Livre. Injustices sociales : Duval Lebel Ebale traduit les gros poissons devant Le tribunal du Peuple…

C.P: Rhoméo Mbadzama Awono Samedi le 14 Avril 2012 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Voici un livre de 220 pages au titre évocateur : Le Tribunal du Peuple. Flanqué d’un sous-titre non moins révélateur : « Ma vérité contre le système 50 ».

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 Son registre littéraire demeure pourtant un mystère !Tant il est difficile de le classer dans l’une des catégories existantes. L’auteur, Duval Lebel Ebale, retrace sans ingrédients artistiques, son tortueux itinéraire et ses péripéties comme présentateur de l’émission du même nom que le titre de son ouvrage à Sky One Radio. Mélangeant alors pêle-mêle phénomène d’enchâssement, narration, dialogues, romance, illustrations parfois imagées…voire confession de foi. Pour se découvrir même enfin de compte un destin d’homme providentiel de président de notre république ! Le pas est vite franchi. De quoi rêver !


Sur la forme, le livre semble ne respecter aucun canon académique en matière de présentation ; et on comprend ainsi alors facilement la maigreur intellectualisante de son auteur. Le placement des remerciements à la fin de l’ouvrage ne s’expliquera que difficilement. L’existence de trois introductions en atteste aussi. Pages 5, 6 et 8. Autre monstruosité méthodologique : la présence de deux dédicaces sur deux pages différentes dont une au verso de la page 2 et une autre à la page 4. Sauf à prouver une différence non contradictoire fondamentale entre « dédicace et à la mémoire de !».Pour un livre à la portée pourtant volontariste, il eut été nécessaire de prévoir également et au moins un sommaire en début d’ouvrage. Très élémentaire comme principe en matière d’édition. Tout aussi élémentaire la nécessité des notes de bas de page ; compte tenu de la multiplicité valeureuse de ses sources d’informations. Et de tout ce mélange de fioritures, la disproportion technique de présentation du contenu est trop flagrante pour passer inaperçu : une première partie de 169 pages et une deuxième (au lieu de seconde parce qu’il n’existe pas de troisième) de 33 pages ! Quel déséquilibre ! Décalage allant de paire avec les milliers de cas de coquilles contenues dans chaque page du livre. Pour s’en convaincre à titre illustratif, il suffit d’aller à la page 28, deuxième ligne du dernier paragraphe : « …et je leur en suis gré… ». À la page 39, 7è ligne, « …si on le avait payé… », 13è ligne, « oui Camtel ma l’a payé… », 19è ligne, « …référé d’heure è heure… » ; page 40, « …je voudrai donc dire… »Le livre est plein de ces fautes que l’on pourrait mettre sur le compte de la précipitation et pourquoi pas de la couardise académique. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir est totalement maltraité. Jusqu’à la « table de matière » ! La liste ne saurait être exhaustive !


Malgré l’absence d’une matérialisation du livre en chapitres, le constat est regrettable d’un niveau de langue approximatif ; l’ouvrage a quand même le mérite de mettre sur la place publique les injustices subies par le petit peuple ; injustices dues au fait de la résurgence de l’état de nature dans notre société : les gros poissons mangeant les petits. Et c’est ainsi que des noms célèbres sont cités : Philippe Menye Me Mve, Zacharie Mbatsogo, David Nkotto Emane, Biyitti Bi Essam ; Colonel Njock Parfait entre autres.
L’autre mérite est surtout que le livre révèle la résolution de ces injustices à la faveur des ondes qui crachaient ainsi la honte aux trousses des concernés ; ces gros poissons aptes à uniquement manger les petits. Fuyant le scandale, ces messieurs et dames se dépêchaient de se conformer à la morale en vigueur du départ. Toutes ces vérités, il faut davantage le révéler ici, n’étaient pas bonne à dire évidemment pour ces « grosses baleines ». D’où les nombreuses menaces et autres intimidations dont Duval lebel Ebale aura été l’objet. D’où également sa déchéance par la suspension de son émission et partant de la fermeture de Sky One radio. Il cite des noms, donne la lignée des conspirateurs parmi lesquels ses plus proches collaborateurs et son propre patron d’antan : Joseph Angoula Angoula, PDG de la radio. La douche écossaise que l’auteur reçoit ne sera pas oubliée de sitôt. La parution du présent livre en est une preuve. À cette triste litanie des saints du diable, il faudra bien sûr ajouter le nom de l’actuel Mincom, Issa Tchiroma Bakary, intimidateur par excellence reconverti en défenseur des valeurs du président Biya. Hier encore dans l’opposition où il criait sa galère dans la radio sky one, et aujourd’hui réinscrit dans la mangeoire du gâteau national, son langage change de verbes et d’accords au gré des vents, vents parfois contraires !
Au demeurant, le livre mérite une relecture appropriée, déjà dans le tapuscrit, pour le grand plaisir des camerounais qui ne demandent et ne cherchent qu’à avoir l’information, la bonne information. Donner la vérité, d’accord ! Mais il faut une méthode pardi ! Vivement que l’auteur se rapproche des talents autorisés afin que son ouvrage, loin de toute perfection bien sûr, subisse les aménagements nécessaires. C’est le prix à payer quand on respecte le peuple pour lequel on a mis sur pied un tribunal, le Tribunal du Peuple. Dans tous les cas, nous n’avons pas là à faire à un écrivain au sens ordinaire du mot ; mais davantage droit à la personne d’un écrivain public. Bien que ses déclarations des temps derniers portent à croire que son livre a plutôt une fonction propitiatoire. Appelant de tous ses vœux à un changement radical des événements. D’où sa candidature à la présidentielle passée. Bref c’est une œuvre à la mie de pain que nous a servis l’auteur ou ce qu’il en est en ce début 2011. Vivement que le tome II, pompeusement par ailleurs déjà annoncé, attende encore la fin de la digestion assez douloureuse de son actuel devancier. Et ce sera justice !

Rhoméo Mbadzama Awono,

Écrivain-Juriste

 

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