Cameroun - Corruption. Cameroun - Clientélisme et affairisme: Paul Biya jette ses ministres en pâtures aux usuriers

Souley ONOHIOLO | Le Messager Mardi le 04 Février 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Pour fonctionner et arrondir les angles en attendant les engagements budgétaires, les membres du gouvernement de Paul Biya et les autres gestionnaires de crédits, en quête des services et du «cliquant», sont amenés à faire de se compromettre avec les usuriers et les opérateurs économiques.

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Pour fonctionner et arrondir les angles en attendant les engagements budgétaires, les membres du gouvernement de Paul Biya et les autres gestionnaires de crédits, en quête des services et du «cliquant», sont amenés à faire de se compromettre avec les usuriers et les opérateurs économiques.

Question à un sou : où est ce que les ministres du Renouveau de Paul Biya et les autres gestionnaires de crédits et de l’argent du contribuable se ravitaillent en argent frais et liquide, en matériels pour tenir le coup ? Question subsidiaire : dans quel esprit ou quels sont les termes des négociations entre les chefs de départements ministériels et les services traiteurs qui inondent les tables de bouffe, de la bière fraîche et du bon vin, les différentes cérémonies de présentation de vœux ? C’est une vérité de Lapalisse d’avouer que rendu à ce jour, aucun engagement financier à la régulière n’est encore mis sur les rails. Et pourtant, cela fait plusieurs semaines que le budget est voté et mis en ligne; les cooptations et les accréditations dans la plupart des ministères sont déjà faites… Mais le plus important reste bloqué par Paul Biya de qui on attend le feu vert. La situation est d’autant délétère et indigeste dans la mesure où, après le double scrutin des municipales et législatives du 30 septembre 2013, tous les membres du gouvernement étaient démobilisés ; pour la majorité, en attente sinon d’un remaniement ; au moins un réaménagement gouvernemental. Chacun ne sachant s’il sera maintenu ou dans quelle destination, le « coup de tête » de Paul Biya le conduira, ils ont tous « raclé », « croqué », jusqu’au dernier sou la dotation budgétaire.

« Tel Sisyphe roulant son rocher, les chefs de département ministériel vivent un véritable supplice. C’est comme si, après que le service de table est complètement garni, on leur demandait d’y passer ; mais sans leur donner le couvert, plus grave à leur interdisant de manger» s’indigne un directeur de l’administration centrale. « C’est le comble de l’inertie ; tout est aux arrêts dès lors qu’aucun mouvement financier n’est possible. Comment peut-on préparer un repas, faire humer les aromes et les délices aux gens tout en les avisant de rester comme des manchots » martèle un ministre. Sous anonymat. Le non engagement du budget, plonge les gestionnaires de crédits dans les ministères, plombe le travail, accentue le stress, la démobilisation et l’oisiveté. Impuissants et incapables de se déployer financièrement, certains ministres piaffent d’impatience et étouffent de colère… En silence. «Le chef de l’Etat a l’art de tourner en bourrique et en dérision ses collaborateurs. Cette attitude plutôt suspecte, sent du roussi et présage des lendemains qui déchantent » tranche un homme d’affaires.


Le dilemme des Dag

Il ne fait pas bon d’être en ce moment directeur des affaires générales (Dag). Les chefs de crédits n’ayant en ce moment aucune ligne de financement approvisionnée ou liquide, sont appelés à la rescousse, les Dag. Pour ne pas faire perdre la face à leur ministre, ils procèdent par des actes de jonglerie, des tractations de coulisse, des manœuvres occultes, des opérations de négoce et certaines ententes spécieuses avec les opérateurs économiques. A l’effet d’obtenir de l’argent frais pour permettre l’organisation des conférences sectorielles. D’autres Dag, obtiennent des services traiteurs le préfinancement des agapes qui accompagnent les cérémonies de présentation de vœux. Toute la semaine dernière, l’on a vibré au rythme et à la cadence des vœux. L’ambiance de grosse attente du remaniement ayant baissé, plusieurs chefs de départements ministériels, n’ont pas suivi le ministre Grégoire Owona. Agacé par le supplice, il avait lancé à ses collaborateurs qu’il n’y aurait pas de cérémonie de vœux. Après avoir hésité, ses collègues membres du gouvernement sont restés fidèles à la tradition frôlant même la démesure. Pour atteindre certains résultats, le clientélisme et l’affairisme ont primé dans la passation des marchés. Parfois dans le noir. Avec au menu, la surenchère des fournisseurs.

Les prestataires des services, les opérateurs économiques et les fournisseurs savent qu’ils jouent gros. Ils sont conscients des risques et des mauvaises surprises qu’ils encourent ; surtout si la situation perdure; ou alors si le chef de l’Etat décide de remanier le gouvernement. De fait, les marchés sont vendus à des prix dérisoires ; un affairisme qui ne peut qu’augurer les livraisons au rabais et la sous-réalisation des projets. Les plus à plaindre sont les Dag. Pour la majorité des négociateurs et des hommes de main des ministres, le cœur balance ; le plus difficile étant qu’ils jouent sur une corde raide du maintien en poste ou du départ de leur chef. «Dans la plupart des cas, le ministre qui arrive dans ces conditions, suspend les accréditations et procède soit à la paralysie de ces marchés ; à défaut d’inviter les prestataires à de nouvelles négociations». Le 31 décembre, face à la mal gouvernance, la mal vie, la sécheresse des caisses de l’Etat, la distraction de la fortune publique, Paul Biya, dans le beau rôle d’accusateur, viendra encore se décharger sur son gouvernement. Et pourtant, en tant que chef de l’exécutif, il aura été le chef d’orchestre de la navigation à vue et de la déroute.

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