Cameroun - Politique. RDPC MFOUNDI II : Luc Assamba et Ngah Koumda à couteaux tirés

Jean François CHANNON | Le Messager Vendredi le 12 Mai 2017 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les deux hauts cadres du parti au pouvoir s’affrontent férocement depuis des mois, avec pour finalité essentielle leur positionnement en vue des prochaines consultations électorales des législatives et municipales. Evocations.

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1- Rancoeurs et ambitions

Luc Assamba est le maire de la Commune urbaine de Yaoundé 2ème. Ce fils de la grande famille Tsinga de Yaoundé est également le président de la section Rdpc Mfoundi II. Considéré comme le chef politique de cet important arrondissement de la capitale camerounaise, il a pratiquement le soutien des principaux élus et acteurs politiques de cette base du Rassemblement démocratique du peuple du Cameroun, tel que le très influent député Rdpc du Mfoundi II, Paul-Eric Djomgoué. Du moins jusqu’à ce que l’on enregistre des remous post-électoraux lors des derniers renouvellements des bureaux des organes de base du « Parti du flambeau ardent » dans le  Mfoundi II.

On se souvient alors qu’un autre tandem dirigé par le nommé Mamouda Ali, élite de la communauté haoussa du quartier Briqueterie, militant de toujours du Rdpc et ancien premier adjoint au maire de Yaoundé 2ème avait organisé une fronde contre le président de la section Rdpc du Mfoundi II, nouvellement réélu. Mamouda Ali, subséquemment soutenu par l’ex député de la Lékié, l’honorable Jean Marie Ngah Koumda, qui avait réorienté son militantisme au niveau du Mfoundi II où il est établi depuis de nombreuses années, avait décidé d’en découdre avec le maire-président Luc Assamba. Il s’en était suivi des affrontements redoutables entre militants Rdpc du Mfoundi II, au point où l’arbitrage du Comité central avait été sollicité.

A l’issue des conciliabules tenues au Palais des congrès où le Rdpc avait alors son siège, les décideurs du Comité central ont imposé un consensus qui commandait d’intégrer les partisans des deux factions au sein du bureau de la section du Mfoundi II. Mamounda Ali avait donc été admis comme vice-président de la section du Mfoundi II, dans ce bureau recomposé et validé au Comité central. Tout comme l’honorable Ngah Koumda avait bénéficié du poste de trésorier de la section Rdpc du Mfoundi II.

2-Une paix apparente

Si la paix avait été imposée entre les protagonistes dans la section Rdpc du Mfoundi II, il est évident que ce ne fut qu’une paix apparente. Ceci parce que de manière ostentatoire, le clan de Mamouda Ali n’a pas manqué d’afficher ses ambitions politiques pour les futures échéances locales, à savoir les municipales et les législatives de 2018. C’est ainsi qu’une certaine opinion prête à tort ou à raison à Mamouda Ali et Jean-Marie Ngah Koumda, les ambitions respectives de conquérir la mairie de Yaoundé 2ème et le siège de député du Mfoundi II.

Du coup la tension est montée au sein de la section, comme le raconte un cadre approché  par Le Messager : « On sait désormais que le duo Mamouda Ali-Ngah Koumda veut détrôner celui d’en face, à savoir le duo Luc Assamba-Paul et Eric Djomgoué. La collaboration est devenue difficile entre les deux groupes. Notamment par le fait qu’on remarque que Assamba est toujours sur la défensive et va très souvent jusqu’à affronter son trésorier Ngah Koumda. On a le sentiment qu’ici dans le Mfoundi II, les hostilités peuvent dégénérer à tout moment. Tout le monde est sur le qui-vive ».

Ces  derniers jours, la tension semble avoir atteint son paroxysme lorsque Luc Assamba a infligé le 3 avril 2017 à l’honorable Ngah Koumda une demande d’explication. Le chef politique du Rdpc du Mfoundi II demandait alors à son trésorier de s’expliquer sur bien de choses graves ; entre autres sur ses attitudes qualifiées de « désinvoltes » par certains cadres et militants, précisément sur le fait qu’il soit arrivé en retard lors des festivités marquant la célébration de l’anniversaire du parti au pouvoir le 24 mars 2017, sa propension à interférer dans certaines bases du parti et à distribuer de l’argent lors des meetings. Mais aussi le fait qu’il se montre évanescent pendant les activités du parti dans la section du Mfoundi II.

3-Ngah Koumba se lâche…

Il a suffi de cela pour soulever l’ire de l’ancien député Rdpc de la Lékié. Dans une correspondance au vitriol, dont Le Messager a pu obtenir la copie auprès des cadres Rdpc du Mfoundi II, Jean Marie Ngah Koumda se lâche. Parlant de son absence permanente aux activités du parti, il contreattaque : « Après notre installation par la commission départementale, j’ai pris l’initiative de vous demander une rencontre à Djeuga Palace avec le vice-président (Il s’agit de Mamouda Ali Ndlr) et le conseiller député (Djomgoué Paul Eric Ndlr).

Au  terme de notre discussion, je vous ai proposé de m’installer pour me permettre de travailler sereinement au bureau dans la maison du parti de Nkomkana. Vous avez rejeté ma demande en déclarant ce qui suit : « la mairie est réservée aux autochtones, et la députation aux ressortissants de l’Ouest. » Et les militants alors ? Avais-je rétorqué. (…)Vous avez conclu que je ne suis pas la seule personne à être confrontée à cette difficulté (…) Bien plus, je vous ai suggéré que chaque fois qu’il y aura une réunion, il conviendrait que nous préparions ensemble l’ordre du jour. Vous l’avez pris comme une provocation et avez rejeté mon offre ».

L’ancien député de la Lékié, Ngah Koumba, prolonge son propos en rappelant au président Luc Assamba que lors des réunions qui ont suivi, « les membres de votre branche m’ont agressé verbalement, vous êtes resté muet. » Avant de poursuivre de manière encore plus acerbe : « Votre attitude complice devant cet acte justifiait les accusations que vous avez répandues comme une trainée de poudre à toutes les élites du Mfoundi, comme quoi je vous aurais porté plainte au Tcs. »

Pour se résumer dans cette réponse à la demande d’explication qui lui a été infligée par le président de la section, le trésorier de la dite section indique qu’à chaque fois qu’il y a une manifestation politique à Yaoundé 2ème, le protocole de Luc Assamba a toujours volontairement oublié de réserver une place au trésorier de la section qu’il est. Et qu’il n’a jamais reçu un centime des fonds de la section. Tout comme il dit ne pas comprendre que le président de la section lui reproche de distribuer de l’argent lors des meetings, « alors qu’il s’agit d’une fête ».

La réponse à la demande d’explication du président de section Rdpc du Mfoundi II est plus que cinglante dans sa chute : « S’agissant des interférences au niveau des comités de base, Monsieur le président, inutile de vous rappeler que je suis militant du parti avant d’être trésorier. En tant que militant dois-je refuser une invitation venant de la base ? Nous avons l’obligation d’encadre cette base. (…) Je suis également surpris par la méthode de tenir les ampliations de vos correspondances au sous-préfet et autres services de renseignements. Est-ce nécessaire ? Est-il important de créer ainsi de milliers de poches d’intimidations et  d’alliés? »

Joint au téléphone un cadre proche de M. Luc Assamba préfère ignorer cette réplique de l’ancien député Rdpc de la Lékié. « L’honorable Ngah Koumda est victime de son agitation. Il vient d’intégrer la section. Mais il veut écraser tout le monde sur son passage. Y compris le président de la section, et le député qu’il veut absolument remplacer à la prochaine législature dans le Mfoundi II. Cela n’est pas acceptable. Il doit commencer par faire ses preuves ». Chaud devant !


 

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