Cameroun - Environnement. Protéger les besoins des populations tributaires de la forêt est essentiel pour sauver les forêts du Bassin du Congo

cameroun24.net Samedi le 09 Février 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Il est crucial que les droits et les besoins des communautés tributaires des forêts, y compris les peuples autochtones, soient au centre des politiques des gouvernements et des donateurs dans tout le bassin du Congo. Cela est vital pour la protection des forêts de la région, la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Telle est la substance d'une réunion tenue ce jour (8 février) à Yaoundé, au Cameroun.

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La rencontre sur le renforcement des actions visant à améliorer les moyens de subsistance des communautés forestières dans le bassin du Congo, qui s'est tenue à Yaoundé les 6, 7  et 8 février, a été organisée par CoNGOs - un consortium dirigé par l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) composé de Fern, du Centre for Environment and Development (CED) et de l'African Institute for Social and Economic Development (INADES Cameroon), tous organisateurs de l'événement. Il œuvre pour la protection des forêts au Cameroun, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), au Gabon et en République du Congo et pour l'amélioration des conditions de vie des femmes et des hommes qui dépendent des forêts.

Le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, et reste crucial pour la stabilité climatique future.  Plus de 40 millions de personnes-dont un très grand nombre vit dans une abjecte pauvreté- dépendent des forêts du bassin du Congo pour leur subsistance , et  cette population augmente.

Les gouvernements du bassin du Congo et les bailleurs de fonds doivent s'assurer que leurs politiques et lois renforcent le contrôle local sur les terres forestières et protègent les droits des populations locales. Actuellement, seule une petite fraction des terres de la région est sous contrôle communautaire. Il est essentiel qu'ils permettent aux peuples autochtones, qui conservent les forêts depuis des générations, de conserver leurs territoires coutumiers et de décider eux-mêmes de l'usage qui en est fait. Il est également important que les communautés qui veulent développer des entreprises forestières et agroforestières puissent le faire.

Les processus doivent être simplifiés. A la place de multiples étapes impliquant diverses agences gouvernementales dans des villes éloignées, un enregistrement local rapide devrait être possible pour les entreprises - en particulier lorsque leurs activités sont basées sur l'agroforesterie plantée ou sur des produits forestiers non ligneux tels que les produits de canne, les fruits, le miel, les huiles et résines. Leur rentabilité future motivera les gens à protéger la forêt.

Au cours de la réunion, des réflexions ont été menées  sur  les expériences dans le Bassin du Congo et dans d'autres pays, la manière dont les droits des communautés peuvent être garantis et appliqués dans les processus nationaux pour obtenir des résultats positifs dans la foresterie communautaire. A ce propos, ClientEarth a lancé Les forêts au coeur de la gestion des forêts: comment la loi peut faire la différence? , qui propose des recommandations pour le bassin du Congo s'inspirant sur la foresterie communautaire au Népal, aux Philippines et en Tanzanie.  

Cinquante-cinq participants issus de huit pays ont assisté à l'événement, dont des représentants de la Feuille de route de Brazzaville pour l'intégration de la gestion communautaire des forêts dans le programme de développement durable 2030, du Ministère des forêts et de la faune du Cameroun, du Ministère des petites et moyennes entreprises, de l'économis sociale et de l'artisanat, et du Ministère de l'environnement et du développement durable de RDC. Y ont également participé, des ONG nationales et internationales et des représentants des communautés, qui oeuvrent en faveur des droits forestiers communautaires depuis 20 ans, ainsi que certaines des entreprises forestières communautaires développées par le consortium CoNGOs.

Anna Bolin, directrice du consortium CoNGOs à l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED), a déclaré : "Même si les gouvernements affirment qu'ils soutiennent les entreprises forestières durables et contrôlées localement, il subsiste des goulots d'étranglement administratifs complexes privatifs de toute incitation à protéger la forêt. La priorité est donnée aux grandes concessions industrielles et à l'agro-industrie. Cela détruit l'environnement et réduit la capacité des populations locales à se développer et à s'épanouir. Un changement est impératif. Les politiques doivent faire des droits forestiers locaux une priorité, encourager l'investissement dans les services et lever les barrières administratives complexes qui bloquent les entreprises forestières locales durables".

Dans le même sillage, Madame Fifi Lekunde Mboyo, Directrice de la Division des forêts communautaires, Ministère de l'environnement et du développement durable, RDC  a précisé que "la Division des forêts communautaires a pour mandat d'étendre la foresterie communautaire à l'ensemble du territoire national. A cet effet, tous les citoyens congolais ont droit à un environnement propre et sain; ils ont le droit d'exiger des services du gouvernement et d'exploiter les ressources forestières d'une manière durable."

Alphonse Maindo, Directeur, Tropenbos RDC, quant à lui, a indiqué  "qu'il ne faut pas oublier que ces forêts sont protégées et gérées depuis des millénaires par les communautés locales, sans avoir besoin d'un décret présidentiel. Le cadre juridique dont nous disposons aujourd'hui est une reconnaissance de ces capacités. Mais ils ont aussi besoin de soutien pour maintenir ces droits et développer leurs territoires. Le règlement stipule que l'application est "gratuite", ce qui donne une fausse impression d'une réalité très différente. Dans notre évaluation dans l'ancienne province orientale, le coût de l'établissement d'une concession forestière communautaire est de l'ordre de 67 000 $ US - dites-moi, quelle communauté locale peut payer ce montant?"

Indra van Gisbergen, Chargée de campagne Développement et Consommation, Fern pense que "les donateurs internationaux et les partenaires techniques et financiers continuent d'appuyer une gestion communautaire efficace des forêts, ce qui contribue à la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Le soutien financier est crucial mais pas suffisant. L'engagement politique est nécessaire pour créer un espace permettant aux communautés de s'exprimer, de garantir le régime foncier et de renforcer la gouvernance, et exige le développement d'une vision commune, le dialogue, la collaboration et la coordination entre tous les acteurs".

Samuel Nguiffo, Secrétaire général du Centre pour l'environnement et le développement (CED)  a souligné "qu'au Cameroun, il existe une réelle volonté d'impliquer les communautés dans la gestion des espaces et des ressources, même s'il y a encore des défis au niveau pratique, comme l'assistance technique à fournir aux communautés qui bénéficient des forêts communautaires. Le cadre juridique dans ce domaine remonte à 1994, et des textes datant du début des années 2000 ont précisé les aspects réglementaires de la gestion forestière communautaire. Il permet aux communautés de s'impliquer dans l'exploitation des ressources ligneuses et non ligneuses, et de faire d'autres usages qui leur permettent de gagner de l'argent sans nécessairement exploiter la forêt."    

Pour Guy Julien Ndakouzou, Coordinateur adjoint, CIEDD, "le projet CoNGOs a permis aux communautés locales et autochtones de faire entendre leur voix ; il fait espérer que les communautés pourront un jour prendre des décisions concernant leurs terres.”  

 

Beth Herzfeld

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