Cameroun - Politique. Le pouvoir de connivence avec Kisob ?

Le Messager Mardi le 07 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’auteur de la revendication de l’attaque sur le pont du Wouri et la tuerie de deux gendarmes à Bakassi le 9 octobre 2011, était face à la presse à Bamenda vendredi dernier. L’histoire qu’il raconte ressemble à un conte des milles et une nuit.

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Bertin Kisob, le Cameroun et la révolution manquée

Le président de la Cameroon party for Social Justice (Cpsj), Bertin Kisob, a-t-il court-circuité un mouvement insurrectionnel qui menaçait le Cameroun avant, pendant et après la présidentielle du 9 octobre 2011 ? En tout cas, c’est l’impression qu’il a donnée au cours d’une conférence de presse vendredi dernier 3 février à Bamenda. Face aux journalistes à Bamenda, Bertin Kisob a laissé entendre qu’il a été manipulé.

« C’est un piège qu’on m’avait tendu » lâche-t-il d’emblée, expliquant qu’au sortir « de la Cour suprême à Yaoundé après que ma candidature ait été rejetée, je suis accosté par deux jeunes hommes (un homme blanc et un homme noir) qui me font comprendre qu’ils sont des experts en communication politique. Et moi, j’avais grandement besoin de ça, puisque je venais d’être barré de la présidentielle qui devrait être pour moi une vitrine ». S’il reconnaît être l’auteur des multiples déclarations revendiquant l’attaque armée sur le pont du Wouri et l’assassinat de deux gendarmes à Bakassi le 9 octobre 2011, jour de l’élection présidentielle, Bertin Kisob dit l’avoir fait « dans la contrainte. Et parce que tout le monde a le droit de protéger sa vie, moi j’ai joué le jeu. Et j’ai tellement joué au point où vous avez cru que j’étais derrière ce coup; tout le monde a cru à ma participation ».

Selon Bertin Kisob, ses supposés acolytes « savaient que j’étais déjà grillé et que je ne pouvais plus négocier avec le gouvernement pour faire marche arrière ». Néanmoins et fort curieusement, Bertin Kisob réussit à prendre contact avec le gouvernement. Comment ? L’intéressé en fait mystère… Selon Bertin Kisob, le but de cette révolution était de faire descendre les Camerounais dans la rue pendant deux ou trois jours « et le lendemain, on parachute les bombes sur la tête des gens et on dit que c’est une révolution soutenue. Vous vous retrouvez avec des milliers de morts ». Il va plus loin et laisse entendre que l’arsenal de guerre était déjà planqué non loin du pays, prêt à être déployé.

Ce fils de colonel invite les autres politiciens à être prudents pour ne pas céder aux sirènes de la révolution au nom de « quelques billets de banque », sermone le révérend Kisob, fondateur de l’église universelle Maatiste.
A la question de journaliste de savoir ce qu’il a reçu comme compensation de la part du gouvernement, pour ce boulot, Bertin Kisob affirme qu’il « a été logé dans une résidence présidentielle. La résidence des hôtes du Mont Mbankolo qui était gardée par vingt cinq éléments du Bir. Je remercie le président de la République car depuis le jour où je lui ai expliqué cela au téléphone, il m’a donné rendez-vous, je suis venu et on m’a pris pour me garder. Personne n’a porté atteinte à mon intégrité physique. Il a garanti m’a sécurité»...

Le pouvoir de connivence avec Kisob ?

Quel crédit peut-on accorder à ces révélations ? De prime abord, tout ceci paraît un peu trop facile et sans doute un peu trop parfait pour être vrai. Puisque le concerné y joue le beau rôle, celui du patriote épris de l’avenir de son pays. Rien de mal à cela. Sauf quelques détails troublants qui donnent à réfléchir, connaissant le fonctionnement du Cameroun. D’abord, l’appel que Bertin Kisob affirme avoir passé au président de la République. Comment a-t-il obtenu le précieux numéro quand on sait qu’ils ne sont pas nombreux, les Camerounais pouvant s’offrir un tel luxe, surtout concernant un président qui a complètement mystifié sa fonction ?

Ensuite, dans des conditions normales, une conférence de presse comme celle du 3 février à Bamenda n’aurait pas eu lieu. On se rappelle le dernier cas en date : dans des circonstances moins sensibles, le Pr Maurice Kamto, ministre démissionnaire, n’a pas bénéficié de la même mansuétude des autorités administratives, lui dont la conférence de presse explicative a été purement et simplement interdite.

Pourtant Bertin Kisob a obtenu une autorisation en bonne et due forme pour la tenue de cette conférence de presse auprès du sous-préfet Jean Pierre Koloko de l’arrondissement de Bamenda II, sous la référence no E29/06/3/10/3/38 du 3 février 2012. Il y a même mieux, le révérend a tenu sa conférence de presse, avec à ses côtés, Alain Japhret Awong, deuxième adjoint préfectoral du département de la Mezam, qu’accompagnait un autre fonctionnaire de la préfecture. Interpellé par les journalistes sur cette présence du chef de terre, Bertin Kisob laisse entendre « c’est sur haute instruction de la hiérarchie qu’il est ici ». Comme pour s’assurer que ce fils du colonel reste dans la logique du discours préétabli ?

On peut d’autant aisément le croire qu’il s’agit là d’un privilège rare dont aucun autre leader politique camerounais n’a bénéficié jusqu’ici. De là à y voir une connivence avec le pouvoir de Yaoundé, il n’y a qu’un petit pas d’autant plus allègrement franchi que cette sortie tend à crédibiliser la théorie d’un complot extérieur visant le régime largement véhiculée par les apparatchiks du Rdpc ces derniers temps. Cette sortie s’effectue ainsi à la veille des élections couplées législatives-municipales de juillet prochain, mais surtout à la veille de la célébration annoncée du cinquantenaire de la Réunification à Buea.

Simple coïncidence ? Voire. Seule certitude, Bertin Kisob semble bien être le seul citoyen camerounais pouvant revendiquer des actes criminels de cette envergure (tirs à l’arme de guerre, tentative de prise de contrôle du pont sur le Wouri, assassinats de deux gendarmes) et rester libre de ses mouvements (le prétexte de la contrainte est difficile à admettre puisque malgré les supposées menaces sur sa personne, il est toujours en vie). A moins qu’il ne soit formellement établi que le garçon de 36 ans est dérangé du ciboulot. Ce qui n’est pas encore prouvé.

Alors ?

Donat SUFFO / F.B. 

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