Cameroun - Diaspora. Promesse manquée: Comment Paul Biya a jonglé la diaspora

Edmond Kamguia K. | La Nouvelle Expression Mercredi le 30 Décembre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Lors d’une visite officielle en France en juillet 2009, le président Paul Biya avait promis de faire examiner et de trouver des solutions aux principales doléances de la diaspora. Si le droit de vote est un acquis depuis 2011, la double nationalité n’est toujours pas reconnue.

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En visite officielle en France en juillet 2009, le président Paul Biya avait non seulement demandé à la diaspora camerounaise de France, et à travers elle à  tous les compatriotes de l'étranger de mettre leurs compétences au service de leur pays, mais il avait aussi  fait des promesses : « Je sais qu'il y a dans nos communautés de l'étranger des « trésors » de compétence et de dévouement qui restent inexploités. Aujourd'hui encore, je vous réitère cet appel. Car votre contribution est déterminante pour la mise en œuvre de notre politique des Grandes Réalisations(…).  Comme vous le dites vous-mêmes, vous êtes une diaspora de progrès. Pour ma part, je n'en ai jamais douté (…). Je prends bonne note de (vos doléances) et de celles que vous venez de me soumettre, par la voix de votre Représentant, au cours de la présente rencontre. Soyez assurés que j'y accorde tout mon intérêt et ne manquerai pas d'y apporter des solutions en temps opportun »,  avait déclaré  Paul Biya.

 

Double nationalité : un serpent de mer ?

 

Deux importantes promesses avaient été retenues : le droit de vote pour les Camerounais  de l’étranger et la résolution du problème de la double nationalité.  Le 13 juillet 2011, Paul Biya promulguait  la loi relative au vote des citoyens camerounais établis ou résidant l'étranger. C’est ainsi que  lors de l'élection présidentielle du 9 octobre 2011, les Camerounais de l’étranger ont pu exercer  pour la première fois leur droit de vote. Mais ce ne fut que pour une partie des Camerounais, car beaucoup ayant la double nationalité ou  ayant acquis une autre nationalité – belge, française, suisse, allemande, italienne, anglaise,  etc. - ne pouvaient en principe  pas participer à  cette  élection présidentielle.  C’est pourquoi la question  de la double nationalité  ne cesse de resurgir.   Certaines sources  font  de ce que les Camerounais qui ont acquis une autre nationalité représentent au moins  80% des camerounais de la diaspora.  

 

Le 1er février 2013, le Président Paul Biya est à Paris,  en France. Mais, il esquive  les compatriotes en  laissant  au Ministre des Relations extérieures   de l’époque,  Pierre Moukoko Mbonjo, le soin de répondre  aux questions de la diaspora.  La promesse non réalisée  de  la reconnaissance de la  double nationalité est encore sur la table. Ainsi qu’une nouvelle revendication. Celle  de « pouvoir disposer des structures gouvernementales dédiées à la gestion de leurs préoccupations (...) comme c'est le cas des diasporas d'autres pays». La diaspora  camerounaise souhaitait alors que le Cameroun prenne les  exemples du Mali et du Sénégal qui disposaient  d’un  Ministère des Maliens de l'extérieur et de l'Intégration africaine et d’un Ministère des Sénégalais de l'extérieur.   

 

Créer un  dispositif institutionnel  approprié

 

Au lieu de résoudre  la question de la double nationalité ou au moins de créer  un véritable ministère  des Camerounais de l’Extérieur, la diaspora  a appris avec étonnement   la création, au Ministère des Relations extérieures (Minrex),  d’une Direction des Camerounais à l'étranger, des étrangers au Cameroun, des questions migratoires et des réfugiés.  Une Direction chargée  de la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière de gestion, promotion et protection sociale et juridique des Camerounais à l'étranger, du suivi et de l'élaboration des politiques et stratégies en vue de la participation des Camerounais de l'étranger au développement politique, économique et social du pays, en collaboration avec les autres administrations concernées.

 

Cette  solution bureaucratique  et non opérationnelle  ne correspond pas aux attentes de la diaspora  qui revient  à la charge en insistant  uniquement sur la reconnaissance de la double nationalité. Paul Biya  a-t-il peur de la diaspora camerounaise ? Pourquoi ne pas réviser la loi sur la nationalité et permettre à ceux qui possèdent  la double nationalité d’exercer aussi officiellement leur droit de vote ? Comment  Paul Biya veut-il compter sur une diaspora camerounaise qui n’a ni  les facilités juridiques nécessaires pour donner le meilleur de lui-même ni un dispositif institutionnel  approprié  créé et mis en place  pour  son information et son accompagnement ?  

 

Vivement un grand débat national

Disponibilité et  diffusion permanentes de l'information dans les domaines économique, social,  culturel et commercial;  des mesures incitatives spécifiques en faveur de la diaspora;  une plus grande reconnaissance des aptitudes et compétences intellectuelles, scientifiques et techniques de la diaspora  à contribuer au développement du Cameroun.  Le Cameroun, qui veut émerger  en 2035, fait encore partie des rares  pays africains qui ne reconnaissent pas la double nationalité.  Un autre débat reste d’actualité. Celui   de  la possibilité pour les détenteurs d’une double nationalité  à occuper  ou non certains postes de responsabilité au sein des institutions  étatiques ou la possibilité à accéder ou non  à la fonction de président de la République ! Vivement un grand débat national sur la double nationalité au Cameroun.  

 

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