Cameroun - Emploi. Photographie: Un métier qui ne nourrit plus son homme

Linda Mbiapa | La Nouvelle Expression Mardi le 03 Novembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La profession jadis prospère, est menacée de disparition par les nouvelles technologies.

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Ils ont perdu tout espoir. La mine triste. Le visage défait. Un appareil photo accroché autour du cou à l’affût d’un éventuel client, ils sont totalement abattus. Ce sont des photographes rencontrés dans les jardins au lieu-dit Douche à Douala. Lundi 2 novembre 2015, nous y étions  en mi-journée. Les lieux étaient quasi déserts. Seuls ces photographes s’y trouvaient. Point de clients à l’horizon. A la question de savoir s’ils sont au parfum d’une journée à eux dédiée, les concernés sont surpris. L’œil hagard, ils répondent : «le métier de photographe n’est pas reconnu au Cameroun. Les benskinneurs qui sont venus derrière nous exercent un métier reconnu par le Chef de l’Etat, d’autant plus qu’ils ont des syndicats solides », lancent nos vis-à-vis qui poursuivent : « jadis nous vivions de notre métier. Nous parvenions alors à joindre les deux bouts. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les nouvelles technologies et les laborantins ont tué ce métier. En plus, notre profession n’est pas organisée. Il y   règne un désordre total ». Les compatriotes se plaignent également de la non existence des badges qui différencient les professionnels des amateurs. « De nos jours, il suffit d’avoir un téléphone androïd, de prendre des images et de se rendre dans un laboratoire pour tirer les photographies. Or, si on avait les cartes, le laborantin saura faire la différence et fixer les prix en fonction de l’usager. Nous pouvons vous certifier qu’à ce jour, la photo pour nous c’est une sorte de maintien afin d’éviter d’être oisif », soutiennent les plaignants.

Ces derniers souhaitent que le Gouvernement camerounais structure le secteur, mette en place des agents de contrôle afin de rehausser l’image de ce métier. « N’importe qui filme, n’importe qui est invité à des événements et prétend être photographe. Sur quelle base ? Nous ne saurions vous le dire. Si les décideurs publics y mettent du leur, nous sommes prêts à débourser de l’argent, qu’importe le coût, pour nous régulariser et être respectés », concluent ces citoyens qui gardent espoir en un avenir radieux. Surtout que Issa Tchiroma Bakary, Ministre camerounais de la Communication a, lui-même, reconnu qu’il faille sortir de l’amateurisme au sujet de la photographie. D’après l’autorité, la journée dédiée à la photographie qui se célèbre dès ce mardi 3 novembre, jusqu’au 7 novembre prochain, vaut son pesant d’or, car « le métier des chasseurs d’image est de nos jours  au centre de toutes les plateformes de la communication. Que ce soit à la télévision, dans les livres, en presse écrite, sur internet, on a besoin des images pour les illustrations. La photographie est un art qui reste et demeure inexploité au Cameroun », a-t-il noté des jours plus tôt lors d’un point de presse qu’a donné la Ligue des photographes camerounais (Liphoc) à Yaoundé.

 

Réadaptation

 

Les photographes professionnels font face, depuis une quinzaine d’années, à des changements importants liés à la diffusion des nouvelles technologies numériques, qui ont redéfini les pratiques de toute une profession. La mutation des conditions de création, de production et de diffusion de la photographie s’est traduite par une dérégulation du marché de la photographie et par une fragilisation du cadre juridique qui garantissait auparavant les revenus des photographes. Dorénavant, il urge de s’adapter aux innovations technologiques, à la concurrence de la photographie en amateur par exemple. Ce qui ne saurait passer sans une formation professionnelle continue et la protection du droit du photographe auteur. Bon à savoir : un photographe est celui-là qui réalise sur commande des clichés, en numérique ou en argentique, pour la presse, la publicité, la mode… S’il travaille sur ses propres projets, il tente de vendre ses images aux éditeurs, aux magazines, dans les galeries, etc. Il peut aussi exercer comme photographe de mariage ou portraitiste… Quelle que soit sa spécialité, le photographe débutant doit s’accrocher pour vivre de son art. Les débouchés dans l’industrie photographique sont en revanche plus accessibles (retoucheur numérique…). Mais la technique prime alors sur la créativité.

Linda Mbiapa, Stg

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