Cameroun - Politique. Edito: Robins des bois

cameroun24.net Lundi le 10 Juin 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Combien étaient-ils réunis samedi dernier au sanctuaire Saint Jean Paul II de Nkilzok pour accompagner l’ancien ministre directeur du cabinet civil de la présidence de la République à sa dernière demeure ? Des images vues sur une chaîne de télévision de la place, qui retransmettait l’évènement en direct, le joyau architectural construit par le défunt, Martin Belinga Eboutou, dans cette localité située à une dizaine de kilomètres de Zoétélé (région du Sud), était plein à craquer des personnes de tous bords, particulièrement des membres des corps constitués nationaux, aux voitures rutilantes et aux toilettes étincelantes.

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Nombreux, les princes de l’église conduits par l’évêque de Sangmelima, Mgr Christophe Zoa, étaient également au rendez-vous. La circonstance était grave, les mines des uns et des autres également. L’homélie délivrée au sein de cette chapelle par le célébrant a particulièrement exalté les valeurs d’humilité et de partage.

Mgr Zoa s’est fait fort d’insister que ce n’est pas parce qu’on possède assez qu’on doit tenir les nécessiteux, du moins ceux qui sollicitent une aide, pour des esclaves. On ne doit pas tout ramener à soi parce que Dieu vous a donné plus de moyens financiers et matériels que d’autres. Beaucoup de personnalités ont semblé contempler la pointe de leurs chaussures à l’écoute de cette exhortation.

Dans un pays où une minorité baigne dans l’opulence alors même que la majorité de la population ploie sous la misère, il est intéressant de s’arrêter un tant soi peu sur cette déclaration de Mgr Zoa. Il existe certainement, à foison, des personnalités au Cameroun qui gagnent honnêtement leur vie et font preuve de charité et, partant, atténuent les souffrances de leurs compatriotes.

Mais que dire de ces « Robins des bois » qui détournent allègrement la richesse nationale, bénéficiant certainement de l’environnement permissif en vigueur, qui redistribuent gracieusement ou chichement et qui tiennent à ce que le soleil et la terre tournent autour d’eux ? Dans nos villes et villages, c’est cette élite prébendière et arrogante qui prospère et nargue les populations, forte des décrets, avantages et privilèges dont elle bénéficie à tour de bras.

L’appel de Mgr Zoa prend donc tout son sens. Le rôle de l’Etat, c’est d’œuvrer en permanence pour réduire au maximum les inégalités sociales au sein de sa population et redistribuer équitablement la richesse nationale. Lorsque ces inégalités viennent à se creuser de manière abyssale comme c’est le cas au Cameroun, il est légitime de s’en inquiéter. La thèse selon laquelle il n’y a que deux tribus au Cameroun, la tribu des riches et la tribu des pauvres, prospère sur cette flagrante injustice sociale voire sur cette faillite de l’Etat. Faillite entretenue par une certaine élite dont les dons en espèces et en nature, découlant de biens généralement mal acquis, visent à entretenir la toute-puissance sur une population paupérisée et l’illusion d’éternité. Heureusement, à la fin, comme c’était le cas samedi à Nkilzok, on se rend à l’évidence, comme le dit l’Ecclésiaste, que « vanité des vanités, tout est vanité ».

Georges Alain Boyomo, DP Mutations

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