Cameroun - France. Présence de l'armée française: assiste-t-on à un début de bras de fer entre la France et le Cameroun?

Flore Honga | Le Soir Lundi le 09 Décembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C'est suite aux attaques perpétrées par les rebelles Centrafricains dans la région de l'Est, des attaques qui ont causé des pertes en vies humaines, tant chez les populations civiles que dans les rangs de l'armée régulière, que le gouvernement camerounais a tenu, à renforcer la sécurité des biens et des personnes dans cette zone du pays, en demandant le renfort des soldats français.

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 Profitant donc du climat d'insécurité et de peur qui prévalent aujourd'hui aussi bien dans la région de l'Est, que dans la partie septentrionale du pays, des hauts gradés de l'armée française auraient, de source digne de foi, émis le vœu, de créer une base militaire, soit à l'Est, soit dans l'Extrême-nord du Cameroun. Les incursions récurrentes sur le territoire camerounais des membres de la secte Boko Haram (Kidnapping de la famille Moulin-fournie,- et du prêtre Georges Vandenbeusch) ainsi que les soubresauts de la Séléka à l'Est, semblent plus que jamais donner rai¬son si ceux qui ont de tout temps, décrié la porosité des frontières camerounaises. En sollicitant donc l'intervention des soldats français, à l'effet de parer aux éventuelles attaques des rebelles et autres terroristes des pays voisins, le Cameroun n'avoue-t-il pas sous cape l'incompétence ou la faiblesse de l'armée régulière? Pour ce qui est de la promptitude de l'intervention des soldats français, elle trouve son justificatif dans les accords de défense signés entre les deux États. Car, de 1958 et 2004, parmi les différents accords de partenariats signés entre la République française et la République du Cameroun, figure en pole position, un accord (secret) de défense. Cependant, la concomitance des événements dans l'Extrême-nord, (enlèvement d'un prêtre Français) et dans la région de l'Est, suscite juste titre quelques interrogations.

Et, certains observateurs de la scène politique camerounaise d'y voir la volonté hégémonique de la mère patrie», qui cache mal son malaise depuis 2011. Date à laquelle, Paul Biya, dans son dis¬cours de fin d'année à la nation, pointa un doigt accusateur vers les pays du Nord. Pour une première, le Chef de l'Etat reconnaissait qu'au rang des difficultés que rencontrait la relance économique en Afrique, figurait en bonne place, l'inégalité des termes de l'échange. «Les problèmes du inonde occidental, et en particulier celui des dettes souveraines, ont pris le pas sur ceux des pays en développement. Il en ressort que nous devrons de plus en plus compter sur nos propres efforts, nous inspirer de l'expérience des pays émergents (...) Nous continuerons ci développer nos rapports avec la chine, qui devient pour nous un partenaire majeur, et tout autre pays ou grand groupe qui voudraient bien s'associer avec nous, pour participer à la mise en œuvre de nos grands projets». Des propos, qui traduisaient à suffisance, la volonté du Chef de l'Etat, de s'affranchir de la tutelle économique de l'occident. Preuve sera établie quelques mois plus tard, avec la participation effective de la Chine dans les grands projets structurants. Construction du barrage de Lom Pangar par la CWE (China international water and electric corporation), la CHEC (China Harbour engineering) pour ce qui est de la construction du port en eau profonde de Kribi, le barrage hydro-électricité de Memve'ele en cours de réalisation par Sinohydro etc... Dans la foulée, la société nationale des hydrocarbures (SNH) annonçait en juillet 2012, la découverte d'un gisement de pétrole dans l'Extrême-nord.

Une équipe mixte composée d'experts chinois et camerounais, séjournèrent à cet effet à Kousseri. Au terme de cette expédition, il fut accordé à la compagnie pétrolière chinoise Yan Chang Logone Development, de lancer une campagne sismique sur le bloc de Makary. Hormis cette incursion chinoise, dans un domaine qui jusque-là, était la chasse gardée des puissances occidentales, on peut en outre citer, la visite des experts en armements et autres hauts gradés chinois au Cameroun. Visite qui aurait abouti, il en croire nos sources, à des accords militaires entre le Cameroun et l'empire du milieu. Il convient de souligner, que la Chine a de tout temps exprimer le désir d'accompagner le Cameroun dans son émergence à l'horizon 2035. Et à ce sujet, la fondation américaine Héritage, dans une enquête menée sur les investissements chinois dans le monde, classe le Cameroun au 10ème rang: avec un volume de contributions estimé à 2300 milliards de F CFA reparties dans le secteur des transports, de l'énergie, de l'agriculture etc... Les derniers contrats cités supra, notamment le partenariat de la SNH avec une compagnie pétrolière chinoise quant à l'exploitation des gisements pétroliers découverts dans l'Extrême-nord, de même que la volonté manifestée par la Chine de doter l'armée camerounaise des armes modernes, seraient-ils la goutte d'eau qui a fait déborder le vase?

Toutefois, il se dit dans les salons huppés de la métropole économique, suite à l'attribution de la construction du second pont sur le Wouri au groupe français SagemSatom, à hauteur de 125 milliards de F CFA et non plus à une entre¬prise chinoise qui n'en demandait que la moitié, que la «mère patrie» va coûte que vaille, «redresser, la barre et reprendre le contrôle du navire». Elle, qui ne cache plus son irritation devant l'intérêt de plus en plus manifeste des chinois sur le continent en général, et sur le Cameroun en particulier. Parallèlement, les atermoiements des pouvoirs publics, qui, à la suite de l'Union européenne, ont émis des réserves sur la fiabilité de l'expertise chinoise et sa capacité de construire l'autoroute Douala -Yaoundé, ne sont-ils pas un début d'abdication du régime de Yaoundé? Paul Biya aura-t-il le courage suffisant pour appliquer le «patriotisme économique», qu'il brandissait fièrement en 2011? Le Cameroun va-t-il concéder à l'armée française la création d'une base militaire dans les régions de l'Extrême nord et/ou de l'Est, tel qu'il se susurre dans les milieux diplomatiques?

Une chose serait désormais sûre. Avec l'insécurité accentuée dans l'Extrême-nord et à l'Est du pays, on ne dort plus à poings fermés au palais d'Etoudi.

 

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