Crise Anglophone. SUD,Crise anglophone : l’apport de la chefferie traditionnelle du Sud

Jacques Pierre SEH | Cameroun24.net Samedi le 21 Octobre 2017 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La société ancestrale reconnaissait la capacité des chefs à la gestion des choses de leurs villages.

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De par l’organisation de la chefferie, on déterminait également la notoriété du village à travers le chef. Ainsi, le chef était impartial, conseiller, éducateur, protégeait son village  et également visionnaire. Il était même prêt pour le sacrifice suprême au nom du bien-être de ses populations. Les époques ont changé, les hommes aussi aujourd’hui on a des chefferies dites modernes. L’actualité relative à la crise anglophone mérite de s’y attarder et nous amène à tenter de rapprocher les époques, pour comprendre ce que peut être la contribution des gardiens de nos us et coutumes à travers leur sagesse. Ainsi, nous avons rencontré un chef traditionnel qui lui voit autrement les choses et pense que quelle que soit la situation, les hommes finissent toujours par s’accorder.


Interview
René Désiré Effa
Président du forum des chefs traditionnels du Sud.

« … Aujourd’hui, les Camerounais n’ont plus accès au minimum vital. Je pense donc pour ma part à un impératif de dialogue sincère, des dirigeants, des chefs traditionnels et toutes les autres composantes de la société »


  Vous étiez du côté du sud-ouest dans quel cadre ?
Nous étions dans le sud-ouest à l’initiative des maires du sud qui ont été très touché par ce qui est arrivé à leur collègue, le maire de Buea. Il faut rappeler que ce dernier a été cambriolé puis blessé par les ennemis de la république. Pendant la réflexion, il a été convenu qu’une délégation du sud profond descende dans le sud-ouest pour une assistance pas seulement au maire, mais à toutes les victimes de ces événements. La délégation était constituée, des maires, députés, sénateurs et de chefs traditionnels d’où ma présence là-bas.
 

Quel était le sujet à l’ordre du jour pendant la rencontre ?
Il était question à travers le maire de Buea, de transmettre nos encouragements à nos frères et sœurs du sud et nord-ouest du Cameroun. Nous sommes allés tour à tour rencontrer le gouverneur, à la mairie où nous attendait le conseil et ensuite à l’hôpital voir ceux qui y étaient alités.  Les transmettre nos sincères encouragements et leur dire que nous sommes ensemble dans cette souffrance, et que nous demeurons des frères, unis derrière un Cameroun uni.
 

Avec vos collègues chefs traditionnels du sud-ouest qu’est ce qui s’est dit ?
Il était question d’affirmer que nous devons prendre nos responsabilités, assumer et intégrer le fait qu’un chef est comme un parent. Les enfants, qu’ils soient présidents de la république, ministres, Dg, élus du peuple viennent des villages. Et ce sont des chefs qui sont à la base et doivent les donner des conseils nécessaires pour leur développement. Il s’agit d’une responsabilité qui incombe aux chefs à la base pour l’harmonie de tous ses enfants.
 

Vous êtes chef traditionnel ainsi, quel peut être le portrait d’un bon chef ?
Sans prétention, le chef c’est déjà un père quelque soit son âge, un modèle dans la société, quelqu’un qui prêche par l’exemple. Il doit être sérieux, juste, honnête, visionnaire et quelqu’un qui sait anticiper en donnant de bons conseils et en préparant ses enfants à être de bons citoyens. Le chef doit veiller à ce que sa population puisse vivre dans la paix et de façon harmonieuse. Enfin, il est le parent de tout le monde du nord au sud et de l’est à l’ouest sans distinction. Bref,  les missions premières des chefs sont,  de protéger et d’encadrer les « Hommes », de véhiculer et de transmettre les us et coutumes.
 

Vous vous considérez plus comme auxiliaire de l’administration ou gardien des traditions ?
Nous sommes des gardiens de nos us et coutumes et collaborateurs de l’administration, mais le texte sur la chefferie dit que le chef est auxiliaire de l’administration. Mais à l’analyse, ce texte n’est pas péjoratif sauf si on veut le prendre du mauvais bout. Le chef doit collaborer avec toutes les administrations dans le sens de la protection de ses hommes et leurs biens en vue de leur épanouissement.
 

Vous êtes au parfum de l’actualité qui se vit du côté du sud et nord-ouest, qu’en dites-vous ?
Il faut noter que le Français ou l’anglais sont nos langues d’emprunt qui ont une marque coloniale. Chacun de nous a une langue maternelle, ce sont ces langues qui constituent notre identité. Ainsi, chef traditionnel que je suis, je dis que nous n’avons pas un problème anglophone, francophone, nous sommes des Camerounais. Il ya aujourd’hui des mécontentements dans une zone du pays. Le plus important est que lorsqu’il y a des points d’ombre, que les frères puissent s’assoir et discuter. Tous les problèmes ont des solutions pourvu que le dialogue soit privilégié. Il est question de savoir d’abord ce qui fait problème, et dans ce cadre de négociation,  chaque partie doit pouvoir accepter céder quelque chose.
 

Réellement qu’est ce qui fait problème selon vous majesté ?  
Le vrai problème aujourd’hui, c’est la misère de la large majorité des Camerounais. C’est que le gâteau national est mal réparti, c’est qu’il y a une minorité qui s’est accaparée de tous les biens du pays et une majorité croupissant dans la misère. Aujourd’hui, les Camerounais n’ont plus accès au minimum vital. Je pense donc pour ma part à un impératif de dialogue sincère, des dirigeants, des chefs traditionnels et toutes les autres composantes de la société.
 

Comment sortir donc de ce mal être de la majorité des citoyens ?
Je ne dispose pas un schéma miracle, mais je sais que l’état met beaucoup de ressources pour améliorer les conditions de vie des populations. Malheureusement, ces moyens n’arrivent jamais aux destinataires à la base, les gens se jettent alors dans les opérations de survie. La solution ici passe par l’effectivité de la décentration. Celle-ci va permettre aux populations non seulement de choisir elles mêmes leurs représentants, mais aussi de gérer localement et de manière autonome leurs problèmes. Modestement, je pense que cette action décrispera l’atmosphère, les communes doivent devenir opérationnelles aujourd’hui. Un chantier plus important encore, c’est la moralisation des Camerounais. Nous sommes de très mauvaise moralité, corrupteurs et corrompus, on ne sait même plus qui faire confiance, et les soupçons s’étendent de partout. Là encore, les chefs sont interpellés dans l’éducation de leurs populations. Les chefs ont presque démissionnés de leurs missions de conseillers permanents. Aujourd’hui dans les villages, lorsqu’un enfant à des moyens dont on ne maîtrise même pas la provenance, il devient patron de la contrée, il est appelé élite conséquence il devient subitement  sage et intelligent. Cette catégorie a infiltré aujourd’hui la chefferie et d’autres  sont mêmes devenus de grands notables.
 

Quels conseils pour les  Camerounais aujourd’hui ?
J’insiste, nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes tous fils de ce pays. Il nous appartient ainsi, nous devons tout faire pour préserver nos acquis. Nous devons ainsi développer la patience, l’écoute des autres car, la paix ne se décrète pas mais  elle se construit plutôt.

Propos recueillis par Jacques Pierre SEH
 

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