Cameroun - Politique. REUNIFICATION. Le Scnc, l’Etat, et le problème anglophone

Max Mpandjo | L'indépendant infos Lundi le 03 Octobre 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’unité nationale à l’épreuve de la partition revendiquée par les activistes du Southern Cameroon national council (Scnc).

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Chaque année et à la date du 1er octobre symbolisant la réunification des deux Cameroun, les activistes du (Scnc), mouvement sécessionniste prônant la partition du Cameroun, se déploient dans les deux Régions anglophones du pays pour organiser des manifestations que les autorités du pays considèrent comme illégales. A la fin du mois de septembre dernier, une réunion du comité de direction du mouvement séparatiste a été dispersée à Bamenda par la police. Aucune arrestation, ni interpellation n’a été signalée. C’était une réunion en prélude aux manifestations que le mouvement séparatiste comptait organiser dans son fief du Nord-Ouest et du Sud- Ouest, les deux Régions anglophones du pays, le 1er octobre, date qui commémore l’indépendance du Cameroun de culture anglophone.

Depuis près de deux décennies, des ressortissants des Régions anglophones revendiquent la partition pays et le retour à la situation d’avant le 1er octobre 1961, date de la fusion du Cameroun anglophone et francophone. Cette réunification était constitutive à l’organisation du référendum qui statuait sur le rattachement de cette partie du Cameroun au Nigéria ou son maintien au Cameroun devenu une République fédérale avec deux Etats.

Toutefois, pour les partisans de la sécession, les accords du 1er octobre 1961 n’ont pas été respectés, raison pour laquelle ils accusent les francophones qui représentent les 4/5 de la population, dont 8 Régions sur 10, d’avoir ‘‘annexé’’ les anglophones qui ne joueraient que les second rôles.

A l’approche de la date de l’indépendance du Cameroun de culture anglophone, des manifestations non autorisées se tiennent dans la clandestinité, poussant les forces de maintien de l’ordre à procéder à l’interpellation des militants de la cause sécessionniste, qui se battent tant bien que mal pour hisser leur drapeau.

Mais, n’est-il pas risquant, qu’à long terme, ce dangereux jeu de cache-cache ne puisse déboucher sur un douloureux inconnu ? Au vu des enjeux auxquels le Cameroun fait face, il est nécessaire que tant du côté des sécessionnistes que du gouvernement, l’on envisage une nouvelle approche du problème.

Lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun il y a 05 ans, plusieurs compatriotes murmuraient sous cape et peut-être à raison, que cette date n’était pas indiquée pour symboliser ni l’histoire, et encore moins les intérêts des camerounais des deux rives du Mungo.

Dans leur vision de la situation, ces camerounais qui sont attachés à l’unicité du Cameroun, alléguaient comme le font certains nationalistes de la partie francophone du pays, que non seulement ce centenaire ne prenait pas en compte la réunification du pays, mais aussi, que la date du 20 mai choisie en 1972 comme fête nationale au terme d’une parodie référendaire cousue de toutes pièces par un régime despotique, était d’autant plus inappropriée que ce référendum n’aurait pas été l’émanation des aspirations profondes d’une grande partie de l’opinion anglophone.

Héritage miné

L’avènement du Renouveau unanimement salué tant du côté francophone qu’anglophone du Cameroun, n’a pourtant pas et paradoxalement, aidé à lever certaines barrières qui font de l’unité du pays, une simple vue de l’esprit. Aux revendications du strict respect du traité de Foumban dont les jeunes générations ne savent pas grand-chose, se sont arrimées des réclamations d’ordre social, politique et infrastructurel liées à l’exploitation du pétrole dans la zone anglophone dont les riverains prétendraient ne pas bénéficier des retombées.

Minoritaires, mais très audibles parmi une population à la fois mécanique et versatile, les activistes du Scnc trouvent un terrain favorable dans des villages enclavés des deux Régions anglophones où personne ne connait ni l’eau qui coule des robinets, ni l’électricité, pour empoisonner des esprits, en profitant du fonctionnement des gouvernements successifs gangrénés par la corruption et les détournements de deniers publics, pour faire croire à certains compatriotes anglophones envahis par le doute et l’incertitude, que ce Cameroun des scandales ne serait pas le leur, ou ne s’appuierait pas sur les traités de son fondement, pour combler les attentes des deux entités. Cette rupture psychologique s’est vérifiée en 1992 à Bamenda, quand des manifestants déchainés, lançaient des cailloux aux forces de défense et de maintien de l’ordre déployées en masse dans la Région du Nord-Ouest, en leur proférant qu’ils étaient les frères de Paul Biya avec lequel, ils mangeaient seuls.

La faiblesse du Renouveau tiendrait de son impuissance devant la montée progressive des revendications sécessionnistes et de son incapacité ou son refus de choisir d’autres options pouvant rompre avec la tenue des réunions clandestines et des manifestations non autorisées par les sécessionnistes, et la répression des forces de maintien de l’ordre que réquisitionnent les autorités administratives. Briser la glace Les Camerounais qui activent les leviers de l’étendard Scnc, ont le droit dans un monde qui promeut les libertés et la démocratie, d’exprimer leurs opinions au sujet de la marche du Cameroun vers le futur, ou d’émettre des réserves autour de sa gouvernance. Leurs velléités sécessionnistes qui sont contraires à la constitution du Cameroun et n’entrent pas dans les aspirations d’une large opinion nationale, ne devraient pas empêcher au gouvernement dont le premier devoir est de prendre en compte des doléances et des revendications de tous les citoyens, si désagréables soient-elles, de rechercher le dialogue.

Dans les pays occidentaux que les gouvernants africains aiment citer en exemple, on a toujours le souci de connaitre les motivations d’un fou qui casse ou d’un détraqué qui agresse. Personne ne les condamne sans connaitre leur état psychique, la légitimité ou non de leurs revendications, ou les raisons de leur recours à la seule violence pour se faire entendre. Au moment où le Cameroun fait face aux menaces et actes terroristes dans sa partie septentrionale, les sécessionnistes qui s’accrochent au passé en rêvant d’un pays parfait qui n’existe nulle part ailleurs, et le gouvernement qui s’accroche au respect des institutions en considérant ce qui n’est pas légal comme irréconciliable, devraient dialoguer pour sortir le Cameroun d’une incertitude qui plane sur son avenir.

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