Cameroun - Musique. Musique camerounaise: Ces textes à problème

Eric ELOUGA | cameroon-tribune Jeudi le 12 Novembre 2015 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Récemment sur les réseaux sociaux, les mélomanes camerounais ont eu la surprise de redécouvrir un visage qu’ils avaient perdu de vue depuis plusieurs années.

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Mais surtout, dans une posture surprenante, puisque l’homme, selon le commentaire accompagnant la photo, s’adonnerait désormais à une vie monastique.

Saint – Désir Atango – il s’agit de lui- s’était pourtant fait connaître du grand public au milieu des années 90, lorsqu’il défraya la chronique avec son tube « Amio » aux paroles très suggestives.


Malgré des paroles pour le moins sexuellement explicites, le succès était au rendez-vous, tant il est vrai cette période connaissait une forte éclosion d’artistes au langage moralement décomplexé. Précurseur comme souvent à l’époque, Petit-Pays et son « Nioxxer » faisait danser le continent sur des textes provocateurs. Dans la catégorie Bikutsi, les Gilbratar Drakkus et autres Atebass passaient le témoin à des héritiers un brin plus scandaleux, comme la très libérée K-Tino ou Tanus Foé.


«La petite Adeda» pour la première et « Piquer » pour le second, font à cette époque le buzz tant ils choquent les oreilles pudibonds autant qu’ils ravissent les amateurs des soirées populaires bien arrosées. Même dans un registre plus World, des Parol Sosthène venaient allonger la liste des artistes vendant le « dessous de la ceinture ».  Jusqu’à quel point les paroles de ces chansons faisaient écho aux moeurs sociales du moment ? Réponses et interprétations divergent. La principale


constante étant le succès populaire qu’auront connu ces titres, presque à chaque fois. La philosophie souvent exprimée dans le microcosme médiatique selon lequel «le sexe fait vendre», se vérifiait avec une régularité quasi-scientifique. A tel point que, les époques ont évolué, les artistes changé, mais les textes à caractère pornographique font aujourd’hui toujours partie intégrante des marronniers musicaux. Certains y mettant de la finesse avec des expressions idiomatiques du genre « le pilon dans le mortier », d’autres y allant beaucoup plus direct comme « j’ai envie de ... ».


La déferlante Franko et son « coller la petite », arrive ainsi dans un segment musical bien installé, où les devanciers se comptent par paquets de dix. Les exégètes se donnant à coeur-joie du thermomètre moral, pour évaluer le niveau d’outrance d’une chanson dont l’adoption semble traverser les générations. Certains estimant que même si on a souvent toléré des textes musicaux à caractère libidineux, une ligne rouge aurait été franchie, avec notamment des incitations à l’inceste.


Suffisant en tout cas pour susciter la sortie d’une autorité administrative, qui interdira la chanson au nom de la préservation des bonnes moeurs, et relancer le débat sur la qualité de ces textes qui flirtent avec le scandaleux pour mieux se vendre. L’occasion pour CT, sans juger ni préjuger, en marge des passions et clivages qu’ils suscitent, d’interroger ces textes à problème qui se posent en fil rouge de la musique camerounaise depuis deux décennies maintenant. De ses ressorts à l’impact social qu’il génère, le décryptage d’un phénomène qui va bien audelà de l’artistique.

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