Cameroun - Politique. Cameroun - 32 ans d’usure: Paul Biya dans l’engrenage de la boulimie du pouvoir

Souley ONOHIOLO | Le Messager Vendredi le 10 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Frais et émoulu, en bon veinard, le président de la République, Paul Biya, ne s’est pas privé de son « one man show » habituel, hier, à la faveur de la cérémonie de présentation des vœux, rituel annuel qui lui est dévolu ; occasion aussi pour beaucoup, de lui vouer un culte. En un seul lieu (le palais d’Etoudi), en un seul jour, devant une pléthore de dinosaures, les caciques, les fossiles, les apparatchiks, les hommes de pouvoir, une constellation de diplomates…, le chef de l’Etat, Paul Biya, s’est donné à voir dans un splendide spectacle, l’un de ses plus favoris.

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Dans la foulée des centaines de « bonne année… Excellence Monsieur le président », le chef de l’Etat, n’a pas fait de la fine bouche. Bien au contraire, il a reçu tout… A cœur joie. Sachant que ses mouvements, sa gestuelle et même le moindre mot qu’il devait livrer allaient être commentés, interprétés surtout par ces moments de grande attente d’un éventuel réaménagement gouvernemental, Paul Biya a, durant toute la cérémonie, donné à se voir dans une représentation théâtrale où, il s’en sort avec les « oscars » de: « seul maître du jeu», meilleur metteur en scène et meilleur acteur. Très enthousiaste, sourire sans retenu et tout aise devant un Peter Mafany Mussonge en pôle position en ce moment; affichant la même fière allure devant le vice-premier ministre, Amadou Ali qui est apparu rassuré et décontracté, le président de la République, s’est montré distant, réservé, presque fuyant, voire indifférent face à certains de ses plus proches collaborateurs.

Le ministre délégué à la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, en a eu pour son compte; lui dont l’oreille a failli se couper en voulant partager la proximité présidentielle; mais davantage parce qu’il avait du mal à se remuer les pouces, en silence, très éloigné du tête à tête entre Paul Biya et le chef d’état-major des armées. La technique de la « terre brulée », doublée de méprise du chef de l’Etat, vis-à-vis de ses collaborateurs, a encore fait mousser la tonne d’humiliations qui vont s’aggravant au fil de jours. Alors qu’on attend de Paul Biya, qu’il donne un coup d’accélérateur dans la moralisation de la dépense publique, en mettant en place des structures offensives et opérationnelles de lutte contre la corruption, l’homme du Renouveau, se plait à « ridiculiser », sinon à tourner en bourrique, ses « créatures ».


Nouveau contrat social

Usé par trente et une années de pouvoir à la limite stérile, le « messie » de 1982 peut-il aussi aisément jeter l’opprobre ou verser de l’ignominie, sur certaines pièces maîtresses qui ont légitimé son désir d’éternité aux affaires en consacrant sa longévité à la magistrature suprême? Paul Biya qui a semblé avouer le cuisant échec de ses hommes (voir son adresse à la nation le 31 décembre 2013), peut-il se tirer seul d’affaires et se sauver alors qu’on attend de lui, mais en vain, une nouvelle transhumance politique; surtout un nouveau contrat social devant permettre de conduire les Camerounais à la victoire contre la pauvreté et la misère? Paul Biya est-il donc piqué par le virus de l’ingratitude, l’égoïsme, l’indifférence? Le chef de l’Etat est-il devenu une personne désincarnée?

Hier encore, Paul Biya a accentué le doute, la désillusion; rendant à certains de ses collaborateurs, la cérémonie fade et cauchemardesque. Mais la diversion d’hier, l’habitude pour Paul Biya, de jeter de la poudre aux yeux de ses concitoyens, son arrogance à l’encontre de ses plus proches collaborateurs peuvent-elles éteindre les braises de la contestation? Lasses d’affronter en permanence des routes mal construites et qui sont pour la plupart des bourbiers, mécontentes des abus divers et autres promesses non tenues, les populations camerounaises, « convoquent » le chef de l’Etat Paul Biya, au tournant de la pose de la première pierre d’une société nouvelle, teintée d’une nouvelle exigence de gouvernabilité. En somme, Paul Biya doit inventer une nouvelle République qui fait de la justice sociale, l’équité et la juste répartition des fruits de la croissance, l’empreinte de la nouvelle gouvernance. 

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