Cameroun - Transports. Les yeux doux du gouvernement aux motos-taxis

Christian TCHAPMI | Le Messager Mercredi le 21 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Philémon Yang, Jean Baptiste Bokam et René Emmanuel Sadi ont financé à coups de millions la campagne nationale baptisée « Moto-citoyen », en vue de la mobilisation des groupes sociaux sensibles aux élections couplées du 30 septembre prochain.

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Une espèce d’enrôlement des éventuels électeurs acquis à la cause du parti du flambeau. Il a peut-être cru bien faire en saluant solennellement la générosité de ces membres du gouvernement « pour leurs appuis institutionnels et financiers ». C’était sans savoir que cette marque de gratitude à ciel ouvert, exposerait les instigateurs de la vaste campagne nationale mise sur pied à l’effet de recueillir des suffrages dans la grande famille des motos-taxis communément appelés « bend-skin ». En effet, Eric Mbida Ndoumbè en sa qualité de président du Comité d’organisation de la cérémonie de lancement qui a eu lieu vendredi 16 août à Yaoundé, s’est acquitté d’emblée de ce qu’il a lui-même appelé « devoir de civilité spéciale » en remerciant Philemon Yang, Premier ministre, chef du gouvernement, René Emmanuel Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Jean Baptiste Bokam, secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie nationale et enfin Zacharie Ngoumbe, inspecteur général au ministère des Transports. En filigrane, ces autorités gouvernantes par ailleurs tous membres influents du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), souhaitent dénicher dans ce corps de métier fortement représentatif, du bétail électoral prêt à leur accorder massivement leurs voix lors du double scrutin du 30 septembre prochain.

Même si les leaders de Moto-citoyens refusent d’admettre que cette initiative est une campagne déguisée en faveur d’un parti politique. «Notre campagne est une campagne en faveur de nos droits, elle n’est pas une campagne de revendications d’opportunité politique, c’est une campagne de présentation de nos doléances puisque nous ne pouvons pas demander des comptes aux élus si nous n’avons pas participé à leur élection ou si nous refusons de payer les taxes, de respecter les différentes réglementations régissant nos activités », tente d’expliquer Nji Jean Vidal, président national des conducteurs professionnels urbains du Cameroun (Synacopucam).

Et Eric Mbida Ndoumbè de renchérir, « refuser de voter le 30 septembre prochain, c’est accepter que seule la volonté des élus au terme des élections prochaines gouverne nos activités. Pour faire triompher non les politiciens sans étoffe sociale, qui nous réduisent au statut de citoyens de seconde zone. Ou des strapontins politiques, mais d’abord pour faire triompher la démocratie participative ». C’est pourquoi, soutient-il, bénéficiant de l’opportunité que leur offrent les échéances électorales de 2013, « nous avons entrepris de faire remonter l’expression de ces différentes couches sociales auprès des édiles, hommes politique et autres décideurs de la nation en allant retirer nos cartes de vote pour accomplir notre devoir citoyen. Car notre souci est d’amener autant que faire ce peu, tous les citoyens à prendre la parole et exprimer leurs besoins, leurs propositions, leurs espoirs ».

Précarité

Créé au lendemain du message de Paul Biya dans son traditionnel message à la jeunesse du 10 février 2013, le collectif moto-citoyens est un regroupement d’organisations syndicales et d’associations dont les membres se recrutent dans les corps de métiers sensibles notamment : les moto taximen, les gérants de call-box, les « buy and sellam », les propriétaires des salons de coiffure. Les libres contributions, apprend-on, ont porté sur le logement et le cadre de vie, l’emploi et la précarité, l’éducation, la justice et les pratiques policières, la citoyenneté, les privilèges accordés aux immigrés au détriment des nationaux et la politique, la situation des femmes, les questions intergénérationnelles et la communication, l’insécurité et l’environnement, la répartition des richesses et les inégalités, la santé et le handicap, les discriminations et l’exclusion, le transport et l’isolement, la culture, les religions, les loisirs.

C’est dire que cette opération de charme qui va s’accentuer par un large ramdam médiatique à travers l’affichage, les autocollants et des spots publicitaires, semble bien accueillie par les conducteurs de motos. Eux qui sont prêts à en faire une véritable réussite à condition que certains préalables soient remplis. « Nous ne voulons plus être considérés comme des refugiés ; nous sommes tous Camerounais et nous souhaitons être traités comme tel. Que les « Awara » (bidasses de la Communauté urbaine de Yaoundé Ndlr) nous laissent tranquille et que la mairie essaye de coordonner le mode de paiement de nos impôts et taxes afin que nous puissions circuler librement dans la ville », exige Ousseni Fifen, président départemental de l’Association des transporteurs par motos du Mfoundi. De simples formalités… visiblement. Une telle convivialité en période électorale incite à la prudence car l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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