Cameroun - Musique. Cameroun : Les larmes de Longue Longue

cameroun24.net Lundi le 22 Avril 2019 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Sur les réseaux sociaux, la vidéo est devenue virale depuis vendredi dernier. On y voit l’artiste Longue Longue à genoux, les larmes aux yeux, auprès de Djene Djento, l’auteur de « Débroussaillez, débroussaillez, le cultivateur…», qui dit être le porte-parole du département du Nkam. Le « libérateur libéré » demande, en sanglotant, pardon à « Papa Paul Biya », « Mama Chantal Biya » et au peuple camerounais. « Donnez moi une seconde chance, j’ai envie de voir mes enfants grandir », implore-t-il vers la fin de la vidéo lit-on dans un éditorial de Georges Alain Boyomo, DP du quotidien privé Mutations.

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Quelques jours plus tôt, le même artiste, reprenait dans une autre vidéo ces paroles déjà déroulées lors de la campagne électorale à l’occasion de la présidentielle 2018. « Il y a un vieillard à la présidence [de la République du Cameroun, ndlr], papa si tu es fatigué, pardon va te reposer », avant de tourner en dérision l’aide qu’il reconnaît avoir reçue du chef de l’Etat, estimant que l’argent qui lui a été octroyé lui revenait de droit, parce qu’il appartient au contribuable camerounais. Une vidéo plus loin, l’auteur de « Ayo Africa » remettait déjà en question le résultat de la dernière élection présidentielle proclamé par le Conseil constitutionnel et pontifiait sur la thèse de la « victoire volée »…

Le génie et l’engagement de l’artiste Longue Longue, de son vrai nom Longkana Agno Simon, ne souffrent d’aucun doute. Il est une icône de la musique camerounaise et sa dernière mésaventure nous inspire au moins deux leçons, lesquelles devraient faire tache d’huile dans l’espace public : La mesure dans la prise de parole publique. Les réseaux sociaux, les plateaux télés et radios sont devenus les lieux de prise de positions incontrôlées et parfois difficilement défendables. Au hasard du clavier ou du micro, on accuse telle ou telle personne, on brasse vérités et contrevérités, on fait valoir ses fantasmes, on voit midi à sa porte. On se soustrait au devoir de réserve et de cohérence pour verser dans le populisme et l’héroïsme primaire. Pour des leaders d’opinion comme Longue Longue et d’autres, le risque du crash est grand et les conséquences retentissantes. La critique du système gouvernant camerounais est fondamentale et nécessaire, mais elle n’est pas plus crédible parce qu’elle trempe dans le caniveau ou le nihilisme.

La seconde leçon est la tolérance qui doit caractériser nos mœurs politiques. L’ordre gouvernant camerounais prête de plus en plus le flanc à l’unanimisme. La critique, même responsable, la contradiction même structurée, hérisse le poil à certains faucons, qui y voient des intentions de « déstabilisation » du régime en place. Même si on peut admettre qu’il a poussé le bouchon un peu loin, Longue Longue mérite-t-il d’être traqué et humilié de la sorte ?

Au demeurant, être d’une opinion ou d’une idéologie différente n’est pas un délit en démocratie. Le pouvoir de Yaoundé doit l’admettre et réfuter des sorties guerrières comme celle du secrétaire général du comité central du parti dominant qui a déclaré il y a quelques jours que « le Rdpc doit réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Le jeu démocratique ne doit pas s’accommoder de telles postures qui diabolisent l’opposition, ostracisent les adversaires politiques et secrètent l’exclusion. En tout état de cause, le citoyen camerounais et la classe politique camerounaise doivent intégrer que l’unanimisme n’est pas et ne sera jamais un facteur de progrès. Enrichissons-nous de nos différences et disons NON aux brigades de la pensée !

Georges Alain Boyomo

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