Opération Epervier. Procès Olanguena : la bulle de l’accusation se dégonfle

Claude Tadjon | Le Jour Jeudi le 22 Mars 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le dernier coup a été porté jeudi 15 mars par la Cour suprême, qui a annulé trois infractions sur cinq contre l’ex-ministre de la Santé.

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Tout part d’un rapport accablant du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) sur des malversations financières présumées au ministère de la Santé publique. Les chiffres donnent le tournis.

Le rapport impute en effet une distraction de sommes de l’ordre de 14,8 milliards de FCfa à l’ex-ministre Urbain Olanguena Awono et ses collaborateurs, parmi lesquels le Dr Maurice Fezeu, ex-secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le Sida, le Dr Raphaël Thérèse Okalla, ex-secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le paludisme, le Dr Hubert Wang, ex-secrétaire permanent du Comité national de lutte contre la tuberculose et Dr Rose Chia Banfegha, ex-coordonnatrice provinciale de lutte contre le Sida dans le Sud-Ouest. En tout, 14 personnes sont visées. On reproche à titre personnel à l’ex-Minsanté la distraction de 8,5 milliards de FCfa.

8,5 milliards de FCfa



Destinataire du rapport du Consupe, le chef de l’Etat décide de le transmettre à Amadou Ali, qui officie alors comme vice-Premier ministre chargé de la Justice. Celui-ci saisit le parquet près le tribunal de Grande instance du Mfoundi. L’impulsion de cette procédure, redoutée par les gestionnaires de la fortune publique, est le déclenchement de l’impitoyable machine de la répression judiciaire. Le procureur de la République confie le dossier au directeur de la police Judiciaire, poste alors occupé par le commissaire divisionnaire Ateba Onguéné.



La suite est une descente aux enfers, ponctuée d’humiliations, de quolibets... Le 31 mars 2008, Urbain Olanguena Awono est interpellé à son domicile au quartier Emana à Yaoundé, de bonne heure, par des policiers du Groupement spécial d’opérations (Gso) avant d’être conduit à la Direction de la police Judiciaire (Dpj). Ses collaborateurs subissent le même sort. La télévision nationale, Crtv, dans la foulée de la théâtralisation de ces interpellations, filme et diffuse ce qui tient lieu de couchette à M. Olanguena dans sa cellule. Mais le petit écran montre surtout le regard anxieux et tourmenté de l’ex-ministre captif.



L’enquête préliminaire menée à la sous-direction des Enquêtes économiques de la Dpj, sous la houlette du commissaire divisionnaire Benjamin Ntonga, accouche d’un rapport sévère. Le faisceau de soupçons de détournements est maintenu. Au terme de leur garde à vue, Urbain Olanguena Awono et Cie sont présentés au procureur de la République, qui n’entend pas leurs dénégations. Son réquisitoire introductif est accablant. Le juge d’instruction, Daniel Donhou, l’entérine et inculpe l’ex-Minsanté et Cie. Au total, 11 chefs d'inculpation sont retenus à l'ouverture de l'information judiciaire.



Le Parquet général débouté

A la fin de l’information judiciaire, des chefs d’inculpation tombent. Le juge d’instruction est contraint d’en abandonner certaines. M. Olanguena est renvoyé devant le tribunal pour cinq chefs d’accusation : le détournement de la somme de 200 millions FCfa au travers du protocole signé avec l'Association camerounaise de marketing social (Acms), en violation de la réglementation sur les marchés publics ; la tentative de détournement de la somme de 60 millions FCfa dans le cadre de la signature dudit protocole d’accord ; le détournement de la somme de 122 millions FCfa au travers du marché de fourniture du matériel de sensibilisation (dépliants) aux Ong ; le détournement de la somme de 11,190 millions FCfa liée au financement de la production du livre « Le sida en terre d'Afrique, l'audace des ruptures » et le détournement de la somme de 80,864 millions FCfa relative à un marché (fictif ?) attribué à la société Vision sarl.



La défense ne s’en émeut pas et lance la riposte. Elle soutient que l’accusé n’a jamais été informé de certaines charges et saisit la cour d’Appel. Les poursuites pour trois charges sont déclarées illégales et les accusations y relatives annulées. La cour indique, en substance, que le juge d’instruction a violé des dispositions du Code de procédure pénale. Le Parquet général près la cour d’Appel du Centre contre-attaque et fait un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Jeudi 15 mars dernier, le Parquet général a été débouté. La Cour suprême a confirmé l’arrêt de la cour d’Appel.



Urbain Olanguena n’a pas pu contenir sa joie. Il a jubilé ! Le rythme avec lequel la bulle de l’accusation se dégonfle le lui permet. Reste qu’il doit néanmoins s’expliquer sur deux chefs d’accusation : le détournement présumé de la somme de 11,190 millions FCfa liée au financement de la production de son livre paru en 2007 aux éditions Privat en France et la complicité de détournement de la somme de 80,864 millions FCfa. Il est suspecté d’avoir facilité le paiement d’un marché (fictif ?) de moustiquaires attribué à la société Vision Sarl, dont le promoteur, Soue Mbella, est en fuite après évasion. Soit un total de 91 millions FCfa. Ces chefs d’accusations laissent toujours planer le spectre de la prison à vie, au regard du code pénal. La récusation des juges du Tgi jusqu’ici en charge de ce dossier et la désignation de nouveaux, autre victoire de M. Olanguena, peut être pour lui un légitime motif d’espoir.

 

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