Cameroun - Communication Serge Piabuo Mandiefe : La mesure d’audience est compliquée
Statisticien-économiste chez Rs Studies & Surveys, il explique les pré-requis d’un professionnel du sondage médiatique.
ADS
|
En quoi consiste le travail de mesure d’audience ?
La mesure d’audience détermine l’usage d’un support d’information donné sur une période précise. Ces supports peuvent être la télévision, la radio, la presse écrite, internet ou l’affichage. Quel que soit le support utilisé, la mesure d’audience permet de qualifier cette audience selon un certain nombre de critères sociodémographiques, géographiques, linguistiques et professionnels. Par exemple, on peut être amené à mesurer la fréquence d’écoute de la radio Afrik2, les programmes les plus regardés sur les chaines locales en prime time, le support de presse le plus lus, le site web qui enregistre le plus de visiteurs, etc.
En quoi la mesure d’audience des médias est-elle différente des autres sondages ?
La mesure d’audience est différente des autres sondages parce qu’elle porte sur l’instantané, ce qui la rend plus compliquée que les sondages classiques. Les méthodes de la mesure d’audience varient aussi d’un type de média à l’autre, d’un public à un autre, d’une technologie à une autre.
Quels est le matériel technique nécessaire à une étude d’audience ?
Les matériels techniques varient en fonction du média et de la technologie disponible dans la population étudiée. Sur internet, l’outil de prédilection est le « log file », qui permet d’enregistrer les détails sur les connections, les pages visitées, les commentaires laissés et les contenus aimés ou rejetés. En radio et en télévision, l’interview par téléphone ou en face à face est l’outil prédominant pour les populations à faible niveau d’équipement technologique comme les nôtres. Dans des sociétés technologiquement plus développées par contre, on a affaire à des dispositifs automatisés qui permettent d’enregistrer automatiquement le comportement du panéliste. La mesure d’audience en Tv passe cette fois par l’installation d’un « mouchard » (logiciel ou matériel) au sein du foyer ; et c’est ce logiciel qui permet de mesurer le temps passé sur chaque programme, la chaine de prédilection et la durée de visionnage par jour.
Quel profil académique faut-il avoir pour être spécialiste du sondage ?
Il n’existe pas à proprement parler pas de profil pour conduire un sondage. Au niveau de la conception des sondages, les sociologues, les psychologues et les professionnels des métiers concernés par le sondage sont d’une importance indéniable. Au niveau de la conception des outils de collecte et d’analyse des données, le titulaire d’un bon Master 2 en statistiques ou un ingénieur économiste statisticien peut faire l’affaire.
Y a-t-il des risques de se tromper dans ces mesures d’audience ?
Les risques de biais dans les résultats d’un sondage peuvent provenir de la population étudiée ou de la méthodologie appliquée. De manière générale, la marge d’erreur ne doit pas être supérieure à 5%. Et il est recommandé d’étudier un échantillon d’au moins 1000 individus pour réduire au maximum les biais. Par ailleurs, dans les environnements de méfiance et de duplicité, le risque d’obtenir un résultat qui ne soit pas fiable est plus élevé encore. Quelqu’un est capable au Cameroun de dire qu’il a voté pour le candidat X alors même que son bulletin était celui du candidat Y. De même, l’inculture des citoyens quant aux bénéfices du sondage et la brimade qu’ils ont subie de la part des officiels au début de la décennie 90 constituent des externalités négatives pour un sondage. Dans tous les cas, nous renforçons, chez Rs Studies & Surveys, les procédures de contrôle, de vérification et de croisement pour assurer la robustesse de nos résultats.
Propos recueillis par Viviane Bahoken
ADS