Présidentielle 2011. Promesses électorales : Paul Biya face au défi des “grandes réalisations”

A. Mbog Pibasso | La Nouvelle Expression Vendredi le 11 Novembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La formation du nouveau gouvernement est attendue par les Camerounais qui souhaitent que le chef de l’Etat passe des paroles à l’acte pour que se concrétise la politique des « Grandes réalisations ».

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Déjà, un mois nous sépare de l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 et trois semaines après la proclamation officielles des résultats par le Conseil constitutionnel qui a déclaré Paul Biya vainqueur avec 77,9 %. Chiffres éloquents, s’il en est, qui donnent une bonne marge de manœuvres au chef de l’Etat, pour le choix des hommes et des femmes qui devraient l’accompagner dans son ambitieux projet de faire du Cameroun une économie émergente au cours des vingt-cinq prochaines années.

Une semaine après la prestation de serment devant la représentation nationale par le président nouvellement réélu, l’on attend toujours une fumée blanche qui viendrait d’Etoudi, le siège des institutions républicaines, matérialisant la mise en œuvre « des grandes réalisations ».S’il est vrai que le président de la République connaît mieux que quiconque l’agenda politique du pays, de même qu’il en a la maîtrise du timing des principaux événements socio-économiques qui rythment la vie de la Nation, il convient de dire cependant que les Camerounais attendent du président de la République nouvellement investi dans ses fonctions, des actions fortes qui viendraient trancher avec les beaux discours.

D’autant que le mois de janvier fixé par Paul Biya en personne comme date de l’implémentation des « grandes réalisations » où le « Cameroun sera transformé un immense chantier » pointe déjà à l’horizon. Dans ce contexte, le Cameroun qui se veut une démocratie devrait intégrer les aspects de la gouvernance moderne dans la gestion de la cité. Et c’est tout naturellement que l’on se serait attendu que ne serait-ce que pour les usages républicains, que le Premier ministre commence par rendre son tablier, et celui de l’ensemble du gouvernement, à charge pour président de la République de le reconduire. Au-delà d’une aversion publique à « l’ingérence » étrangère, il est important que les gouvernants copient ce qui se fait sous d’autres cieux, et ne s’enferment pas toujours quand cela les arrange, dans des considérations brumeuses du genre « le Cameroun, c’est le Cameroun ». Personne ne dit d’ailleurs le contraire.

Se mettre dans l’étoffe du nouveau président

En réalité, sans vouloir imposer un timing au chef de l’Etat, notamment pour ce qui est du choix de ses collaborateurs, le président de la République gagnerait à procéder le plus rapidement possible à la redistribution de cartes dans la haute administration. Et le premier acte à travers lequel ses compatriotes entendent le juger après de fortes promesses multipliées ces derniers temps selon lesquelles « rien ne sera plus comme avant », c’est bien au sujet de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. Il est question pour Paul Biya de donner le ton, d’imprimer le rythme et la cadence de ce qui sera le septennat des « grandes réalisations ».

Oui, Paul Biya doit faire bouger des habitudes, comme il a promis, et ses compatriotes attendent et épient ses moindres gestes, y compris son mutisme. Parce que l’on est au sortir d’une élection présidentielle qui met face à face, une personne et ses concitoyens, le président nouvellement reconduit à la tête du pays a intérêt à se considérer comme « nouveau », c’est-à-dire, qu’il essaie, autant que faire se peut, « d’oublier » qu’il est un ancien qui comptabilise vingt-neuf années de magistrature suprême. Il est important pour lui qu’il se considère comme élu pour un septennat pendant lequel, il doit produire les résultats. En voulant se considérer comme président en fonction depuis des années, Paul Biya court le risque de tomber dans l’immobilisme. Une inertie qu’il a tout le temps décriée, mais, qui manifestement est incrustée dans les mœurs, et dont seules les actions fortes venant du sommet de l’Etat permettraient de faire bouger les lignes.

Du coup, la formation d’un gouvernement apparait comme une urgence d’autant que la longue attente dans laquelle l’on se trouve depuis la prestation de serment du chef de l’Etat accentue l’immobilisme dans l’administration. Les ministres en fonction et ceux des Camerounais qui aspirent à entrer au gouvernement passent le clair de leur temps actuellement pour un poste au gouvernement qu’à travailler pour leur pays. Nonobstant le principe de la continuité de l’administration, nombre d’observateurs et d’analystes politiques soutiennent d’ailleurs qu’il aurait été plus convenable que les nouveaux ministres défendent eux-mêmes le budget de leurs départements ministériels respectifs, en ce moment où l’Assemblée nationale est réunie en troisième session ordinaire annuelle essentiellement consacrée à l’examen et au vote de la loi des finances pour le prochain exercice.

Chemin de croix

Par ailleurs, le chef de l’Etat qui sait qu’il est seul, l’élu du peuple, devrait se départir de certaines considérations partisanes et égoïstes. Il devrait éviter de tomber dans le piège de l’élite politique, qu’elle soit du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), que des alliés, chacun voulant montrer au chef qu’il a le plus contribué pour sa réélection.

C’est dire qu’au-delà des manipulations et des crocs en jambe qui se multiplient dans la haute administration, Paul Biya doit en son âme et conscience, choisir des Camerounais compétents et intègres afin de l’accompagner dans la matérialisation des « grandes réalisations », le programme de société que le chef de l’Etat propose à ses compatriotes au cours de sept prochaines années. Solennellement a promis le président de la république, « les grandes ambitions d’hier vont devenir les grandes réalisations. A partir de janvier 2012, le Cameroun sera transformé en un immense chantier ».

Les Camerounais attendent. Il faut agir vite Monsieur le Président. Car, au-delà des sempiternelles louanges de vos collaborateurs, vous savez mieux que quiconque que c’est votre action et non la leur que vos compatriotes jugeront. Vous qui nourrissez l’ambition de rentrer dans l’histoire comme celui qui a « apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun », avez intérêt à mouiller véritablement le maillot pour réaliser cette noble ambition. Raison pour laquelle, le septennat des « grandes réalisations » sera certainement votre mandat le plus difficile. Mais peut-être que des actions fortes en ce début de septennat, vous permettront de faciliter autant soit peut, d’accomplir votre chemin de croix avec moins de douleur.

 

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