Cameroun - Politique. RDPC.Réconciliation en trompe l’oeil à Zoétélé

Gérard ABEGA | Sans Détour Jeudi le 18 Février 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les installations des responsables nouvellement élus à leurs têtes prolongent depuis quelques temps le processus de renouvellement des organes dirigeants du parti au pouvoir, sur fond de questionnement sur le sens de cette activité et la légitimité des installateurs et des installés.

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Le tour revient aux bureaux des soussections, après ceux des comités de base, installés par les présidents des sections, en attendant qu’ils soient à leur tour installés par les présidents des commissions régionales de coordination. Mais de nombreux cadres du parti et d’autres observateurs s’interrogent toujours sur les textes fondateurs de cette activité. Ce d’autant plus que la vie du parti, pratiquement à l’échelle nationale, est martyrisée par les revendications ayant émaillé le renouvellement des bureaux des organes de base. De quelle légitimité disposent les présidents des sections pour procéder à ces installations ? S’interrogent de nombreux analystes qui constatent qu’il s’agit là d’un ordre pyramidal biaisé. on se serait attendu à voir les présidents de sections prioritairement installés, ce qui leur confèrerait une légitimité reconnue et acceptée de leurs collaborateurs de rang inférieur que sont les présidents de sous-sections, font remarquer les puristes de la science juridique et politique. Pour de nombreux analystes, le Rdpc met ainsi la charrue avant les boeufs, un peu comme si un gouverneur de région n’ayant pas encore pris fonction pouvait se permettre d’installer les préfets de son ressort de commandement. Et les incongruités liées à cette façon de faire crèvent l’écran. Dans la Mefou et Afamba, un président de la section s’est retrouvé avec deux bureaux qui revendiquaient chacun son élection. Et même si le débat a été tranché sur la base de la publication du journal L’action sur les bureaux déclarés élus, l’exemple a bien démontré la fragilité d’un président de section non assermenté. Dans la section Rdpc de Wouri 2, deux bureaux ojrdpc ont tenté de défiler pour le compte du même parti le 11 février dernier, à l’occasion de la fête nationale de la jeunesse, finissant ainsi de démontrer à l’opinion que la question de la légitimité des bureaux élus des organes de base du Rdpc est loin d’avoir été élaguée. A Maroua 1er, le même problème divise la classe militante, partagée entre la volonté de Grégoire owona, ci-devant secrétaire général Adjoint du Rdpc, de faire reprendre les élections et la décision de Jean Nkuété, Secrétaire général, de valider la liste déclarée élue. Nul doute que ces exemples sont loin d’être exhaustifs, au fur et à mesure que le processus va se prolonger dans cette cacophonie. nférer une envergure étatique.

Nestor DJIATOU

Un meeting de réconciliation a été organisé à la maison du parti de Zoétélé le 14 février 2016, en présence des principales élites du département, avec pour maître mot le rassemblement derrière le chef de l’Etat. Exhibition des hommes d’Etat qui manifestement a laissé les militants de base sans voix, dans le doute et la déception.


 

Elles étaient toutes là, les élites de Zoétélé, Martin Belinga Eboutou, Edgard Alain Mebe Ngo’o, Louis Paul Motaze, Jean Jacques Ndoudoudmou, et bien d’autres, réunis pour la première fois sur le même plateau depuis des lustres, et particulièrement depuis la crise ouverte au sein du Rdpc à la suite du processus de renouvellement des bureaux des organes de base.

Le prétexte était tout trouvé, la poursuite des installations des bureaux élus des soussections du Dja et Lobo 2, dont le tour revenait le 14 février 2016 à celles de Biyébé et Zoétélé-ville, après Zoétélé-village, Mengang, Mvoutessi et autres la semaine dernière. L’occasion pour tous les intervenants d’appeler à « taire les querelles et frustrations » nées du renouvellement des bureaux des organes de base. Edgard Alain Mebe Ngo’o - ministre des Transports, a insisté auprès de ses frères pour qu’ils restent soudés derrière le chef de l’Etat et les idéaux du Renouveau, afin que le Cameroun remporte de victoires nouvelles.

Pour sa part, Louis Paul Motaze a rappelé que les joutes électorales sont désormais derrière, les opérations de votes étant bouclées par le comité central, et que le moment est venu de resserrer les rangs pour la victoire du président Biya et du Rdpc. En substance, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire a demandé aux vainqueurs des élections locales à tendre la main aux vaincus, pour faire bloc derrière le président Paul Biya qui a besoin de se sentir soutenu lors des prochaines élections, a-t-il lancé.Mais il n’a pas échappé à l’assistance que c’est pratiquement au forceps que le président élu de la section a embrassé sonprédécesseur, visiblement sur instruction du ministre Motaze. il a invité la foule des militants à prendre référence sur le dernier congrès du Rdpc, au cours duquel, après avoir osé faire acte de candidature face au président réélu, René Zé Nguelé a été désigné membre du comité central sur instruction de Paul Biya luimême, alors que tout le monde pariait sur sa mort politique.

En lisant la motion de soutien qui a sanctionné le meeting, Jean Jacques Ndoudoumou a indiqué le rôle pionnier de la région du Sud dans l’appel à la candidature de Paul Biya pour un nouveau bail à la présidence de la république, lancé à Sangmélima le 16 janvier dernier, avant d’assurer au président toute la déférence et le soutien inconditionnel de la section Rdpc Dja et Lobo 2, considérée comme un fief imprenable du Rdpc. Seulement, l’absence de certaines têtes couronnées du parti dans l’arrondissement de Zoétélé n’a pas échappé aux observateurs avertis, à l’instar de celle de Remy Ze Meka ou encore de Mme Pauline Mengue Nkili, ancienne maire et ancienne présidente de la section ofrdpc, couvrant d’un vernis de réserve et de circonspection cette réconciliation tant scandée.

Déception

Bien que courue par la base militante, la cérémonie n’a pas comblé les attentes de nombreux militants mobilisés dans la maison du parti de Zoétélé, dont beaucoup espéraient entendre un mot sur un dénouement éventuel aux multiples revendications formulées par de nombreux militants, suite aux tripatouillages qui avaient émaillé le processus de renouvellement des bureaux des organes de base. Aucun mot sur ces revendications qui continuent de polluer la vie du parti au pouvoir dans la circonscription politique. Et au milieu de cette crise non résolue, l’affaire Mme Ebanga isabelle, du nom de cette militante dont le nom avait été insidieusement retiré de la liste « commune » ofrdpc du Dja et Lobo 2, et remplacé par ceux de trois femmes qui cumulent avec d’autres postes dans les sous-sections, et qui depuis plaide pour le réajustement de la liste des dirigeantes de la section au nom de l’éthique et du respect des dispositions statutaires du parti. Aperçue au milieu de bien d’autres militants, son arrivée a suscité l’attention de nombreux militants qui l’ont pratiquement acclamée. Sous les clameurs de youyous des femmes du parti qui scandaient « la mater de Way » ou « la dame de fer » à tout rompre, Mme Ebanga par sa présence et sa tenue aux couleurs du parti de son coeur, à elle toute seule, aura marqué l’évènement, au point d’être sollicitée par les femmes du bureau élu de la section pour des séances d’animation. A l’aide de son sifflet qu’elle ne quitte apparemment jamais dans les manifestations du parti, elle a été la meilleure animatrice de ce meeting, malgré l’indifférence abjecte des élites présentes. A travers la chaleur de son engagement, Mme Ebanga traduisait ainsi aux yeux de nombreux curieux, l’exemple de fidélité au parti de Paul Biya. Pourtant, beaucoup s’interrogeaient toujours sur l’apathie et le silence qui entourent toujours sa situation. on pouvait entendre les militants s’en étonner dans la salle. Selon ces commentaires bien fondés, Paul Biya avait instruit ses collaborateurs pour un examen de sa requête. Mais malgré l’instruction présidentielle, aucune mesure officielle n’est prise jusqu’à date. Même si d’aucuns rappelaient les propos de Mme Cécile Mbengono selon lesquels on lui avait demandé de se retirer de la section pour céder sa place à la courageuse dame, Mme Ebanga n’a toujours pas reçu de notification officielle sur cette décision.

Assez vraisemblable. A tout le moins, assure-t-elle avoir été contactée par des élus locaux qui voulaient s’enquérir du bien fondé de sa requête. A côté d’elle, de nombreux jeunes criaient également leur déception pour les multiples frustrations dont ils ont été victimes au cours de ces opérations de renouvellement, et dont les répercussions sont encore fréquentes dans leur quotidien. Après la cascade d’agressions sur les perdants, agressions présumées émanant du clan des vainqueurs, c’est l’ancien conseiller municipal et ancien président d’une sous-section - Mistral Georgien Zomo, qui était la cible la semaine dernière de la valse de violences que connait la classe politique de Zoétélé depuis cette échéance. En effet, dans la nuit du 9 au 10 février vers 19h, son épouse a reçu la visite inopinée de jeunes armés de machettes, qui voulaient visiblement en découdre avec lui. Constatant son absence à son domicile, ils ont menacé sa famille, promettant de revenir, non sans avoir mis à ras le champ qui jouxte la maison de l’infortuné. Suffisant pour les observateurs présents à Zoétélé le 14 février dernier pour s’interroger sur la sincérité et le sens à donner à cette réconciliation que les élites appellent de tous leurs voeux. Et un militant, manifestement déçu de s’exclamer : « voilà des gens qui demandent de soutenir Paul Biya alors qu’ils refusent d’exécuter ses propres instructions… ». Autant le dire, si le meeting de dimanche a permis à Belinga Eboutou, Mebe Ngo’o, Motaze, et Ndoudoumou de se tenir main dans la main, image qu’on n’avait plus vue à Zoétélé depuis belle lurette, il est moins sûr qu’il a rapproché les militants déchirés par les dissonances cognitives orchestrées par ces mêmes élites. Ce qui explique la circonspection avec laquelle beaucoup attendent de voir comment va se dérouler l’installation des bureaux élus de la section, et notamment celui de l’ofrdpc, qui ne compte jusqu’à ce jour que 15 membres proclamés élus par le journal du comité central contre 16 statutairement prévus.

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