Can 2015 Joseph Antoine Bell, “Finke a commis une erreur personnelle”
L’ancien gardien de buts des Lions Indomptables reproche au technicien allemand ses choix tactiques.
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Après le match nul de mardi dernier contre les Aigles du Mali, est-ce que vous avez retenu un point positif ?
Egaliser par un jeune, c’est encore mieux, ça veut dire que les jeunes peuvent continuer à travailler en se disant que l’avenir leur appartient.
Comment expliquez-vous ce début de match difficile contre le Mali pour une équipe qui s’est qualifiée sans problème ?
Eh bien, c’est là le problème des Camerounais. J’ai entendu plusieurs choses qui sont réductrices et même aberrantes. Quand on sort d’une déception en Coupe du Monde, on ne peut pas faire ce que nous avons fait.
Nous avons fait quoi ?
Lorsque vous avez perdu contre la Croatie, vous ne vous dites pas que vous êtes mieux portant parce que bous avez battu la Sierra Leone ou parce que vous avez battu la Rdc ; laquelle Rdc vous avez battue lors des éliminatoires de la Coupe du Monde.
Où voulez-vous en venir ?
Ça veut dire que, de retour de la Coupe du Monde, une victoire contre la Rdc ne peut pas être prise comme un exploit, surtout après ce qui s’est passé en Coupe du Monde. Il faut savoir se situer ; c'est-à-dire que si on est un prétendant à l’échelle mondiale, battre la Sierra Leone ne serait pas une référence, tout comme battre la Rdc. Ou alors on se situe comme un petit qui se bat en Afrique ; dans ce cas, quand on bat la Rdc ou la sierra Leone, on peut exulter et dire qu’on est très content. Mais, je continue à rester dans l’optique de retrouver ce que nous avons connu dans le passé, c'est-à-dire une équipe qui titille les meilleurs du monde. Dans ces conditions, nous devons dire que nous ne sommes pas guéris de la Coupe du Monde. Regardez à quel point nous sommes tombés.
Nous en sommes à rester dans les souvenirs des quelques victoires engrangées. Je vais vous rappeler quelque chose : autrefois, quand il n’y avait qu’un représentant africain à la Coupe du Monde, le Cameroun prétendait qu’il pouvait être celui-là. Quand il y en a eu deux, le Cameroun était de ces deux là. A fortiori quand il y en a eu trois, plus fort quand il y en a eu cinq. Donc, quand le Cameroun en vient à ne plus aller en Coupe du Monde avec la même Afrique et les mêmes pays, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui s’est passé chez lui. De la même manière, comme de droit divin, le Cameroun allait à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. C’est ce même Cameroun qui se retrouve à se féliciter de s’être qualifié à une phase finale de Can.
Quand on joue un tel match contre le Mali, comment aborde-t-on le deuxième contre la Guinée ?
Il est important qu’aujourd’hui, l’équipe du Cameroun réalise qui elle est ; qu’elle cesse d’être le Cameroun du passé. Il faut que le Cameroun soit le Cameroun d’aujourd’hui. Et pour le Cameroun d’aujourd’hui, j’applaudis pour ce qu’ils ont fait. Les Lions n’ont fait que ce qu’ils peuvent faire et c’est vraiment ça leur niveau. Maintenant, il y a des réglages à faire ; je trouve qu’ils n’ont pas été bons parce que Finke est conscient de l’équipe qu’il a. En fin de partie, vous l’avez vu aller féliciter les arbitres, parce qu’ils auraient pu accorder le but malien, qui était un hors-jeu.
Lui, il ne le sait peut-être pas, il pense que les arbitres lui ont fait un cadeau. Or, les arbitres ne sont pas là pour faire des cadeaux. Il y avait, à mon avis, deux choses dans cette équipe. La première c’est que les milieux défensifs étaient beaucoup trop bas, mais Finke a commis une erreur personnelle : si Enoh sort à cause d’une douleur musculaire au bout de 10 minutes, ça veut dire que vous la connaissiez. Et si vous la connaissiez, au lieu de lui faire jouer 10 minutes et que la compétition soit terminée pour lui, il valait mieux lui donner trois à quatre jours de repos, voire une semaine, afin qu’il joue en bonne santé. Or, il l’a fait jouer et ça a tout perturbé.
Que faire, d’après vous ?
Il a fait rentrer Franck Kom manifestement avec des consignes défensives. Donc, Franck Kom s’est pratiquement retrouvé au niveau des arrières centraux. On avait cru que le dispositif tactique avait changé, alors que non. Mais, Franck Kom jouait trop bas, Raoul Loé jouait trop bas, ils étaient carrément au niveau de leur défense, comme si la défense centrale était peu en confiance et qu’il fallait venir la renforcer. Du coup, ça vous déséquilibrait l’équipe et cette formation qui était beaucoup trop étirée n’a pas pu produire du jeu. Ça c’est quelque chose qu’on peut rectifier.
Propos recueillis par Ateba Biwolé, à Malabo
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