plus « politiquement » minable. En la voyant se laisser laminer comme un écorché vif, il est difficile de poursuivre le rêve de franchir le cap de « bonne espérance ».

La mort du « biyaisme » n’aura pas lieu de si tôt. Une fois de plus, telles des bêtes de somme, les athlètes alignés par l’opposition camerounaise ou ce qui en tient lieu, atteindront la ligne d’arrivée, essoufflés et étouffés par la cadence et le rythme de l’épreuve. Le cirque n’a que trop duré… Rideau.


 

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