Législatives 2013. Cameroun - Municipales et Législatives: L’opposition va-t-elle en guerre contre elle-même ?

Joseph OLINGA N. | Le Messager Jeudi le 29 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les partisans d’une dynamique de l’opposition camerounaise en vue des élections municipales et législatives du 30 septembre prochain rongent leur frein depuis la convocation du corps électoral. Le chemin vers l’unité de l’opposition, lui, semble parsemé d’embûches.

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«Pouvoir au peuple, bonne gouvernance, changement !» Ces slogans sont clamés depuis le début des années 90 par l’opposition camerounaise. Dans les rues de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Garoua, etc., cette antienne a été reprise, avec un certain entrain, par les populations avides de pluralisme et de visibilité dans la gestion des affaires publiques. Un air qui a rafraichi les espérances de nombreuses populations au début de la décennie nonante. Passé le raz-de-marée de l’opposition aux premières élections municipales et législatives de 1992 et 1997, la tête piquée de l’opposition camerounaise n’a eu de proportionnelle que la désagrégation de la dynamique euphorique des années baptismales du multipartisme au Cameroun. C’est dans cette optique que des tentatives de remise en état sont tentées, jusqu’ici sans grande réussite.

Les multiples plateformes et autres alliances ne manqueront pas d’étaler au grand jour leur caractère singulier et évanescent. Dans les faits, le tableau politique voit la naissance de deux types d’alliances taillées aux mesures des intérêts de ses constituantes. Si le Social democratic front (Sdf) de Ni John Fru Ndi, l’Union démocratique du Cameroun (Udc) d’Adamou Ndam Njoya, le Mouvement progressiste (Mp) de Jean-Jacques Ekindi et de nombreuses autres formations politiques de l’opposition dite « radicale » s’essayent avec un succès relatif à des regroupements aux lendemains tonitruants, l’Union des populations du Cameroun, alors sous la houlette de feu Augustin Frédéric Kodock, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) avec Bello Bouba Maïgari, l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) d’Amadou Moustapha et d’autres tel le Mdr de Dakolé Daissala font le choix de se rapprocher du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) au pouvoir. Des alliances qui, pour l’essentiel, finissent de déstructurer ces formations politiques déjà en mal avec leurs idéaux originels.

La suite, en termes de participation aux échéances électorales locales se conte d’elle-même. Partie de 31 formations politiques en compétition lors des législatives de 1992, «l’opposition» camerounaise va certes caracoler à 45 puis à 47 partis candidats aux échéances législatives de 1997 et 2002. Un chiffre qui a régressé de moitié lors des élections législatives du 30 septembre 2013 à venir. Une chute autant perceptible tout au long des participations des partis de l’opposition (radicale et pro-gouvernementale confondue) à la lecture du nombre de partis en lice lors des différentes élections municipales depuis la première élection pluraliste dans cette catégorie de 1996. De 39 partis présents à cette première échéance, l’opposition camerounaise est passée à 27, 33 puis 32 partis attendus au scrutin pour les municipales du 30 septembre 2013.


Projection politique

Faut-il constater que la démobilisation perceptible de l’opposition dans le cadre de ce double scrutin intervient, une fois de plus, dans un contexte marqué par l’assurance du Rdpc de remporter «sur tapis vert» les élections dans 130 communes sur les 360 que compte le Cameroun et, d’ores et déjà, le parti au pouvoir est d’autant assuré de bénéficier avant même l’échéance de 30 sièges de députés à l’Assemblée nationale sur les 180 que compte l’auguste chambre. Faute de présence de l’opposition (y compris de ses majors) sur l’ensemble du territoire.

Le manque de vision stratégique commune de l’opposition se traduit également dans sa déficience en ressources humaines. Une carence dont la conséquence logique est perceptible dans le défaut des candidats que connaissent les partis concurrents au Rdpc. Pourtant, l’état des lieux connu et ressassé de tous les acteurs de l’opposition tarde à décider les acteurs de l’opposition camerounaise à faire des consensus dans l’optique d’obtenir des majorités conséquentes au terme des élections municipales et législatives en gestation. Au fond, le constat est à un discours inaudible et souvent incohérent. A défaut de programmes politiques ou de société convainquants, l’opposition camerounaise, pour l’essentiel, fait du départ du Rdpc un slogan de campagne. Sans réel impact sur les attentes des Camerounais et de leurs potentiels électeurs.

Est-il possible dans ce contexte d’espérer à un véritable front commun contre le Rdpc dans la perspective de ces élections municipales et législatives ? A l’image des échéances antérieures, la plateforme inaugurale de cette échéance, baptisée en son temps «G7» a fait long feu. Tout comme celle annoncée par certains candidats du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et démocratie (Manidem) semble mort-née. Reste, à l’instant, la plateforme annoncée par l’Udc, l’Alliance des forces progressistes (Afp), l’Union des populations du Cameroun (Upc) et le Cameroon people’s party (Cpp). Une plateforme déjà contestée par quelques factions de l’Upc qui annoncent néanmoins leur «participation» à la campagne électorale. Une campagne officiellement ouverte au 15 septembre 2013.

Considéré à tort ou à raison comme parti leader de l’opposition camerounaise, le Sdf de John Fru Ndi n’entend pas faire de concession avec les autres formations politiques de l’opposition dans la perspective d’une dynamique en vue de la participation des partis de l’opposition au double scrutin du 30 septembre 2013.

Un contraste dans un contexte où nombres d’observateurs parmi les militants du Rdpc entrevoient une capitalisation des rumeurs que connait le parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Calculs inavouables ou individualisme exacerbé, qu’est-ce qui plombe cette opposition camerounaise pourtant si prompte à critiquer ?
A défaut de propositions et d’arguments à l’endroit de ses potentiels électeurs, l’absence de projets politiques structurés et l’échec des multiples alliances organisées par «les oppositions» peut-elle promettre d’une force commune de celle-ci lors des prochaines élections municipales et législatives ? Pourtant un impératif pour espérer une présence et une participation plus active de l’opposition dans les cercles de décision et proposition. Un gage d’équilibrage du jeu politique ou, comme l’indique à récurrence de nombreux analystes politiques, les tares de l’opposition camerounaise résident-elles en fin de compte dans la nécessité de procéder au renouvellement et au rajeunissement de la classe politique camerounaise ? 

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