Opération Epervier. OPERATION EPERVIER AU CAMEROUN: la justice pour casser de l’adversaire

Mahorou KANAZOE | Le Pays Jeudi le 19 Juillet 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’était une ambiance plutôt curieuse, pour un procès censé juger des voleurs de la République. L’entrée de l’ex-secrétaire général de la présidence de la république camerounaise, Marafa Hamidou Yaya, dans le palais de justice de Mfoundi, a été triomphale, comme si l’on avait affaire à un meeting. Le caractère politique de ce procès ne souffre donc pas de doute.

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Du reste, tous ceux qui attendaient un dénouement rapide des affaires liées à l’opération épervier et l’éclosion enfin de la vérité en sont pour leurs frais. Les procédures judiciaires continuent de traîner, avec le renvoi du procès d’un autre ex-dignitaire du régime, Titus Edzoa. Le président camerounais a beau clamer le caractère purement judiciaire de l’Opération épervier, on se rend compte au fil du temps de la réalité des faits. Cette opération a certes pris des gros poissons dans ses filets mais, il se trouve qu’il s’agit essentiellement d’hommes politiques ambitieux et prêts à faire de l’ombre au tout-puissant maître du Cameroun.

Ainsi est-il de Marafa Hamidou Yaya, qui a eu le malheur de suggérer à Paul Biya de renoncer à une nouvelle candidature en 2011. Il avait en tête, bien sûr, de présenter sa propre candidature à l’élection présidentielle, convaincu que son heure avait sonné. La suite, on la connaît. Il médite son sort dans une geôle de Yaoundé, avec à la clé des accusations de détournement de fonds. Si les ambitions présidentielles de Yaya sont légitimes, il reste que sa trop longue collaboration avec Paul Biya fait de lui un suspect idéal. C’est un homme facile à abattre, du fait d’avoir barboté dans un régime aux pratiques corruptrices connues de tous. Yaya et Biya sont donc des caïmans d’un même marigot.

Même si son mea culpa est réel, il est bien tardif. Le drame en effet des intellectuels et hauts cadres africains est là. Face aux régimes dictatoriaux, ils ne sont pas toujours capables d’opposer une neutralité stricte, à défaut d’une opposition intransigeante. Ils optent pour la solution de la facilité, celle de composer avec les princes du jour, quitte à devoir chaque jour avaler des couleuvres. Le réveil est généralement douloureux. La moindre tentative de remettre en cause le système en place, dans une sorte de rédemption, est sévèrement réprimée. Le régime camerounais, comme bien d’autres sur le continent, manie à merveille cette façon de mettre sous l’éteignoir les anciens collaborateurs trop ambitieux.

Car, le danger pour un régime totalitaire vient surtout de l’intérieur, d’autant que l’opposition est souvent réduite à sa plus simple expression. Marafa Hamidou Yaya et bien d’autres ex-dirigeants camerounais goûteront aux rigueurs des geôles tant qu’ils s’aviseront de lorgner le fauteuil de Paul Biya. Car, malheureusement, la justice qui aurait pu les sauver reste encore maintenue sous les fourches caudines du pouvoir.
 

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