Cameroun - Communication. ITINERAIRE : L'appel du micro

Emmanuel Gustave Samnick | LActu Lundi le 06 Février 2012 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le parcours du journaliste sportif camerounais, qui fait partie de l'équipe de Canal+ qui commente en direct les matches de football de la Can 2012, mérite d'être raconté.

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Les téléspectateurs de la chaîne de télévision privée STV étaient habitués aux chemises fleuries du présentateur de «La nuit du sport» les mercredis. Pendant cette Coupe d'Afrique des nations qui se déroule depuis le 21 janvier dernier en Guinée équatoriale et au Gabon, la tronche de Martin Camus Mimb s'est plutôt imposée aux téléspectateurs de la chaîne française à péage Canal+. L'ancien élève de l'école publique de Logbadjeck, du Collège d'enseignement secondaire de Mouanko et des lycées bilingue et classique d'Edéa y commente des matches en direct, mais coordonne aussi les soirées spéciales de la chaîne française consacrée à cet événement sportif sans nul doute le plus médiatisé du continent africain. Il a ainsi été mis à l'épreuve samedi dernier quand il fut obligé, à plusieurs reprises, de reprendre l'antenne pour entretenir les téléspectateurs lors des nombreuses coupures inhabituelles pendant la retransmission du quart de finale Côte d'Ivoire-Guinée équatoriale. Une aisance naturelle dans le phrasé et l'habitude désormais du petit écran lui ont permis de s'en sortir sans casse.

A 38 ans, ce fils d'infirmier poursuit ainsi son rêve d'enfant, qui a toujours été de devenir journaliste. D'ailleurs, quand il échoue au baccalauréat en 1993, son père décide de le muter au lycée classique d'Edéa, estimant que son fils, qui était parmi les premiers de la classe tout au long de l'année, a raté l'examen à cause de ses engagements de président du club journal du lycée bilingue d'Edéa. Mais d'un lycée à l'autre dans la ville-lumière, Martin Camus va rester accroché à sa passion, puisqu'il devient également président du club journal au lycée classique, ce qui ne l'empêche pas cette fois de passer son bac avec la mention assez bien. C'est le départ pour l'université de Douala où il s'inscrit à la faculté des lettres et sciences humaines, section communication, naturellement. «Après la licence et dans l'incapacité pour mes parents de payer mes études, je me consacre entièrement au journalisme avec lequel je flirtais jusque là. Je m'inscris ensuite à des cours par correspondance qui me permettent d'obtenir un diplôme en journalisme. Je n'aime pas souvent en parler parce que je ne suis pas partisan des batailles d'école pour exercer le métier qu'on a choisi et qu'on aime», relate Martin Camus Mimb qui va se consacrer à la bataille du travail de terrain pour assouvir sa passion.

Petit Abel Mbengué deviendra grand

Cette flamme pour le journalisme est née pendant ses années du primaire. L'intéressé se raconte avec une délectation renouvelée : «J'aimais bien commenter sans aucune technique particulière les matches entre jeunes du quartier. Mais lorsque ma maitresse à l'école primaire a commencé à m'appeler Abel Mbengué, je me suis dit que peut-être j'avais une vocation. Au lycée, la flamme est montée et j'ai créé le club journal du lycée bilingue que j'ai dirigé pendant plus de cinq ans, avant d'aller prendre celui du lycée classique d'Edéa. Mais à Edéa, je fais la rencontre d'un monsieur, Victor Minka, journaliste affecté à la préfecture qui me prend en main, m'apprend à rédiger, me parle du journalisme et forcément la passion double d'intensité».

Hors de son cocon d'Edéa, l'aventure journalistique commence pour Martin Camus comme correspondant pour la Sanaga Maritime de l'émission ''Chaude fréquence'' créée par Jacques Logmo sur la chaîne urbaine FM 105 CRTV de Douala. Une fois à l'université de Douala, le jeune homme, tout en fréquentant la radio, entame une collaboration en presse écrite, dans les colonnes du journal Dikalo, sous les ordres de Armah Tetteh et Célestin Biake Difana. A la sortie de l'université, Dikalo lui confie la coordination de la rubrique sport, où il passa quatre ans, avant de rejoindre l'équipe de la chaîne de radio et télé naissante Equinoxe. Six années plus loin, le voilà recruté par une autre chaîne de Douala, Spectrum Televison (STV). Entre temps, il est aussi correspondant de l'émission d'Alain Foka sur Radio France Internationale, ''Médias d'Afrique'', et du journal français So Foot. Désormais, rien ne va plus l'arrêter ; il collabore à Canal France International à l'occasion de la Coupe du monde 2010 et commente des matches pour Canal + pendant la Can 2012 en cours.

Dans ce parcours intéressant, tout n'a pourtant pas été aisé pour ce chef de famille et père de trois enfants. Il déplore notamment les difficultés d'accès aux sources d'information et la précarité dans laquelle les promoteurs des médias au Cameroun soumettent leurs collaborateurs journalistes : «Je me suis souvent trouvé en train de dépenser mon propre argent pour des émissions sponsorisées ! C'est très grave, mais je le faisais par passion». Heureusement, il y a eu cette passerelle avec de grands groupes audiovisuels français : «Le meilleur souvenir du journalisme que j'ai, c'est cette finale de coupe du monde 2010 que je commente au Soccer City et je fonds en larmes à la fin, débordé par l'émotion et me posant la question de savoir comment j'ai fait pour être là parmi les élus pour cet évènement unique. J'ai vu Nelson Mandela et j'ai eu la chair de poule ; C'est inoubliable !»

De quoi être fier d'avoir voulu ressembler à de glorieux aînés de la profession, dont il énumère les noms et les qualités, sans tabou : «Je me plaisais bien dans le nom de Abel Mbengué que tout le monde m'a donné étant plus jeune. Malheureusement, Abel sortait de la profession quand j'y entrais et du coup je n'ai pas pu l'écouter avec des oreilles savantes. Au lycée, on m'appelait Charles Ndongo et là franchement, j'étais envouté par le personnage, son émission ''Premières lignes'' à la jeune télévision camerounaise, sa présentation du journal... Mais mon modèle que j'ai choisi par la suite et qui pour moi reste le meilleur de tous les temps, c'est Abed Nego Messang. J'enregistrais ses chroniques à ''Dimanche midi'', je récitais ses phrases et ses tournures à la limite de la poésie. C'est mon modèle, je veux lui ressembler et faire mieux que lui. Cependant, Jean Lambert Nang a sérieusement influencé mon style ! Son impertinence m'a aidé et j'ai compris par la suite que quand on veut être respecté, on se doit de rester impertinent à l'antenne, même avec des amis».

Et il va donc chuter sur ce ton impertinent, en liant son actualité professionnelle à l'actualité du football camerounais : «Je vis l'une des plus belles Can que je couvre depuis 2002 et l'absence du Cameroun n'y a rien changé. Ceux qui au Cameroun passent le temps à penser que les journalistes embêtent quand ils dénoncent, ont eu la preuve que même quand le Cameroun est absent, les journalistes, eux, sont présents ; ceux-là ont donc intérêt à mieux gérer leur football». Du Camus Mimb craché !

Emmanuel Gustave Samnick

Repères

5 octobre 1973 : naissance à Mouanko
1990 : BEPC au CES bilingue d'Edéa
1994 : baccalauréat A4 au lycée classique d'Edéa
1997 : licence en communication université de Douala
1998 : chef de rubrique sport à Dikalo
2002 : recruté à Radio Equinoxe
2008 : arrive à STV
2010 : commente la finale de la Coupe du monde pour le groupe CFI
2012 : commente les matches de la Can pour Canal +

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