Cameroun - Communication Cameroun : le tribunal suspend des sanctions prises contre des journalistes par le régulateur des médias
(Agence Ecofin) - C’est un revers pour le Conseil national de la communication (Cnc) au Cameroun. Le Tribunal administratif de Yaoundé, dans la capitale, a décidé de suspendre l’exécution d’une décision portant suspension de deux journalistes de la chaîne de télévision privée Vision 4, émettant à Yaoundé.
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En sa décision du 27 novembre 2014, le Cnc suspendait pour 6 mois le rédacteur en chef, Ernest Obama. Il était sanctionné pour « diffusion sans recadrages de déclarations non fondées portant atteinte à la dignité des personnes ». Bref, le Conseil lui reproche de n’avoir pas su conduire le programme télé qu’il a présenté le 2 décembre dernier. Quant au journaliste Parfait Ayissi, il était frappé après le passage dans son émission d’une invitée qui avait accusé des personnes d’être des soutiens financiers du mouvement terroriste Boko Haram.
Le Tribunal administratif a jugé légère les décisions du Cnc qui n’avait reçu aucun droit de réponse d’un quelconque plaignant prétendument diffamé. Le régulateur est même reproché d’avoir causé du tort à la réputation des deux journalistes. Par ailleurs, la décision du Cnc est viciée dans la forme, car elle ne porte que la signature du vice-président de l’organe, Peter Essoka, sans qu’il ne soit dit si ce dernier représentait les autres membres du Conseil.
Le 27 novembre dernier, le Cnc avait également sanctionné deux autres journalistes du groupe de presse l’Anecdote qui édite la chaîne Vision 4, mais aussi un journal trihebdomadaire et la radio Satellite Fm. Le directeur de la publication du journal La Nouvelle, Jacques Blaise Mvié, avait également été suspendu pour 6 mois. Un avertissement avait été adressé à la chaîne Equinoxe Tv pour diffusion d’images choquantes. Le patron du groupe l’Anecdote, Jean Pierre Amougou Belinga, avait immédiatement contrattaqué en engageant une procédure judiciaire contre le vice-président du Cnc, Peter Essoka, accusé d’atteinte aux droits privés, de violation de la réglementation en vigueur ainsi que d’abus de fonctions par excès de zèle et ignorance du droit. Peter Essoka dirige le Cnc depuis la mort de son président, Mgr Befe Ateba. La procédure contre lui est pendante devant le Tribunal de première instance de Yaoundé où une audience est prévue ce 18 décembre 2014.
« J'entends aller jusqu’au bout de cette affaire, afin que plus jamais le Cnc ne se comporte comme une structure liberticide, un objet aux mains de personnes souhaitant régler des comptes à d’autres », avait annoncé Jean Pierre Amougou Belinga, en prévenant qu’il exigerait « le maximum en terme de réparation du préjudice ainsi subi ».
Les décisions du Cnc avait également été condamnées par la Fédération des éditeurs de presse du Cameroun (Fedipresse). Cette organisation avait notamment dénoncé le « caractère grossier et aveugle des peines infligées aux journalistes, qui portent une atteinte grave à la liberté de presse et à la survie des entreprises de presse ». La Fedipresse avait conclu que : « Par leur gravité, les sanctions du Cnc ignorent toute démarche pédagogique et consacrent le rôle répressif de cet organe : pour des fautes ne présentant pas une intention évidente de nuire, le Cnc a frappé à la limite de la peine maximale, l’exclusion définitive. »
Assongmo Necdem
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