Cameroun - Nigeria. VIDEO DES OTAGES FRANÇAIS: Boko Haram se déshumanise davantage

Abdoulaye BARRO | Le Pays Mercredi le 27 Février 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au XXIe siècle, on ne le soulignera jamais assez : le terrorisme contemporain dans sa variante dite religieuse reste le facteur primordial de déstabilisation et de déstructuration des Etats de la planète. Face à cette situation, rappelons que les grandes erreurs politiques et stratégiques du siècle précédent reposaient presque toujours sur une lecture monocausale du réel.

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Or, la réalité bouge et est en mouvement continuel. Avec le rapt d’une famille française sur le sol camerounais et très vite transplantée au Nigeria avec la diffusion de cette vidéo insoutenable mettant en scène les otages français, la secte islamo-terroriste Boko Haram vient de montrer qu’elle sait bien pratiquer la guerre de mouvement. Elle vient de changer et d’innover en matière de méthode car jusque-là, la prise d’otages ne faisait pas partie de son mode opératoire. Et en faisant d’enfants innocents, loin d’être des soldats qui peuvent se battre, des victimes sacrificielles de sa mécanique terroriste, la secte montre ici sa capacité de nuisance et sa détermination. Cette mise en scène des otages constitue une nouveauté vraiment inquiétante. Depuis sa fondation en 1995 dans le nord-est du Nigeria, majoritairement musulman, la secte se caractérisait et faisait parler d’elle par ses attaques contre les minorités chrétiennes, les postes de police et de douane ainsi que les édifices publics. Et de nos jours, personne ne pouvait imaginer que cette secte terroriste aurait un avenir et qu’elle continuerait surtout de faire parler d’elle. Dans l’histoire de l’Afrique subsaharienne, l’apparition d’un mouvement sectaire qui rêve de sacraliser totalement la politique et refuse toute idée d’humanité partagée, est et reste quelque chose d’inédit, d’effrayant et de monumental.

Car, c’est la première fois que nous assistons à un tel spectacle nihiliste, fondé sur la non-reconnaissance de l’humanité de l’Autre. Selon Boko Haram, le Nigeria est et doit rester pour elle (nous disons bien cette secte) cette sorte de « vallée sacrée » où son Dieu assoiffé de sang d’innocents devrait, un jour, régner. Et l’Etat islamique qu’elle rêve de bâtir sur toute l’étendue du territoire nigérian nous est présenté ici comme des produits de magasins ou de boutiques, à savoir, « à prendre ou disparaître » et non « à laisser ». A entendre Boko Haram, le Nigeria lui appartient et elle y établira son règne millénariste.

Or, dans l’histoire de l’humanité, toutes les tentatives de sacralisation de la politique n’ont fait qu’engendrer, chez les individus comme chez les Etats, des comportements cruels, sauvages et barbares. C’est en cela que la diffusion de cette vidéo montre le véritable visage de Boko Haram, à savoir une secte qui rejette toute idée de moralité humaine. D’où l’impossibilité d’humaniser les adeptes de cette secte, puisqu’ils ne sont porteurs d’aucune revendication à caractère profane. Son refus de traiter les otages français comme des humains témoigne de la piètre estime que cette secte porte à l’idée d’humanité. C’est pourquoi, pour l’Afrique subsaharienne, il est moralement et politiquement juste et justifié de déclarer une guerre totale à cette organisation putride. Boko Haram souille l’identité spirituelle, historique et culturelle des peuples africains. Jusqu’à l’avènement de cette secte sur l’échiquier politique et religieux nigérian, l’Afrique noire a été indemne des guerres religieuses. Parfois, malgré les tentatives de manipulation et d’instrumentalisation de la religion par les élites politiques, surtout en période électorale, elle n’a jamais été fondamentalement une source de conflits au sein de nos sociétés. Il faut défendre, avec force et vigueur, l’idée de laïcité au sein de tous nos Etats.

En attendant, demain les dirigeants de Boko Haram devront répondre devant la justice internationale des crimes contre l’humanité qu’ils ne cessent de perpétrer. Les victimes de cette secte ne paient-elles pas pour leur « race » ou leur « religion » ? Boko Haram n’a-t-elle pas choisi, en vérité, de les soustraire de l’espère humaine ? Oui, cette secte et ses adeptes n’arrêtent pas de se déshumaniser. Au contraire, ils ont fait le choix existentiel d’un auto-ensauvagement aveugle et criminel.

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