Cameroun - Politique SUD,Comment rendre attrayant une offre politique
Tel a été la réflexion au centre des débats le 20 juin dernier à l’hôtel les Destinées à Ebolowa à l’occasion de la formation des partis politiques, les organisations de la société civile et les médias, sur le projet de société, la démocratie participative et le processus électoral, une initiative de l’Ong « un monde avenir » dont le projet est initiative citoyenne pour le renforcement de la démocratie (Incred).
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Selon Philippe Nanga responsable de l’Ong « un monde avenir », il est question de contribuer au renforcement de la démocratie à travers une élection transparente et citoyenne. Alors, 2018 est supposé être une année dite électorale, il ne sera pas superflu d’échanger avec les acteurs de tout bord d’où l’objet de cette atelier d’Ebolowa. On adhère à un parti politique par conviction selon Michel Nkenfouet formateur, on jouit d’une légitimité à parler au nom des autres. Les années 90 ont marqué de manière significative la vie politique, avec la création et même la prolifération des parties politiques. Les élections au Cameroun pour l’ensemble des parties prenantes, état, elecam, les partis politiques, la société civile, les médias sont considérés comme une opération ponctuelle qui se limite au vote des électeurs. Or l’environnement sociopolitique n’est pas figé, il est dynamique. Pour ce fait, il est important qu’il soit rythmé par un cycle électoral connu de tous. Mais dans le contexte Camerounais, seul le président de la république peut convoquer le corps électoral, ce qui fragilise le système électoral et handicape par ricochet d’autres partis politiques sauf le sien, dans la préparation des élections, les élections mettant en scène plusieurs acteurs. Ce qui doit être réglementée afin de garantir des élections libres, indépendantes et transparentes. La réglementation devant prendre en considération, les différentes phases ainsi que leurs impératifs. Le code électoral parcouru par les participants a permis de comprendre qu’il détermine l’organe en charge de la gestion des élections Elecam, il précise également les attributions ainsi que les opérations nécessaires au déroulement des élections. L’intervention des médias dans le cycle électoral devrait donc concilier le souci d’assurer la liberté d’expression, l’égalité entre les candidats et leur traitement impartial afin de ne pas fausser le choix des électeurs. Selon l’exposant, il s’agit d’un exercice encadré de la liberté d’expression en vue de réaliser un certain équilibre entre ces droits indépendants. D’autant plus que les médias ont un rôle d’éduquer les électeurs en matière électorale, de les informer sur les différents partis politiques en compétition, de donner la parole aux partis et aux candidats pour débattre entre eux et se faire connaitre. En second exposé ce qui va permettre au Pr Claude Abe d’aborder la thématique de l’élaboration du projet de société et la stratégie de communication. Selon le sociologue politiste dans la scène politique de l’Afrique subsaharienne, il existe une constante qui se définit en termes de déficit. Ainsi, ces scènes politiques seraient caractérisées par le manque. Au Cameroun, cette caractéristique du manque se traduit par soit l’impréparation à jouer le jeu politique. Ainsi, on voit alors les acteurs sociaux s’improviser en acteurs politiques oubliant que faire de la politique constitue tout un art avec ses techniques et procédés qu’il convient de maîtriser si l’on ne veut pas se retrouver en déphasage dans une situation où les échecs rivalisent avec le nombre d’initiatives. Cette absence de professionnalisme s’observe tout particulièrement par l’absence de dimension programmatique dans l’entreprise politique des organisations partisanes et des acteurs qui les représentent. Ce qui a permis à Dr Guy Parfait Songué politologue, enseignant chercheur à l’université de Douala de parler de la démocratie participative. Pour lui, il est question ici de fabriquer les citoyens c'est-à-dire, des personnes qui comprennent de par leur nature, qu’elles sont responsables de l’espace dans lequel elles vivent, qu’elles sont des responsables du Cameroun. A cet effet, elles ont l’obligation de rendre compte quelle que soit leur position apparente. C'est-à-dire qu’il faut avoir des personnes qui cessent d’être des spectateurs, là où elles devraient être des acteurs, d’être des consommateurs là où elles devraient être des producteurs. Ce qui exige une refondation de l’individu depuis la dimension spirituelle même au-delà des logiques traditionnelles, religieuses. Qu’il faut introduire dans les programmes scolaires, les éléments qui sont absents de façon qu’il ait une réappropriation depuis la base. Pour dire qu’on ne peut pas reconstruire l’individu si on ignore l’histoire. Pour Mfeugué Olivier coordonateur régional du Sdf, il est question que tous les acteurs politiques puissent s’approprier de ces enseignements afin de mieux les appliquer sur le terrain en vue d’une élection juste et transparente. Il faut noter que ce projet Incred concerne 8 régions sur dix déjà et va s’étendre sur le reste. Sa durée est de 36 mois et financé à hauteur de 95% par l’Union Européenne.
Jacques Pierre SEH
Réaction
Claude Abe
Sociologue politiste, professeur des Universités, Université catholique d’Afrique centrale
Sur le champ politique au Cameroun les leaders politiques réussissent-ils à offrir aux Camerounais des projets de société pertinents ?
Malheureusement non, beaucoup d’entre eux pensent que la politique c’est juste une histoire de s’engager, de mener un certain nombre de combats autour des carrefours, se faire bastonner par la police. Il y a une indigence programmatique et stratégique dans le contexte du Cameroun qui fait que, au fond l’opposition politique n’a qu’à en vouloir à elle-même. Parce que, le manque de professionnalisme qui habite leurs activités est à la mesure des résultats qu’ils enregistrent.
La donne peut elle être changée alors ?
Oui, il y a une possibilité à réinventer les acteurs politiques à travers des séminaires du genre, ce qui va permettre aux uns et aux autres à découvrir leurs lacunes. A cet effet, si on ne change pas, on arrive au constat selon lequel, l’erreur est humine mais percevrez est diabolique et que finalement on a à faire aux diables. Mais sur la scène politique Camerounaise, il est à croire que ces acteurs politiques ne sont pas des diables, mais des gens qui ont juste mal entamé l’activité et qu’ils ont le droit de glisser mais surtout de se relever. Ce qui est bien faisable, il faut juste installer cette lecture dans le temps qui peut ne pas être court, mais de moyenne dimension.
Comment vendre alors un bon projet de société qui améliore le standard de vie des populations ?
D’abord vous devez savoir que le journalisme n’est pas la communication politique. On est dans un terrain politique qui demande des stratégies selon ce que l’on vise. Il y a des stratégies de gain, de conquête et de notoriété. Or un projet de société se fait pour s’installer dans la durée à cet effet, il faut identifier la cible à laquelle on s’adresse, on élabore alors un discours propre à chaque segment. Une fois ce diagnostic établi, on peut donc construire un plan de campagne. Ainsi, il est question après tout de réinventer la manière de faire la politique pour la rendre professionnelle. C’est la mise en forme des attentes de la société et les présenter dans un schéma évaluable dans le temps et dans l’espace. Il s’agit de faire une analyse de l’existant et une analyse prospective afin de faire comprendre aux populations comment on va parvenir à les créer le bien-être. Quand les citoyens sont édifiés sur les actions qui seront menées en leur faveur ainsi, ils voient la différence et peuvent ainsi porter un choix sur un projet réel de société. Ce qu’on ne trouve pas dans l’activité politique actuelle, on avance et on découvre ce que l’on va faire pour le bien-être des populations. Parce que dans l’ossature du projet de société, on n’arrive pas à se faire une vision réelle de quel type de société nous voulons. On ne peut donc pas avoir des objectifs mesurables et inscrits dans le temps. Ce qui ne permet donc pas d’avoir des éléments de contenu opérationnel bref, une évaluation des ressources disponibles par secteur et par domaine.
Propos recueillis par
Jacques Pierre SEH
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