Cameroun - Politique. Message à la Nation: Paul BIYA en version critique - Maurice KAMTO, Albert Dzongang et Joshua OSIH répondent a Paul Biya

Lundi le 07 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au lendemain du discours de fin d’année du président de la République du Cameroun, et après les vœux que le corps diplomatique et les corps constitués nationaux lui ont adressés, de grandes pointures de l’opposition camerounaise, notamment son leader, Joshua Osih 1er vice président du social democratic front (Sdf), Albert Dzongang président national de la Dynamique et le tout nouveau et non moins ambitieux président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, le Pr Maurice Kamto, sont montés au créneau.

ADS


Au lendemain du discours de fin d’année du président de la République du Cameroun, et après les vœux que le corps diplomatique et les corps constitués nationaux lui ont adressés, de grandes pointures de l’opposition camerounaise, notamment son leader, Joshua Osih 1er vice président du social democratic front (Sdf), Albert Dzongang président national de la Dynamique et le tout nouveau et non moins ambitieux président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, le Pr Maurice Kamto, sont montés au créneau. Non seulement pour tourner en dérision le discours qu’ils considèrent comme un disque rayé et passéiste, mais surtout pour démontrer que le locataire du pais d’Etoudi n’est plus l’homme de la situation, celui qui doit porter les espoirs du peuple camerounais en 2013.


Albert Dzongang répond à Biya

Si on s’en tient au discours du chef de l’Etat présentant les réalisations de 2012 et les perspectives pour 2013, on reste, en matière de délais, dans le flou le plus complet.

La concrétisation de toutes ses promesses est, en effet, annoncée pour «dans quelques mois». Et nous savons tous que 30 ans ne font jamais que 360 mois, c'est-à-dire à peine… «quelques mois» dans la vie d’une nation.

Les grandes réalisations de l’année 2012 se sont résumées en la pose de 2 pierres : les premières pierres des chantiers des barrages de Memve’ele et de Lom Pangar. Peut-être ces pierres étaient-elles si grosses qu’il a fallu tellement de temps pour les poser, car ces chantiers étaient annoncés depuis 1992.

Sur le plan de l’emploi, l’année 2012 a, selon le chef de l’Etat, été celle d’un recrutement massif dans les différents corps des forces armée et dans la police. S’il est vrai que «qui veut la paix prépare la guerre», Comment expliquer un recrutement pléthorique dans l’armée et dans la police, et l’entretien du train de vie princier de leurs chefs, pendant que le peuple tout entier croule sous la misère la plus noire? Comment peut-on envisager le développement en clochardisant les éducateurs qui sont censés prodiguer le savoir, ou en contraignant à la mendicité le personnel médical qui doit veiller sur la santé de la population? Est-il nécessaire de rappeler que pendant ce temps, les quelques médecins qui ont été recrutés parmi les « 25 000 » annoncés, doivent se contenter d’un salaire mensuel de 100 000 francs CFA?

Oui, le président de la république montre clairement que sa seule priorité, c’est de se maintenir au pouvoir, par la force et par les armes s’il le faut, grâce à une armée et à une police aux ordres et bien choyées, et dont les membres sont choisis sur des critères autres que le mérite et la compétence.

A ce rythme, le jour n’est plus loin, où nous aurons plus de soldats que d’étudiants dans notre pays!

Dans le même ordre d’idées, le chef de l’Etat a donné une nouvelle définition à la corruption au Cameroun. Il s’appuie désormais sur le ministre des marchés publics et la Conac. C’est à croire que la corruption n’existe que dans les opérations de marchés publics.

Alors, messieurs les gendarmes et policiers sur la route et dans vos bureaux, continuez à racketter en paix, personne ne vous inquiétera, car vous ne dépendez pas du ministère des marchés publics! Messieurs les membres du corps médical, pour arrondir vos fins de mois, rangez votre serment d’Hippocrate au fond des tiroirs, torturez les malades et laissez mourir ceux qui n’ont pas d’argent à vous donner! Messieurs les fonctionnaires des impôts et de la douane, enrichissez-vous! Messieurs les enseignants, abandonnés à votre sort, bradez les notes contre des espèces sonnantes et trébuchantes, et rançonnez les parents, déjà si pauvres et si endettés! Vous n’êtes concernés, ni par le ministère des marchés publics, ni par la Conac!

Le président de la république feint donc d’ignorer les dégâts de la corruption dont souffre le bas peuple au quotidien, dans chacun des actes de la vie courante. Pour lui, la corruption, se limite au détournement des fonds dans l’exécution des marchés publics. L’« Épervier» ayant trop rôdé ces derniers temps autour de certaines personnes du sérail, son silence sur l’intensification de cette lutte comme il l’annonçait dans un discours antérieur s’explique.

Notre président de la république n’a pas de mémoire et donc, pas de bilan à défendre, mais seulement des projets plein la tête. L’arrogance des rédacteurs de son discours a atteint son paroxysme quand ils traitent l’opposition camerounaise de myope, après un certain «qui sont-ils?» de 1990.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas voir le deuxième pont sur le Wouri, dont le chantier devait commencer en février 2012.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas constater que de Douala à Yaoundé, on roule déjà sur une autoroute à 6 voies, et qu’il n’y a plus d’accidents sur ce trajet.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas voir que l’école est gratuite au Cameroun.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas constater que tous les diplômés ont un emploi.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas voir que l’eau potable coule en continu dans tous les quartiers de nos villes et villages.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas voir que tous les Camerounais sont régulièrement approvisionnés en électricité.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas voir que notre agriculture s’est modernisée, et que chaque village dispose de quelques tracteurs gratuits fabriqués dans l’usine d’Ebolowa.

C’est vrai qu’il faut être myope pour ne pas s’apercevoir que le choléra, le paludisme, le SIDA et la tuberculose, pour ne citer que ces maladies, ont été éradiqués au Cameroun.

Dans d’autres pays, des gens se battent pour que s’instaure un dialogue entre le pouvoir et l’opposition, et le Cameroun vient d’envoyer un contingent de nos soldats en RCA pour soutenir cette idée. En même temps, le président de tous les Camerounais ne trouve rien de mieux à faire que d’insulter ceux qui ne pensent pas comme lui, ceux qui ne chantent pas ses louanges, ceux qui ne revendiquent pas être ses créatures. Après, on viendra nous parler de paix sociale.

Il faut avoir une mémoire affaiblie pour ne pas se rappeler les efforts d’unité et de concorde que tous les Camerounais réclament.

Il faut avoir la mémoire affaiblie pour ne pas se souvenir que les conseillers municipaux et les députés en place, doivent leur mandat initial à une vaste fraude organisée par la défunte Onel, et qu’ils sont en prolongation par décret du président Biya. Demander à ces personnes d’élire les membres du Sénat, est un leurre.

Il faut avoir la mémoire affaiblie pour penser que toute élection à venir doit se faire après la refonte des listes électorales en cours, prenant en compte la biométrie, même s’il ne s’agit que d’un simulacre. La logique voudrait que la prochaine élection municipale ait lieu après la refonte des listes électorales, avant que les conseilleurs municipaux ainsi élus puissent élire le Sénat.

Nous nous serions attendus à ce que le chef de l’Etat constate que son opération Epervier a été un flop, et qu’il annonce la libération de ceux qui font, aux yeux de la majorité des Camerounais, l’objet d’une détention politique, depuis plus de quinze ans pour certains.

Malgré les moyens les plus modernes, aucun sou à ce jour, supposé détourné, n’a pu être retrouvé, au moment où l’Union européenne en général et la France en particulier sont prêtes à rapatrier dans les pays africains les sommes détournées. Le peuple est fatigué des discours et attend des résultats concrets. Comment peut-on, même s’ils étaient coupables, dans un pays qui se veut moderne, maintenir en prison pour plus de quinze ans, des citoyens qui n’ont commis aucun crime de sang ? Je me serais attendu également à ce que le chef de l’Etat constate lui-même l’échec de sa politique et l’incapacité de l’équipe qui l’accompagne, et mette en place une équipe d’union nationale, incluant la société civile et l’opposition qu’il insulte pour conduire les affaires du pays et le sortir du marasme.

Le président a parlé de la croissance, dont ils sont quelques uns seulement à percevoir les effets. Il a une manie extraordinaire de vouloir persuader les affamés qu’ils sont rassasiés, et les malades qu’ils sont guéris. Comme a dit le Chairman du Sdf, le Cameroun est un volcan endormi et nul ne sait quand il peut entrer en éruption.

Le vol de kits d’inscription biométrique à Mbouda par certaines élites militantes du RDPC, et qu’on a retrouvés, l’un à Yaoundé, et l’autre à Douala, les deux bourrés de noms d’électeurs fictifs avec de faux numéros de carte d’identité, sont la preuve que, ce que décriait l’opposition «myope» et «à la mémoire affaiblie», était fondé. Comme toujours, malgré cette biométrie à la Camerounaise, les électeurs fantômes existeront toujours, pour justifier la «victoire» d’un parti en perte totale de crédibilité. Les auteurs de ce hold-up à Mbouda sont connus, et nous attendons sereinement la réaction du gouvernement et de son Elecam.

Pour l’année 2013, monsieur Biya doit inclure dans son projet la vigilance d’une opposition qui sera soudée pour exiger un Cameroun prospère pour tous et avec tous. C’est l’occasion ici de mettre en garde tous ces loups, anciens et nouveaux, que le pouvoir a introduits dans les rangs de l’opposition, pour la distraire et la diviser, afin de lui assurer, le moment venu, le vol tranquille des suffrages de Camerounais.

Nous invitons ici tous les Camerounais épris de justice, de paix, d’unité et d’amour pour leur patrie, à se joindre au G7 sous la houlette du Chairman Ni John Fru Ndi, pour obtenir le changement tant attendu.



Face à la nation: Maurice Kamto écrit


Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes de l’intérieur et de la diaspora,

Le 29 septembre dernier, une nouvelle dynamique politique s’est enclenchée dans notre pays; une nouvelle espérance est née: le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun s’est mis en marche, dans les conditions particulièrement difficiles que vous connaissez. C’est au nom de ce Mouvement que j’ai l’honneur et l’agréable devoir de m’adresser à vous, au moment où nous nous apprêtons à entrer dans une nouvelle année.

L’année 2012 qui s’achève a souligné le malaise et les difficultés que connaît notre pays et l’ampleur de la souffrance de nos populations.

La cohésion nationale est mise à mal chaque jour un peu plus par l’intolérance politique, l’indifférence au mal être de certaines parties de la communauté nationale. Le tribalisme assumé reste un défi redoutable à notre vivre ensemble.

En 2011, l’on a fait valoir que la concomitance de l’élection présidentielle et de la date de l’anniversaire du cinquantenaire de la Réunification, le 1er octobre 1961, avait empêché la célébration solennelle de cet évènement historique. Le 1er octobre 2012 est passé; voici que l’année 2012 s’achève, et le moment symbolique des retrouvailles fraternelles entre l’ancien Cameroun oriental et l’ancien Cameroun occidental n’a pas été commémoré. Notre histoire nationale reste mutilée. C’est à ces inconséquences que s’alimentent les frustrations de nos compatriotes de la partie anglophone du pays. Ce sont elles qui minent l’unité de notre Nation.

L’insécurité généralisée ne touche plus seulement les grandes villes; elle frappe aussi durement nos villages, paralyse les plus courageux, décourage les investisseurs nationaux et est de nature à dissuader les investisseurs étrangers.

Les performances économiques du pays restent médiocres et se situent dans tous les cas en deçà de la moyenne continentale et sous-régionale. Selon le Bulletin du Fonds Monétaire International du 12 octobre 2012, les taux de croissance économique, en 2012, sont estimés à 5°/° pour l’Afrique subsaharienne et 6,12°/° pour l’Afrique centrale contre 4,4°/° seulement pour le Cameroun.

On nous avait annoncé, qu’à partir de janvier 2012, le Cameroun serait transformé en « un vaste chantier ». Ce n’était pas un premier avril…

Quelques projets importants d’infrastructures portuaires et hydroélectriques ont sans doute démarré et pourront aider, après achèvement, notamment à atténuer voire à résorber dans les années à venir le déficit énergétique chronique dont souffre le pays tout entier. Mais, la politique suivie par le Gouvernement pour la réalisation de ces grands ouvrages montre qu’au terme de leur exécution le Cameroun n’aura bénéficié d’aucun transfert de savoir-faire dans ce domaine. Ceci est particulièrement préoccupant pour l’avenir technologique et industriel du pays. Après la construction de trois barrages hydroélectriques au Cameroun, des ingénieurs camerounais ou des entreprises nationales, devraient être en mesure de construire le quatrième.

Les politiques publiques actuelles sont inadmissibles dans un pays où l’on exhorte les citoyens au «patriotisme économique», ou l’on prétend être attentif à la formation et à la maîtrise professionnelle de la jeunesse. La perspective de l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile à une société étrangère, dans un secteur stratégique où l’on ne trouve aucune entreprise nationale, confirme cette politique d’indifférence à l’intérêt national. Comme pour le secteur minier, la représentation nationale devra avoir son mot à dire sur ce genre de transaction à l’avenir.

Mes chers compatriotes,

Dans 45 jours on célébrera la Fête de la Jeunesse. Comme chaque année, on rappellera que la Jeunesse est l’avenir du pays, le fer de lance de la nation. Mais comme chacun le voit notre Jeunesse est devenue un avenir sans horizon ; c’est une lance dont la pointe s’est cassée.

Nous devons nous poser la question. Qu’a-t-on fait pour que notre Jeunesse n’ait d’autre perspective que l’absence d’emplois, le chômage déguisé, la fuite éperdue vers l’étranger dans la désespérance qui la conduit à aller se noyer dans les flots des océans du monde?

L’offre d’éducation et de formation s’est accrue grâce notamment à la contribution remarquable de l’enseignement privé confessionnel et laïc. Mais, désordre et laxisme se sont installés. Hormis quelques points lumineux, la qualité de l’enseignement s’est effondrée, n’offrant au pays qu’une jeunesse parfois sur-diplômée, mais de manière générale insuffisamment préparée pour faire face aux défis multiformes auxquels est et sera confrontée notre Nation.

Le chômage endémique de la population active, en particulier des jeunes est la plus grave des menaces pour la stabilité et l’avenir économique du pays. On ne peut plus fermer les yeux devant un tel fléau, ni l’aborder sans imagination ou avec résignation. Selon l’Institut National de la Statistique, le sous-emploi invisible, touche 63,7% des actifs occupés, particulièrement les femmes. Les femmes en activité sont à concurrence de 71,8% dans cette situation contre 56,3% d’hommes. Ce phénomène concerne 81,4% d’actifs occupés dans le secteur informel agricole contre 20,0%dans le secteur privé formel et 12,3% dans le secteur public.
Le Gouvernement doit expliquer clairement aux Camerounais comment, et dans quel délais, il entend inverser cette courbe dangereuse. A cet égard il doit s’engager à fournir au moins trimestriellement des statistiques fiables sur la création des emplois et le taux de chômage réel dans le pays.

Chers concitoyens,

Mes chers compatriotes,

La nuit précède le jour! L’avènement du MRC sur la scène politique nationale s’est fait dans l’adversité. Mais notre parti est debout et suit son chemin. Il suscite un fort courant de sympathie au sein de la population camerounaise. Cette sympathie doit être transformée en un engagement citoyen résolu. Il faudrait pour cela que chacun se libère de la peur qui nous tétanise individuellement et nous paralyse collectivement.

En cette nouvelle année électorale qui s’annonce, le Peuple souverain est investi de tous les pouvoirs pour opérer le changement auquel il aspire depuis si longtemps. Elecam devra jouer pleinement son rôle, dans l’impartialité et une stricte neutralité. Il pourrait à cet égard commencer par faire ce qui se fait partout ailleurs où l’on a adopté la biométrie, à savoir notamment: délivrer la carte électorale aux électeurs dans la foulée de l’inscription au lieu de les renvoyer à plus tard et publier la liste de tous les inscrits sur son site web au moins trois mois avant la date des élections.

Le Gouvernement doit pour sa part rendre public le découpage des circonscriptions électorales et la date des élections d’ici la fin du mois de février 2013, s’il est vraiment animé par le souci de transparence, et ce afin de permettre à toutes les formations politiques de préparer les échéances électorales avec sérénité et de préserver l’égalité de chance entre les partis.

Le projet de société du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun est accueilli par un grand nombre de nos compatriotes comme une offre politique crédible, l’alternative la plus sérieuse dans notre pays. Votre choix lors des élections à venir redonnera confiance à tout un peuple, ou maintiendra les Camerounais dans le découragement et la désespérance.

Voici donc le message: Allez vous inscrire massivement sur les listes électorales! Allez voter massivement le jour du vote ! Votre vote sera déterminant pour l’avenir de notre pays. C’est pourquoi nous devons être tous prêts à le défendre.

Je vous souhaite une Bonne Année 2013, avec moins de pauvreté et de malheur; avec l’espoir que ceux qui sont en charge des affaires de la Nation travailleront pour faire reculer la souffrance des plus faibles, et donner un horizon d’espérance à la jeunesse de notre cher pays.
Vive le Cameroun!

Maurice Kamto
Président du MRC




L’autre opinion

Perspectives économiques et politiques pour 2013

« 2013 sera une année de tergiversations sociales, de navigation à vue économique et de saut dans l’inconnu politique. Rien n’est exclu et tout peut arriver »

En 2012, 20% des enfants camerounais passaient la nuit affamé et 70% des camerounais en âge de travailler ont terminé l’année soit au chômage ou en sous-emploi. Voila quelques indicateurs pour démontrer comment notre pays clôture tristement l’année 2012.

Pour mieux décrypter ce que sera 2013 dans notre pays, il convient tout d’abord de scruter le discours de M. Biya à la Nation le 31 décembre dernier. Ses vœux manquaient de contenu. On attend en de pareilles occasions un message fort d’un Président de la République qui, de par la Constitution, définit la politique de la Nation et nomme aux emplois civils et militaires.

On nous a servi un discours passéiste d’un président visiblement dépassé par les évènements de fin de règne. Plus grave, les camerounais se sont malheureusement sentis humiliés, comme d’habitude. Des invectives d’égout totalement indignes d’un Chef d’Etat et dont l’Histoire politique nous enseigne qu’elles sont le plus souvent utilisées par ceux qui sont dans un état d’extrême fébrilité de fin de règne. S’agissant justement de la prétendue myopie politique doublée d’un affaiblissement de la mémoire de ceux qui le critiquent, on a la preuve qu’il se parlait à lui-même compte tenu de sa longévité au pouvoir. Ce dérapage verbal clivant, qui est regrettable tant du point de vue politique que démocratique et qui traduit en tout point de vue un manque sidéral de respect vis-à-vis des camerounais, peut être mis à l’actif de la durée de son horloge biologique respectable qui date tout de même de 1933 au moins. Pour le reste, son discours a été une fois de plus une occasion ratée.

Sur le plan économique, nous avons assisté à une triste opération d’autoglorification d’un président en manque de crédibilité qui mènera le pays dans l’impasse en 2013. Son exercice d’optimisme sur son règne trentenaire notamment sur l’année 2012 était totalement indécent tant il était décalé du vécu réel de nos compatriotes confrontés depuis plus de deux décennies à un chômage massif et une pauvreté galopante. Malgré un bilan désastreux et ridicule qu’il défend et dont il est par ailleurs le seul responsable, il n y a eu pour 2013 dans son discours ni vision lucide de la situation économique ni décision courageuse pour notre pays qui est pourtant dans une situation répulsive aux investissements. Pas d’annonce réelle et sérieuse sur la mise sur pied d’un pacte réel de compétitivité pour nos entreprises en 2013. Plutôt une confession d’inertie devant la gravité de la situation.

Un aveu d’impuissance à ramener la croissance et l’emploi. Une défaite cuisante et sans appel dans la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics qui ont fait leur lit dans son système dévorant qu’il a lui-même entretenu avec délectation non sans narguer les camerounais en leur demandant il n y a pas longtemps des preuves. Ses objectifs de baisse du chômage et relance de l’économie qui se fondent manifestement sur le budget programme proposé dans la loi des finances de 2013, peuvent être interprétés comme un échec anticipé sur le plan économique pour l’année qui commence. Le fait de persévérer à mettre sur pied des solutions d’un autre âge et sans efficacité contre le chômage ajoutera de la crise à la crise. Il y aura un plan massif contre l’emploi du fait de la mise en route des annonces faites notamment en termes d’exportation de nos ressources agricoles et surtout minières brutes qui ne seront pas transformées sur place.

Sa politique anti-compétitive basée sur de faux plans de relance en matière fiscale et agricole contribuera inexorablement à l’explosion du chômage. Sa générosité légendaire en termes de promesses fallacieuses a comme d’habitude mis au placard des décisions courageuses qui méritaient d’être prises dans notre contexte telles que la nécessaire réforme du marché du travail et de la formation professionnelle, la réduction significative des intermédiaires bureaucratiques qui pèsent sur les entreprises et les entravent, les mesures véritables de soutien aux PME et aux Entreprises de Technologies et de l’Innovation, une politique courageuse et innovante pour soutenir les exploitations agricoles familiales, la nécessaire et urgente réforme du régime foncier ainsi que l’arrêt immédiat de l’accaparement des terres qu’il brade aux plus offrant à tour de bras sans consentement libre, éclairé et préalable des populations,pour ne citer que celles-là. Malheureusement, il n’y aura rien de tout cela en 2013. Du moins tant que M. Biya sera aux affaires. Le SMIG sera toujours le plus bas de l’Afrique centrale (28.500 FCFA /mois), le taux de pauvreté ne descendra pas sous le seuil de 40%, ce qui signifie qu’au moins 8 millions de camerounais continueront de vivre avec moins de 500 Fcfa/jour. Il n’y aura toujours pas de législation foncière qui permet l’immatriculation des terres et leur sécurisation face aux prédateurs fonciers soutenu par le gouvernement. Pour ce qui concerne les grands chantiers annoncés, M. Biya a achevé de convaincre même les plus sceptiques, que ses promesses n’engagent que ceux qui y croient. A titre d’illustration, cela fait cinq ans qu’il est inscrit avec récurrence dans le budget de l’Etat une provision de 10 milliards FCFA en termes de réalisation du second pont sur le Wouri. On nous avait par ailleurs promis que les travaux débuteraient en janvier 2012 pour finalement annuler en novembre la procédure d’appel d’offres. De même que cela fait plus de cinq ans que l’on nous annonce les travaux sur la pénétrante Est et Ouest de Douala.

Sur le plan politique, M. Biya a montré qu’il n’a pas tiré les leçons de ses échecs. On n’a presque rien trouvé du tout dans son discours de vœux en dehors de la mesurette concernant la gratuité de l’établissement de la carte nationale d’identité qu’il identifie comme étant la cause du faible niveau d’inscription sur les listes électorales. Par civilité, je ne dirai pas qu’il est frappé de cécité politique qui est de loin moins préférable à la myopie politique. Il faut être en total décalage avec les réalités du terrain pour ne pas se rendre compte que la désaffection des camerounais pour la chose électorale résulte d’un code électoral inique qui ne garantit pas la sincérité des opérations électorales. Aucune annonce précise sur les futures échéances électorales. Tout juste laisse t-il filtrer en filigrane, si l’on intègre le fait que la gratuité de l’établissement de la carte nationale d’identité n’est pas encadré par un délai précis, qu’il organisera les sénatoriales avant les législatives et les municipales. Ce qui signifie que le corps électoral sera constitué des conseils municipaux actuels qui sont par ailleurs en fin de mandat. Avec en plus et comme il est de coutume, la date précise qui n’est nullement déclinée. En 2013 sur le plan politique, tout porte à croire qu’il n’acceptera pas de délaisser les tactiques politiciennes indigestes pour se mettre résolument et pleinement au service des camerounais. Pour ce qui concerne l’opposition véritable dans son ensemble, il est souhaitable de tourner la page des divisions et des amertumes. Nous devons tirer les leçons du passé pour éviter les mêmes travers. Quant au SDF, il sera être solide et rassemblé pour s’opposer aux projets funestes de fin de règne. Ma famille politique ne se résoudra nullement à voir notre pays s’affaiblir. Elle est détermine à écrire une grande Histoire pour notre pays.

Pour terminer, plutôt que de lire laconiquement toutes les fins d’année les discours d’un président nouveau en début de mandat, M. Biya a intérêt à comprendre une fois pour toute que seules des institutions politiques fortes, stables et inclusives peuvent assurer la paix et donner naissance à des institutions économiques également inclusives qui garantissent un encadrement juridique efficace et une sécurité judiciaire impartiale dans le monde des affaires notamment en matière d’entreprenariat, gages d’une croissance économique soutenue. Si rien n’est fait dans ce sens, 2013 sera une année de tergiversations sociales, de navigation à vue économique et surtout de saut dans l’inconnu politique. Le risque majeur est que cette fois-ci rien n’est exclu et tout peut arriver au cas où M. Biya s’entête à reconduire les mêmes vieilles méthodes rétrogrades des deux dernières décennies. Surtout sur le plan politique.

Joshua OSIH
1ervice Président national du SDF

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»
Lire aussi : L’honorable Nourane Fotsing appelle à la libération de Bibou Nissack le porte parole de Maurice Kamto

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS