Cameroun - Télécommunication. Télécoms-Internet: le temps de l'économie numérique

François Bambou | La Nouvelle Expression Mercredi le 17 Juillet 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Avec l’arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques et le quadrillage du pays par la fibre optique, le Cameroun est à un pas de son printemps numérique. A la condition que les pouvoir publics maintiennent le cap du développement des infrastructures et de mise en place d'incitations en faveur des start-up du secteur.

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Jadis abonné à la réputation du marché des télécommunications le plus cher de la région, le Cameroun s’arrime désormais à la tendance planétaire de la baisse des couts des communications. Impossible, dans les centres urbains du pays, de parcourir 100 mètres sans buter sur un panneau publicitaire qui vante une offre tarifaire «avantageuse» d’un des principaux opérateurs, ou les produits internet ultra rapide et bon marché de l’opérateur public Camtel. Effet de l’attribution d’une troisième licence de téléphonie mobile 3G, à Viettel, filiale camerounais de l’opérateur vietnamien éponyme ? Conséquence de la concurrence sur le prix menée par l’opérateur virtuel Eto’o télécom (Set mobile) ? Résultante des investissements colossaux consentis ces dernières années par l’Etat et les grands opérateurs (Camtel, Orange, MTN-Cameroun) pour améliorer et densifier les infrastructures de transmission? Toujours est-il que les prix baissent et représentent aujourd’hui le dixième des tarifs pratiqués il y a dix ans.

Et comme en témoignent les chiffres, cette dynamique est à l’avantage de l’Etat comme des opérateurs et des populations. En une décennie, le parc de téléphonie mobile a dépassé 11 millions d’abonnés, avec des investissements cumulés de près de 450 milliards (Orange et MTN) pour un chiffre d’affaires qui atteint 2000 milliards Fcfa depuis l’ouverture du marché. A la clé, quelque 1500 emplois directs, près de 300 000 emplois indirects, et 400 milliards de bénéfice pour les deux principales compagnies. Par ailleurs l’Etat qui en a déjà tiré environ 500 milliards en termes de retombées fiscales entend bien maximiser ses gains dans le secteur, en attribuant de nouvelles licences : «il y a de la place pour au moins deux nouveaux opérateurs mobiles sur le marché, compte tenu de la demande potentielle du marché, estimée à environ 8 millions d’abonnés nouveaux à l’horizon 2015, et il est possible d’introduire deux nouveaux opérateurs sans nécessité de réaménagement du spectre de fréquences au regard des disponibilités des ressources fréquentielles dans les bandes GSM et 3G», annonçait le ministre des Postes et des télécommunications, Jean pierre Biyiti Bi Essam, peu avant d’attribuer la troisième licence de téléphonie au groupe Viettel. Ce, après une sélection plutôt difficile, tant les concurrents étaient nombreux et de grande réputation : Bharti Airtel, Deutsche Telekom, Maroc Telecom, Monaco Télécom, Portugal Telecom, TIS/Korea Telecom et Viettel Group.
Le vainqueur, titulaire de l’unique licence 3G a déjà annoncé qu’il apporterait une véritable révolution numérique au pays en investissant environ 200 milliards de francs Cfa pour lancer des services d’une qualité et d’une variété comparables à ce qui fait de mieux dans le monde. Une aubaine certainement pour les start-up locale qui pourraient ainsi trouver avantage de cette offre 3G pour multiplier les services de transmission de données et de connexion internet.

Autre signe de cette vitalité du numérique : la forte croissance des entreprises, y compris des start-up locales, opérant dans le secteur des télécommunications et d’internet. On dénombre pas moins d’une dizaine d’entreprises dont les plus connues sont Orange, Mtn Cameroun, Camtel, ou encore Samuel Eto’o télécom mobile. Mais à coté de ceux ci, prospèrent d’autres entreprises telles que Ringo, Yoo Mee, Sns Mobility, Matrix Telecoms, Creolink, Megahrtz, Floris Telecom, Zte, Huawei, qui se sont positionnés soit en en sous traitants, fournisseurs c’accès internet ou équipementiers pour les opérateurs. Sans compter une nuée d’opérateurs plus ou moins clandestins pratiquant les terminaisons d’appels étrangers avec des milliers de puces locales.
Il faut dire que cette arrivée de Viettel et le déploiement de ces start-up coïncide avec le renforcement des infrastructures de transmission. Axe majeur de cette activité, le déploiement de la dorsale numérique du pays : «le Gouvernement a engagé un vaste programme de modernisation de son infrastructure des télécommunications à travers un projet de déploiement de la fibre optique sur l’ensemble du territoire national. Ce projet, qui est déjà en cours d’exécution, porte sur la pose de 3.200 kilomètres de câbles à fibre optique, portant ainsi notre réseau de câbles à fibre optique à 5.000 kilomètres», explique Jean Pierre Biyiti Bi Essam. La mise en place de ce réseau de reliant Kyé-ossi (Région du Sud) à Kousseri (Région de l’Extrême-Nord) a permis la couverture par fibre optique des dix régions, d’une quarantaine de chefs-lieux de départements et une centaine d’arrondissements. Suite à un accord parrainé par les Présidents Paul Biy et Idriss Deby ITNO du Cameroun et du Tchad, le projet a également favorisé l’interconnexion haut débit du Cameroun et du Tchad. La construction de la boucle urbaine de Yaoundé est en cours et devrait avoir come conséquence immédiate, une nette amélioration de la qualité de la connexion internet. La construction d’un deuxième point d’atterrissement de câble sous-marin à Limbé dans la Région du Sud-Ouest est effective réalisé par le Groupe MTN, suite à un accord signé avec le gouvernement il y a un an en vue de l’exploitation du point d’atterrissement du câble sous-marin WACS (West Africa Cable System). Ce point vient en renfort au seul point d’atterrissement dont disposait le pays à Douala sur le réseau de câble sous-marin SAT-3. «Les négociations sont très avancées pour la mise en place du câble ACE (African Coast to Europe), dont le point d’atterrissement sera à Kribi et du Main One. La pose des points d’atterrissement, outre qu’elle permet la diversification des offres, mais en plus d’augmenter la capacité d’accès de notre pays aux autoroutes mondiales de l’information, rend disponible beaucoup de capacités, avec tout ce que cela comporte d’impact en terme de baisse des communications», indique un cadre du ministère des Postes et Télécommunications. Le Cameroun étant partie prenante du projet central Africa Backbone, ce sont au total quatre à cinq ressources de grande capacité dont disposera désormais le pays pour conduire sa révolution numérique. Ce projet de backbone vise surtout, comme impact socio économique, la réduction de la fracture numérique à travers notamment l’utilisation des TICs dans le domaine de l’éducation et de la santé, la formation des spécialistes dans l’exploitation et la maintenance des équipements, la mise en ligne de toutes les administrations publiques (voir encadré) ainsi que la mise à la portée des populations des zones à faibles revenus des outils technologiques d’appui au développement.

Ces populations bénéficient notamment de l’installation de télécentres communautaires. Il s’agit simplement de porter internet au cœur de la forêt ou de la savane, à des point souvent privés des toutes commodités incitatives pour les investisseurs privés (routes, eau, électricité, téléphone filaire, infrastructure des transmissions). Ces télé-centres sont des structures qui vont permettre aux populations d’un village donné, de disposer d’une infrastructure commune, qui offre des services de télécommunications, informatiques, audiovisuels et internet à partir d’un terminal ou de terminaux mis à leur disposition, «afin de leur permettre de communiquer à un prix abordable et sans discrimination aucune», précise Jean Pierre Biyiti Bi Essam. La gamme des services qui est offerte, varie entre l’internet, le téléchargement de logiciels, la télévision, le téléphone. Si pour l’heure, l’achat des paraboles VSAT rendait quelque peu couteux l’installation de ces télé-centres, la généralisation de la fibre optique devrait réduire sensiblement les couts d’installation. Déjà, depuis un an, le déploiement de ces télécentres s’est déployé vers les zones telles que Bakassi, où la souveraineté du Cameroun n’a que récemment été rétablie.


 

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