Cameroun - Politique. Remaniement ministériel: la démission de Kamto peut-elle faire bouger les choses ?

Edouard Kingue | Le Messager Mercredi le 07 Décembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
On l’attendait avant la présidentielle d’octobre dernier. Les spéculations sont allées bon train, mais il n’y a pas eu de remaniement ministériel. Paul Biya est allé en campagne avec l’équipe en place. Depuis la proclamation des résultats, l’opinion continue d’attendre en se demandant à quelle sauce sera bouffé le Premier ministre actuel, mais surtout quelle configuration pour le gouvernement des « grandes réalisations ».

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En 29 ans de magistère, 33 remaniements, 278 ministres utilisés, Paul Biya a battu le record absolu de l’instabilité ministérielle. Les statistiques indiquent ainsi qu’il y a en moyenne un gouvernement tous les 16 mois. Pourtant, depuis 2009 et l’avènement de Philémon Yang comme Premier ministre, en deux ans et quelques mois, le gouvernement n’a plus connu de changement.

Quand est ce que Paul Biya va-t-il donc opérer le mouvement du personnel ministériel ? Y a-t-il urgence en la matière ? En avril 1992, à l’issue des législatives qui ont vu l’arrivée des partis d’opposition à l’assemblée, notamment l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) avec 68 députés, l’Union des populations du Cameroun (Upc) avec 18 députés et le Mouvement démocratique pour la défense de la République (Mdr) avec 6 député, Simon Achidi Achu est nommé Premier ministre en avril 1992 et conduira la présidentielle de la même année jusqu’en 1996. Il rendra son tablier immédiatement après la présidentielle au profit de Peter Mafany Musongue en aout 1996. Ephraïm Inoni prendra le relais en décembre 2004 suivi de Philémon Yang En fonction depuis le 30 juin 2009.

Stress

Fort de ce qui précède, on peut conclure qu’il n’y a donc pas une tradition de nouveau gouvernement au Cameroun après une élection présidentielle, d’autant plus que le Rdpc majoritaire, n’a aucune pression politique du côté du parlement. Biya étant le seul maître du jeu politique, toute spéculation demeure vaine. Son action tient uniquement compte du message qu’il veut faire passer à un moment qu’il juge opportun, en tenant bien sûr compte du sacro saint équilibre régional où, moins que la recherche d’efficacité, le clientélisme l’emporte sur toute autre considération.

Malgré cela, le stress est bien perceptible avant la présidentielle et après, dans les milieux du pouvoir, relatif à la sourde attente du mouvement des personnels gouvernementaux. La température monte, les luttes de positionnement sont commandées par une attente diffuse de redistribution des cartes sur l’échiquier gouvernemental, mettant l’impossible solidarité gouvernementale à l’épreuve des ambitions et des jalousies.
Maître incontesté du jeu et des opportunités politiques, le président observe et s’amuse. Personne n’est à l’ abri d’un coup de tête. Il n’y a plus de ministre fort, qui pouvait aider à décanter une situation auprès de Biya comme Koungou Edima, Ferdinand Oyono, René Owona, Hamadjoda Adjoudji, qui fut ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales du 07 juillet 1984 au 04 décembre 2004. Affichant 21 ans de service ministériel au compteur.

21 ans comme ministre

Il n’y a plus de ministre à la longévité avérée comme Laurent Esso, Amadou Ali anciennement Joseph Owona, qui est la personnalité ayant occupé le plus grand nombre de postes ministériels : ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (16 mai 1988 – 07 décembre 1990), ministre de l’Enseignement supérieur, Informatique et recherche scientifique (07 décembre 1990 – 09 avril 1992), Secrétaire général de la présidence de la République (09 avril 1992 – 21 juillet 1994), ministre de la Santé publique (21 juillet 1994 – 19 septembre 1996), ministre délégué au Contrôle supérieur de l’Etat (19 septembre 1996 – 07 décembre 1997), ministre de la Jeunesse et Sports (07 décembre 1997 – 18 mars 2000), ministre de l’Education nationale (18 mars 2000 – 04 décembre 2004). Soit un cumul de 21 ans à la fonction de ministre.

Les seules situations qui jusqu’ici ont paru échapper au pouvoir absolu du président sont les démissions de quelques ministres : le 30 août 1992, il était amené à « gérer » la démission de M. Garga Haman Adji. Il est le premier ministre du Renouveau ayant volontairement démissionné de ses fonctions de ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative jusqu’au 27 août 1992, suivie par la démission, le 20 avril 1997, de Titus Edzoa, alors ministre de la Santé publique.

Maurice Kamto ferme le ban provisoirement avec sa démission surprise il y a quelques semaines. Ce départ qui n’a pas encore livré tous ses secrets et pour lequel le gouvernement Biya n’a pas encore réagi pourra-t-il ‘obliger’ le président à remodeler son gouvernement ou à opérer un remaniement dans les prochains jours ? wait and see.

 

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