Cameroun - Femme. Tenues indécentes: la mesure tarde à prendre corps

Valgadine TONGA | Le Messager Mardi le 03 Décembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Une mesure mort-née ? Même si une affirmation serait de trop, la réalité c’est que le contrôle et la sanction quant au code vestimentaire au Cameroun n’est pas encore à l’ordre du jour.

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En fait, il y a quelques semaines, Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Louis Bapès Bapès, ministre des Enseignements secondaires, Ismaël Bidoung Kpwatt, ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la culture, René Emmanuel Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation et Issa Tchiroma, le ministre de la Communication ont fait une sortie médiatique dans le cadre du lancement de la campagne nationale de lutte contre l’indécence vestimentaire chez les jeunes filles. Une sortie qui a accouché d’une mesure, visant à interdire le port des tenues indécentes en public. Du temps a passé, qu’est-ce qui en est sur le terrain ? «Je n’ai jamais été inquiétée par cette mesure. C’est du bluff et rien d’autre. Je suis étudiante à l’université de Douala. Chaque fois que je vais au cours, si ce n’est pas un pantalon bien moulant que je mets, c’est une petite jupe. Ce n’est pas pour provoquer qui que ce soit, c’est juste mon style vestimentaire.» Reine n’est pas un cas à part. Plusieurs filles rencontrées dans la capitale économique crachent sur ce qu’elles appellent «agitation» des ministres. Prosper, moto-taximan se réjouissait plutôt de la note. Aujourd’hui, «je suis déçu parce que je n’ai pas encore entendu qu’on a arrêté une fille, depuis là», regrette-t-il.

A la Brigade des recherches à Bonanjo, lundi 2 décembre 2013, une source bien introduite reconnaît que «la mesure est déjà appliquée, puisque ce sont des ministres qui l’ont prise, mais nous n’avons pas encore interpellé quelqu’un.» Et de poursuivre : «Vous savez, nous avons beaucoup d’enquêtes à mener. Nous sommes une brigade de recherches. On ne va pas envoyer les hommes sur le terrain pour chercher les filles mal vêtues. On a des choses plus importantes à faire. Ce n’est pas pour dire que le sujet n’est pas important.» A quelques mètres plus loin, à la Police judiciaire de Bonanjo, «nous n’avons pas procédé à une arrestation», indique un officier. Qui envoie le reporter dans les commissariats à Bonabéri. Prochaine escale, la brigade Ter. de Bonanjo. Ici, l’officier Patrick Gend Nna va dans le même sens. Et dit : «Non, nous n’avons pas de cas. Ce n’est pas que nous refusons d’appliquer la mesure. Le fait c’est que nous exerçons dans les zones de Bonanjo et Bonapriso, où les filles ne s’habillent pas n’importe comment.» Commissariat de Bonassama, bis repetita. Excepté au Commissariat n°5 de Bonambappè. L’agent Ekpai avoue avoir déjà sévi. «Nous avons arrêté des femmes en faisant des patrouilles la nuit, mais ce sont en grand nombre les prostituées.» Après leur interpellation ? «Nous avons juste pour objectif d’arrêter les femmes et les filles indécemment habillées, puis nous les envoyons au parquet. C’est là-bas qu’elles payent les amendes», explique l’interlocuteur. Pour certains, la décision des ministres suscités est un coup d’épée dans l’eau. «Il y a des problèmes plus sérieux. Et même si on veut s’attaquer au code vestimentaire, il faudrait que le ministre du Commerce recommande aux opérateurs de ne plus importer les tenues dites indécentes», pense un officier. Ekpai n’est d’avis : «Une personne qui donne 50.000 Fcfa au parquet pour être libérée va réfléchir par deux fois avant de se vêtir. La mesure va prospérer.» Attendons de voir.


 

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