Cameroun - Politique. Marketing Politique: Les institutions nationales préfèrent la presse étrangère

Olivier Atangana | L'Actu Mardi le 02 Octobre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Elles y achètent des insertions publicitaires pour polir l'image du Cameroun à l'extérieur.

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La quête de la caution internationale agite le landerneau politique camerounais depuis que l'image de ce géant d'Afrique centrale est écornée au-delà de ses frontières. Le pays est reconnu comme l'un des plus corrompus au monde, un statut loin de changer, bien que le pouvoir de Yaoundé ait fait de la protection de la fortune publique l'un de ses principaux challenges au travers d'une opération d'assainissement des mœurs baptisée Epervier. De plus, la presse nationale et internationale relaye trop souvent des manquements dans l'organisation des élections.

Mauvaise gouvernance et démocratie brinquebalante sont autant d'oripeaux qui collent au pays de Paul Biya sur la scène Internationale. Les institutions nationales qui souffrent de cette image peu glorieuse se débrouillent tant bien que mal pour s'en débarrasser, comme d'une mauvaise herbe, Les stratagèmes pour en découdre avec cet état de choses sont nombreux. Les publi-reportages, payés à prix d'or dans les colonnes de la presse étrangère, sont la règle.


Le dernier en date est celui d'Election’s Cameroon.

Cet organe en charge de la gestion des élections au Cameroun s'est offert, il y a peu, quatre pages de publicité dans l'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique (JA). Objectif de l'opération: prouver que le Cameroun croit en la démocratie. On apprend ainsi qu’Elecam est «un organe indépendant en pleine maturation»; que cette institution est le «fruit d'une vision, d'un esprit...» Deux articles sur la biométrie et la refonte électorale viennent compléter ledit publi-reportage.

Bien avant cet organe, c'est Paul Biya et le Programme national de développement participatif (PNDP) qui ont décidé de se vendre à l'international. C'était dans un hors-série du magazine Marchés Africains (MA), avec pour intitulé «Spécial Cameroun». Dans la rubrique Economie, se trouvait «PNDP au cœur de la stratégie pour la croissance et l'emploi». En Une de ce numéro spécial de MA, on pouvait à loisir voir Paul Biya et la question «quels enjeux pour 2011?». S'en suivait alors le «Cameroun, panorama complet de l'économie».

Le gouvernement de Philémon Yang n'est pas en reste. Dans «Investir, Cameroun 2012» de J.A, 74 pages ont été consacrées au Cameroun. L’establishment camerounais n'a pas fait l'économie de sa reluisante situation politique et sociale, de l'économie et de l'environnement des affaires au beau fixe, des entreprises et marchés en permanente croissance, et d'un carnet de voyage riche, attrayant et bien fourni.

Une obsession à astiquer son image que Jean-Claude Bilana qualifie de «mimétisme». Le directeur général d'Idées neuves, une agence de communication qui a pignon sur rue sur le triangle national, explique que «rien ne justifie ça parce que les cœurs de cible ne sont pas là-bas C'est du mimétisme parce qu'ils se donnent l'illusion d'être bien vus à l'international. Et ce n'est qu'une illusion puisque que pour chaque cas d'espèce, les cibles sont locales».


Règlement de compte

Au-delà de toutes considérations d'efficacité, polir son image à international a un coût. Cette pratique coûte au Cameroun la peau des fesses. D'après certaines indiscrétions, chaque année, le pays verse 600 millions de FCFA à J.A pour le compte des publi-reportages sous la forme du «Plus de J.A». Avec cette enveloppe, le Cameroun compte parmi les meilleurs annonceurs de J.A. Un deal qui n'a pourtant pas toujours été un long fleuve tranquille.

L’on se souvient encore d'une crise entre cet hebdomadaire et le pouvoir de Yaoundé. Dans une enquête réalisée en 2011 le magazine avait qualifié le Cameroun de «Lion endormi», tout en affirmant que la gouvernance pratiquée au Cameroun était «médiocre», empreinte de «conservatisme à outrance», ce qui fait perdurer la corruption. Des qualificatifs qui n'ont pas été du goût du Cabinet civil, qui s'est alors fait le devoir de servir un droit de réponse au journal de Béchir Ben Yamed.

Certains ont vu en cette passe d'armes, le non-règlement des factures impayées à l'agence internationale pour la diffusion de la communication, Diffcom, un des démembrements du groupe de presse «jeune Afrique» vers la fin de l'année 2011. Des factures impayées évaluées à 650 millions FCFA. «Le gouvernement (camerounais) et jeune Afrique à couteaux tirés. Suite d’une enquête effectuée au Cameroun par l'hebdomadaire panafricain basé à Paris. le Cabinet civil crie au complot; la nouvelle querelle entre les deux parties survient alors que le journal de Ben Béchir Yahmed réclame le payement d'une facture de 650 millions au gouvernement» avait alors écrit Georges Alain Boyomo du quotidien camerounais Mutations. 

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