Affaire Kamto. Condamnation de KAMTO Et cie : Pas si vite !

cameroun24.net Jeudi le 14 Février 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Très tard, dans la nuit précédant le 86ème anniversaire de M. Biya, le donneur d’ordre en chef, le professeur Kamto et l’essentiel de son directoire, ont été écroués, sous bonne et lourde escorte, à la tristement célèbre prison de kondengui à Yaoundé, notamment pour « hostilité à la patrie ».

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Selon les prévisions des conseillers de M. Biya, la majorité silencieuse est restée à sa place : bien silencieuse et désormais consciente de ce que, ce qui arrive au « bois vert » est si fort qu’elle n’oserait se dresser devant ce qu’un analyste déclaré de la scène a appelé « la tyrannie d’un administrateur des colonies…diplômé depuis 1960 ».
Comme cela est devenu un jeu des plus puérils, quelques illuminés, qui ont envahi l’espace public, sans trop bien savoir quels sont leurs faits d’armes, leur trajectoire ; mais mues par la volonté de paraître et de se faire à tort une place au soleil, écument les plateaux de télévision et les radios de proximité pour « semer » la haine, accuser et surtout aller plus vite que la musique, c’est-à-dire condamner pénalement. En un mot, être à la place du khalife, sans être khalife.
C’est peine perdue. Car, ne maitrisant ni l’art de condamner, ni le temps, il peut être vain de vouloir aller plus vite que la météorite et pour cause…


1) Kamto et cie ne sont pas si seuls que ça.
Paul Biya le sait. Il a dû bien s’en rendre compte : toutes les organisations internationales, sans exception, ont demandé la libération « immédiate et sans condition » de Kamto et de tous ses lieutenants. En langage diplomatique, ce que Yaoundé préfère à la vérité crue, toutes les chancelleries qui comptent à ses yeux, ont fait de même. La France s’est dite « très préoccupée » et les USA ont réduit leur aide de coopération militaire, non sans aller marquer leur désapprobation en direct auprès du sympathique ministre de la communication. M. Biya n’a pas d’autre choix, sous réserve d’éviter de perdre la face, de les libérer. C’est le seul et vrai langage qu’il entend : la communauté internationale. Souvenons-nous de Lydienne Eyoum, Titus Edzoa, Thierry Atangana, Nganang Patrice, etc.
Outre ce soutien exogène inéluctable, Kamto a sur le plan endogène, des soutiens sérieux dans toute la machine administrative (y compris parmi les universitaires qui font semblant de prendre position contre lui dans les médias) et dans toutes les régions du pays, lesquels ne devraient pas rester aussi silencieux qu’on le pense. Et M. Biya le sait tant et si bien qu’il a vu, lu et analysé les résultats de la dernière élection présidentielle. De ce simple fait, il a un choix : tuer Kamto, ce qu’il ne peut pas, ou le libérer, ce qu’il va faire…pour être grandi.


2) Le dossier Kamto, aux yeux de la loi pénale est vide
Beaucoup de pseudos analystes se perdent en conjecture en pensant que droit et morale font bon ménage. Que nenni ! Le saccage des ambassades, cela a peut-être ému plus d’un, l’érection des effigies de M.Kamto à la place de celles de M. Biya, est sans doute un crime de lèse-majesté pour d’autres…Mais, sur le plan de la science juridique, aucun pénaliste sérieux, nonobstant le délit de « réunions et manifestation publique » (ce qui reste discutable), ne retiendrait « ça » comme infraction contre lui. Car, ici, non seulement la responsabilité est personnelle et textuelle (article 17 Code pénal), mais aussi, les évidences, y compris les aveux, ne sont plus en droit pénal, « la mère des preuves ». En effet, les choses sont très souvent aussi complexes que ça lorsque vient le moment fatidique de déterminer le véritable responsable d’une infraction : plusieurs faisceaux d’indices pouvant conduire l’enquêteur totalement à côté de la plaque. Voilà pourquoi les procès pénaux, les vrais, prennent du temps. Or, en l’espèce, il n’y a visiblement pas le temps de condamner à la va-vite pour des cas aussi graves que « l’hostilité à la patrie » ! Et donc, garder longtemps son principal adversaire politique dans les geôles (lui qui a tant et si bien défendu la patrie) pour un tel motif au 21ème siècle paraît gros, y compris dans les pires dictatures de la planète.


3) Ceci explique cela, Kamto au Cameroun est le prisonnier politique n°1
En 1983, Paul Biya a déclaré en mondovision qu’il aimerait être celui qui a « apporté la démocratie et la prospérité à son pays ». Constatons au passage qu’un pays peut être prospère pendant que le peuple ne l’est pas, mais qu’un pays démocratique induit forcément celui de ses citoyens.
Quel analyste sérieux, quel citoyen même docile ou quel partenaire du Cameroun ignorerait cette vérité : le professeur Kamto est en prison pour des querelles politiques ! Qui oserait ignorer raisonnablement que la stratégie de ce dernier, il en a, était justement de pousser le pouvoir à la faute politique ? Or, au Cameroun, depuis l’abrogation des lois d’exception de 1962, la loi interdit la prison pour des opinions politiques. Et le chef de l’État l’a lui-même réaffirmé plusieurs fois : « nul ne devrait plus ‘’se cacher’’ pour exprimer ses idées, ses opinions … politiques ».
Si le legs de la prospérité au Cameroun va certainement lui échapper, cet autre aspect devrait sans nul doute lui turlupiner l’esprit. Par ailleurs, conscient de ce qu’il ferait un héros à la place du héros qu’il a déclaré vouloir être, Paul Biya, verseau devant l’éternel, ne pourrait accepter, même par omission de perdre cette « consécration historique » devant un autre verseau, visiblement moins jeune que lui, lui « l’administrateur des colonies ». Voilà pourquoi il va le libérer. Et, ainsi, perpétuer l’énigme « des silences présidentiels ».
Il pourrait donc être intéressant de faire attention aux tricheurs, qui ont en commun de vouloir vite réussir, eux qui aiment la gloire et les paillettes. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas aller trop vite en besogne, car le professeur Kamto, aux yeux de la loi, n’est pas encore condamné et le sphinx (au propre comme au figuré) n’a pas encore dit son dernier mot, il prend…son temps.
Affaire MOMO, ça vous dit ?
 

PAR EMMANUEL MIMBÈ

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