Cameroun - Politique. Record : Paul Biya n’est pas sorti du Cameroun depuis 156 jours

Georges Alain Boyomo | Mutations Jeudi le 19 Janvier 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après son retour de Suisse le 16 août dernier, le chef de l’Etat n’a plus séjourné à l’étranger.

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Dimanche 8 janvier 2012. Les rayons de soleil sont relativement doux en cette après-midi dans la capitale. Le président de la République, Paul Biya, effectue un énième déplacement dans son village natal, à Mvomeka’a. Le trépignement des policiers signale une importante occurrence.
A une vitesse-éclair, la circulation des véhicules est interrompue le long de l’itinéraire présidentiel. Des longues files de piétons se forment, un dispositif discret de policiers est visible ici et là. Vers 15h, le cortège du chef de l’Etat traverse la ville. Le serpent de limousines des déplacements officiels du Président a cédé le pas à une demi-dizaine de véhicules rutilants. Après quoi, le trafic urbain reprend son cours normal dans la «cité aux sept collines». Les habitants de Yaoundé s’habituent depuis environ cinq mois à ce rituel. En effet, depuis son retour de Suisse le 16 août 2011, après une visite d’Etat du 20 au 22 juillet en Chine, le chef de l’Etat effectue dorénavant ses «courts séjours privés» à Mvomeka’a ou à Kribi, à défaut d’assumer ses charges au Palais d’Etoudi.

Si le penchant prononcé de Paul Biya pour son village natal (ce qui est dans l’ordre normal des choses) est un secret de polichinelle, il semble évident que c’est depuis son passage dans la cité balnéaire du Sud, du 7 au 8 octobre 2011, à la faveur de la campagne électorale en vue de la présidentielle, que le chef de l’Etat a «découvert» les charmes de cette destination prisée par les touristes étrangers. De sources crédibles, le palais présidentiel de Kribi a d’ailleurs subi des travaux de réfection en décembre dernier, ce qui autorise à penser que l’idylle de cette ville avec M.Biya est partie pour durer.
Cela dit, la question principale est de savoir pourquoi Paul Biya ne s’est pas rendu en Suisse, précisément à l’hôtel Intercontinental où il est réputé avoir ses habitudes, depuis plus cinq mois. Paul Biya serait-il subitement devenu «casanier» à sa 29e année de règne? Première piste qui pourrait expliquer la «sédentarité» subite du chef de l’Etat, l’agenda politique interne au Cameroun. Depuis le mois d’août 2011, Paul Biya n’a quasiment pas eu de répit entre ses tâches républicaines et le calendrier électoral.

Discorde
Convocation du corps électoral (30 août 2011), dépôt de sa candidature à Elecam et au Conseil constitutionnel (4 septembre 2011), 3e congrès ordinaire du Rdpc (17-18 septembre 2011), campagne électorale en vue de la présidentielle (24 septembre-08 octobre 2011), opérations électorales et postélectorales (9 -21 octobre) et prestation de serment (03 novembre 2011) constituent quelques points saillants de l’activité présidentielle.
Il faut signaler que c’est depuis Kribi que Paul Biya a suivi la proclamation de sa victoire à l’élection présidentielle, le 21 octobre. En d’autres temps, le chef de l’Etat se serait envolé pour la Suisse (avec épouse et enfants) pour un «bref séjour privé», avant la publication du gouvernement intervenue le 9 décembre 2011. Mais «le sphinx» a préféré constituer la nouvelle équipe gouvernementale surplace au pays, notamment à Mvomeka’a, où il s’est «refugié» du 5 au 30 novembre 2011, avant de regagner Yaoundé, question de réviser et rendre sa copie.
Sur la seconde piste de compréhension de «la nouvelle attitude» du Prince, on ne peut ne pas évoquer ces indiscrétions faisant état d’une «brouille» entre les autorités suisses et le président camerounais.

Pomme de discorde : la taille des délégations de M. Biya lors de ses déplacements à Genève. «Les autorités helvétiques trouvent que ces délégations sont pléthoriques. Elles auraient alors demandé au chef de l’Etat de les revoir à la baisse. Ce qui aurait fâché M. Biya», croit savoir une source bien en cour au palais de l’Unité. Mais une autre source interne à la Présidence dément ces informations, avant d’indiquer que le chef de l’Etat projette de se déplacer à l’étranger (probablement en Suisse) dans les deux prochaines semaines. Une information difficile à confirmer, car, à l’opposé de certains de ses homologues étrangers (notamment français), dont le calendrier des activités est publié chaque semaine, l’agenda officiel du chef de l’Etat camerounais reste secret. D’autres sources déclarent, et cela pourrait constituer la 3e clé de compréhension, que le chef de l’Etat, Paul Biya, aurait décidé de renoncer à ses «tendances de vacancier» pour «s’assurer un bilan imposant à la fin de ce septennat, qui pourrait être le dernier pour lui». A ce propos, on a encore à l’esprit cette question adressée par M. Biya à l’ambassadeur américain Niels Marquardt, longtemps avant la révision constitutionnelle de 2008 : «Quelle fierté aurais-je si je laissais le Cameroun dans cet état aujourd’hui ?».
 

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