Cameroun - Communication. Le jeudi noir de la journaliste Adrienne Engono Moussang après son Interpellation

cameroun24.net Vendredi le 22 Mars 2019 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Arrêtée hier 21 mars en matinée à son domicile au quartier Ekounou, lors des opérations de bouclage de la police, la journaliste en service au quotidien Mutations a été libérée autour de 12h lit-on dans les colonnes du quotidien Mutations.

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Hier 21 mars, il est environ 10 heures. La salle de rédaction du quotidien Mutations est vide. Pourtant, nous sommes un jeudi, l’un des jours retenus pour la traditionnelle conférence de rédaction ; laquelle a toujours lieu dès 09h. Du Directeur de publication (Dp), Georges Alain Boyomo, aux stagiaires, en passant par le rédacteur-en-chef, les chefs de service et les reporters ; toute la rédaction de votre journal s’est déportée au commissariat du 14earrondissement, situé au quartier Ekounou dans l’arrondissement de Yaoundé 4. Le chef de service de la rubrique Santé-Environnement au quotidien Mutations, Adrienne Engono Moussang, y a été conduit autour de 07h par des éléments de cette unité de la police, alors qu’ils étaient en pleine opération de bouclage dans le coin. C’est donc la première fois que le journal ne tient pas la conférence de rédaction.

A l’intérieur du commissariat, dans une étroite pièce se trouvant au fond du lugubre bâtiment situé derrière le Labogénie, la journaliste du quotidien Mutations est assise sur un banc installé devant une fenêtre ; laquelle est dépossédée de toutes ses vitres. Elle esquisse un sourire quand un visiteur vient pour s’enquérir de la situation. « Tu es là ? », lance-t-elle en accueillant les siens. Aux côtés de celle qui est également appelée « La mère », Carole Prudence Tientcheu de la radio Royal Fm et Toni Moussango, son fils aîné.

Le visage rivé sur son téléphone, elle veut sans doute éviter de promener son regard dans l’exiguë pièce qui sert de bureau à un inspecteur de police. La salle dégage une odeur de poussière. Sur la table, des formats sont sens dessus dessous. Des toiles d’araignée foisonnent sur un vieux meuble coincé contre le mur ; lequel est aussi complètement couvert de poussière. Devant celui-ci, se trouve un banc. Il est occupé par une dizaine d’individus qui, au fur et à mesure qu’on fait l’appel, libèrent la salle. Sans doute, ils ont été embarqués lors de la rafle.

La folle journée de Adrienne Engono Moussang commence autour de 07h. « J’ai croisé deux policiers à l’entrée de chez moi. Ils m’ont demandé de me présenter. Je l’ai fait. Ensuite, ils ont voulu faire une perquisition dans ma maison. J’ai exigé une autorisation car, je voulais avoir un document qui puisse me garantir qu’ils devaient le faire. On a échangé. Le commissaire a insisté sur la perquisition. Je lui ai dit que je suis tout à fait d’accord mais, je veux tout simplement savoir s’ils sont autorisés à fouiller ma maison. Ils se sont donc énervés. Ils m’ont embarquée, en compagnie d’autres dames, arrêtées bien avant », narre-t-elle.

La journaliste a d’abord été conduite au palais de justice d’Ekounou. Puis, « ils m’ont amenée au commissariat du 14earrondissement, toujours à Ekounou ». Libérée autour de 12h, Adrienne Engono Moussang a passé plus de 05h au commissariat. Les motifs de son arrestation, précise-t-elle, ne sont pas liés à l’exercice de sa profession. « Ils me qualifient d’instigatrice à la rébellion. Ce que je n’ai pas accepté. Lorsqu’ils m’ont entendue, ils ont essayé de m’expliquer ce qu’on entend par rébellion. Moi, je leur ai dit que je n’étais pas d’accord. Je n’ai pas instigué à la rébellion ».

« Alerte. Ma collaboratrice, Adrienne Engono Moussang, a été embarquée ce matin par la police, qui a fait irruption chez elle. Sa faute, avoir demandé un mandat de perquisition. Elle se trouve en ce moment au commissariat d’Ekounou ». Ce post du Dp du quotidien Mutations, publié autour de 08h a, en un laps de temps, a été partagé 35 fois. La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux. L’alerte a été lancée par ceux qui savent si bien le faire. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), s’est mobilisé à cet effet.

Son président régional dans le Centre, Thierry Eba, les confrères Élise Kenembeni de Label Tv, Prince Nguimbous de Le Jour et bien d’autres journalistes ; ont pris d’assaut le commissariat du 14e arrondissement. « Je remercie les membres du Snjc, qui se sont mobilisés. Nous nous sommes dit que nous ne laisserons plus un journaliste incarcéré quelque part. Je sors de l’hôpital, mais j’ai aussitôt accouru pour dire non. On ne dit pas que les journalistes doivent tout se permettre. Mais, il faut quand-même qu’on respecte ce métier qui est aussi épuisant. Même si nous sommes dans une société où on ne reconnait pas toujours l’apport du journaliste », a déclaré le président du Snjc-Centre, Thierry Eba.

En service au quotidien Mutations depuis 2012, Adrienne EngonoMoussang, a d’abord travaillée au quotidien Le Jour. Diplômée de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication(Esstic), spécialisation publicité en 1998, cette originaire de Bokaga, canton Gumu-Sud, dans l’arrondissement de Bokito, département du Mbam et Inoubou dans la région du Centre est mariée. Elle est mère de plusieurs enfants et petits-enfants.

Jenner Onana
 

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