Cameroun - Energie. Bruits de revente, odeur de renationalisation dans la concession d’Eneo

cameroun24.net Mardi le 24 Septembre 2019 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
D’après nos informations, depuis deux mois qu’est évoquée l’idée d’une cession des actifs d’Actis, la partie camerounaise se prépare à toute éventualité lit-on dans les colonnes du quotidien privé Mutations.

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Petits rappels. En 2001, l’Américain AES a signé avec l’Etat du Cameroun un contrat de concession du service public de l’électricité pour une durée de 20 ans. En juin 2014, la société américaine s’est retirée du marché camerounais en cédant ses actifs à Actis. Avec 51% des parts contre 44% pour l’Etat du Cameroun et 5% pour le personnel, l’entreprise britannique est aux commandes de Energy of Cameroon (Eneo), nouvelle entité créée pour gérer la production et la distribution de l’énergie électrique.

Dans le cadre de son déploiement, Actis a élaboré un programme d’investissement évalué à 900 milliards Fcfa sur une période de 10 ans. Ce programme ne pouvait pas s’exécuter en l’état dans la mesure où la concession d’Eneo était supposée prendre fin le 18 juillet 2021. Un nouvel avenant obtenu et signé avec l’Etat du Cameroun le 1er novembre 2018 a permis de rallonger cette concession de 10 ans, soit jusqu’au 17 juillet 2031.

Les exigences du Cameroun vis-à-vis d’Eneo dans le cadre de cette rallonge sont, entre autres, la sécurisation de l’offre de production, l’augmentation du taux d’accès à l’électricité et l’entretien du parc des ouvrages de Song-Loulou, Lagdo et Edea. Trois périodes d’investissements ont également été créées. La première va de la date de signature de l’avenant du 1er novembre 2018 jusqu’au 31 décembre 2019. Celle-ci inclut la mise en place des financements et le lancement des premiers investissements, entre autres.

Engagements

A ce jour, la qualité moyenne du service public de l’électricité (Pannes récurrentes suivies de longues coupures) soulève des questionnements dans le sérail quant au respect par Actis de ses clauses contractuelles avec l’Etat camerounais. Mettant en avant ses réalisations en termes d’accroissement de l’offre à travers divers barrages, ce dernier s’interroge sur la situation des investissements annoncés par l’actionnaire majoritaire à son arrivée.

L’entreprise Eneo indique être en train de tout faire pour tenir ses engagements. Dans une note d’informations publiée en août dernier, elle informe de ce que la phase I des travaux de sécurisation du barrage de Song-Loulou – 384 Mw de puissance installée – est en cours. Evaluée à 11 milliards Fcfa, celle-ci consiste au renforcement du barrage de prise et en la réhabilitation de l’évacuateur de crues. Cette phase devrait être bouclée d’ici 2020, d’après les prévisions. Si l’on y associe la phase 2, encore en étude, Song-Loulou devrait vivre 30 ans de vigueur supplémentaires.

Par ailleurs, à mi-juin 2019, 120 kilomètres de nouvelles lignes ont été construites pour permettre l’alimentation de nouvelles localités. Dans le même temps, des travaux de sécurisation des postes de transformation à Douala et Yaoundé sont en cours. 7000 compteurs prépayés ont également été posés à ce jour. Et pour améliorer la distribution, Eneo, dans son rapport d’activités de 2017, dit avoir procédé à la réparation et/ou au remplacement d’environ 55000 poteaux en bois défectueux par des poteaux en béton ou métalliques.

Depuis l’arrivée d’Actis, Eneo a investi 27,5 milliards Fcfa en 2015, 35,1 milliards Fcfa en 2016 et 35 milliards Fcfa en 2017, selon son rapport d’activités de 2017 ; année au cours de laquelle la distribution à elle seule a englouti 50% des investissements.

Renationalisation ?

De source sûre, l’entreprise prépare actuellement son traditionnel rapport annuel. L’édition 2018 devrait être publiée d’ici le mois d’octobre prochain. Insuffisant pour rassurer la partie camerounaise qui s’inquiète du rythme des investissements d’Actis ; pas assez rapides à son goût, selon des sources bien introduites. La tension est devenue encore plus forte depuis la publication par voie médiatique d’informations faisant état de la mise en vente des actifs d’Actis. Jusqu’ici, le fonds d’investissement britannique ne s’est pas encore prononcé sur ces informations relayées dans la presse depuis le mois de juillet dernier. Informations pourtant prises très au sérieux en haut-lieu.

En plus des retards décriés dans l’investissement, l’on dit s’inquiéter de la qualité globale des infrastructures de production et de distribution qui fragilise le réseau électrique. Une inquiétude qui a grandi après l’incident du poste de transformation BRGM de Melen, à l’origine de plusieurs jours de délestage dans la capitale. Nos sources révèlent que l’Etat est préoccupé par l’entretien desdites infrastructures qui présentent, pour certains, des taux d’amortissement élevés. Situation qui compromet leur rendement optimal.

La partie camerounaise soupçonne ainsi le fonds d’investissement britannique d’avoir attendu la prolongation de sa concession simplement pour revendre ses parts à un meilleur prix. Dans l’avenant signé entre l’Etat du Cameroun et Eneo, il est prévu que le contrat puisse également prendre fin de manière anticipée  d’un commun accord entre les deux parties. Une option envisageable au regard du climat électrique actuel.

Ce scénario ouvrirait alors la porte à deux hypothèses. La première étant l’arrivée d’un nouvel actionnaire qui reprendrait les parts d’Actis au sein d’Eneo. La deuxième, sérieusement envisagée en haut-lieu, est celle d’une renationalisation comme dans le cas du service public de l’eau. Ceci au regard du caractère sensible du secteur et des impératifs de développement. Chose qui pourrait impliquer une nouvelle mise à jour des textes qui règlementent le secteur de l’électricité. Les paris sont ouverts.
 

Lucien Bodo

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