Crise Anglophone. Entre Lueur et Désespoir : Quel destin pour les Camerounais du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ?

cameroun24.net Jeudi le 15 Novembre 2018 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Cent ans après l'armistice de 1918, plus de soixante-dix présidents du monde entier se sont réunis à Paris pour célébrer la paix lors d’un sommet qui lui était dédié. À cette occasion, ils ont pu tous ensemble, se remémorer la lueur d'espoir qui a accompagné cet armistice.

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Malheureusement pour d’autres, cette avancée représente aussi le début d’une longue saga qui plonge aujourd’hui les camerounais du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans le désarroi ; pris dans la débâcle d’une revendication qui, au fil des jours, devient de plus en plus sanglante. Alors qu'on célébrait la paix à Paris, des camerounais se faisaient tuer à Ndu, Batibo, Nwa, Kumbo, Nsem, Nsimeyong, Mile 16 Buea, Bolifamba, Esu, Nkambe, Belo et Nchoboh. Au même moment, la voix remarquable d'Angélique Kidjo brisait le silence de la cérémonie réunie sous l’Arc de Triomphe. «BLEWU», a-t-elle chanté, faisant ainsi revivre les paroles de la célèbre Bella Bellow, une chanteuse togolaise dont la vie sur terre s'est terminée brutalement à l'âge de 28 ans dans un terrible accident de la route, en 1973. Vêtue de magnifiques vêtements africains, qui ne détonnaient point par ce temps d’automne à Paris, Angélique a chanté «BLEWU». Le regard étonné du Président Trump abasourdi, de Poutine, de Merkel, de Macron et de nombreux autres dirigeants occidentaux a montré qu'ils étaient montés dans une machine à remonter le temps, revenant cent ans en arrière pour imaginer la folie d'une guerre qui fit quarante millions de victimes. Angélique Kidjo, dans l’une des magnifiques langues du Togo, a chanté «BLEWU», le répétant à la foule assemblée : « Lentement, lentement, lentement, rentrez chez vous sains et saufs. Lentement, rentrez chez vous sains et saufs. Rentrez lentement chez vous Sains et saufs. Lentement. Le Léopard ne s'empresse jamais de marcher. Lentement, lentement, le léopard ne hâte jamais son pas. L'animal avec une queue ne saute jamais par-dessus le feu. Lentement. Dieu à qui nous nous confions est le seul à connaître nos problèmes. »
Faut-il encore attendre cent ans, quand vous et moi serons partis, pour que nous réfléchissions enfin à la folie qui nous aveugle aujourd'hui? La folie qui nous empêche de réaliser qu’a l’heure où nous parlons, il y a dans notre beau pays, 400 000 personnes déplacées, 50 000 réfugiés, plus de 90 villages incendiés, plus de 400 civils et militaires tués, des milliers d'autres blessés, près de 100 000 enfants privés de la possibilité d'aller à l'école et que ces chiffres s’accroissent au fil des minutes qui passent. La nouvelle norme est celle des enlèvements quotidiens, des représailles, des fosses communes, du deuil, de l'animosité entre des personnes qui ont cohabité pacifiquement pendant des siècles, du chantage, de l'oppression, de la destruction totale des ordres traditionnels, etc. Lentement, lentement, nous sombrons et la communauté internationale n'arrive pas à accélérer son pas. Pourtant l'Union africaine veut faire taire les armes à feu d'ici 2020. Les Nations Unies sont prises au piège par le protocole et des questions de souveraineté et les autres puissances occidentales, dont la gestion du passage à l'indépendance est à la racine de ce drame, sont ces léopards et ces animaux avec des queues qui n'osent pas sauter par-dessus le feu.
Lentement, lentement, de plus en plus de Camerounais du Nord-Ouest et Sud-Ouest n’ont plus de domiciles. Ils ne sont plus sains et saufs. Y a-t-il quelqu'un ? Venez à la rescousse du Cameroun, non plus « lentement, lentement ». À mesure que vous tardez, le nombre de morts augmente, l'amertume augmente et la haine aussi. Nos jeunes en sont les premières victimes parce qu’ils veulent se battre coûte que coûte pour avoir l’avenir qu’ils méritent et courent de ce fait, le risque de mettre en péril ce même avenir. Nos femmes sont victimes de toutes sortes de traitements dégradants. Si cette commémoration d'armistice doit nous rappeler quelque chose, c'est bien que la perte de quarante millions de vies fût une folie humaine. Nous devons parler maintenant. Le dialogue n'est pas un signe de faiblesse mais une affirmation qu'il n'y a rien de plus précieux que la paix et le besoin de sauver des vies.

Par Akere T. Muna



Between Glimmer and Glum: The Fate of the Southern Cameroonian


A hundred years after, over seventy presidents from all over the world gathered in a summit for peace in Paris, to celebrate the Armistice of 1918. The glimmer of hope that came with the armistice marked the beginning of the saga which constitutes the glum of the Southern Cameroonian today; caught in a debacle for freedom that turns bloodier by the day. As they celebrated in Paris people were shot in Ndu, Batibo, Nwa, Kumbo, Nsem, Nsimeyong, Mile 16 Buea, Bolifamba, Esu, Nkambe, Belo and Nchoboh.
The unmistakable voice of Angelique Kidjo rang out to break the silence of the ceremony. “BLEWU”, she sang, in the words of the song of Bella Bellow, the famous Togolese singer, whose life here on earth ended brutally at the age of 28 in a ghastly car accident in 1973. “BLEWU”, sang Angelique, dressed in amazing African attire unperturbed by the autumn of Paris. The stare of a stunned Trump, Putin, Merkel, Macron, and many other western leaders showed that they had suddenly been forced into a time machine charging a hundred years back to imagine the folly of a War that claimed forty million lives. “BLEWU”, sang Angelique, in this Togolese language. She sang:
“Slowly, Slowly, Slowly, go back to your homes safe and sound.
Slowly, go back to your homes safe and sound.
Slowly go back to your homes Safe and sound.
Slowly.
The Leopard never hastens its pace
Slowly, Slowly, The Leopard never hastens its pace.
The animal with a tail never jumps over fire. Slowly.
God to whom we confide is the only one who knows our troubles.”
Will it have to be in a hundred years time when you and I are gone that we will have to ponder about the folly that blinds us today? The folly that stops us from understanding that there are 400,000 internally displaced persons, 50,000 refugees, over ninety villages burnt, over 400 civilians killed, thousands more wounded, and close to 100,000 children robbed of the chance to go to school.
The new normal is one of daily kidnappings, victimization, mass graves, mourning, animosity between people who cohabited peacefully for centuries, blackmail, oppression, total destruction of traditional order and so on and so forth. Slowly, slowly the international community fails to hasten its pace, yet the African Union wants to silence the guns by 2020, the United Nations are
caught in protocol and issues of sovereignty and the other western powers, whose management of the transition to independence is at the root of this drama, are leopards with tails and won’t dare jump over fire.
Slowly, slowly, more and more Southern Cameroonians have no home to go to. They are no longer safe and sound.
Is there anyone out there? Come to the Rescue of Southern Cameroons and no longer slowly, slowly, as deaths augment, bitterness increases and hatred is fueled. Our Youths are the first victims because they want to fight for the future they deserve, willingly risking to throw away the very same future. Our women are victims of all manner of degrading treatment.
If this armistice anniversary reminds us of anything, it is the fact that the loss of forty million lives was simply human madness. WE should talk now. Dialogue is not a sign of weakness but an affirmation that there is nothing above the need to save a life.

By Akere T. Muna

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