Cameroun - Societe. Cameroun - Expropriation: Les Bororos dénoncent l’arrêté ministériel attribuant le terrain à Catuc

Marlyse SIBATCHEU | Le Messager Mardi le 15 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les manifestants de la cathédrale de Bamenda ont vidé les lieux à la suite de l’intervention du préfet de la Mezam, qui leur a attribué un site plus sécurisé.

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Un communiqué du révérend père Humphrey Tatah Mbuy, directeur de la communication de l’archidiocèse de Bamenda, daté du 9 avril et diffusé sur les antennes de la station régionale Crtv Bamenda, précise les circonstances et étapes relatives à l’acquisition du terrain (querellé par les Bororos de Ndzah) de l’Université catholique du Cameroun (Catuc) Bamenda. Lequel communiqué n’est pas contraire aux déclarations faites dans votre journal (édition 4055 du mardi 8 avril 2014) par l’archevêque métropolitain Cornelius Fontem Esua de la cathédrale St joseph de Big Mankon Bamenda. Cette sortie du directeur de la communication de l’archidiocèse de Bamenda a poussé Me Robert Nso Fon du cabinet Mbufonzah, conseil de l’un des expropriés (en l’occurrence Ardo Adamu Bi Mamada) à sortir de sa réserve. Dans une sorte de mise au point, Me Robert Nso Fon conteste l’arrêté ministériel qui cède les terres qu’occupaient les Bororos à Catuc Bamenda. Il fonde son argument sur les articles 14 alinéa1 et art 15 de l’ordonnance de N° 74-1 du 6 juillet 1974 relative à la propriété foncière au Cameroun. De même il évoque le décret N° 76-166 du 27 avril 1976 qui en article 1 fait allusion aux terrains non occupés et inexploités. Et en son article 2 qui prévoit que des droits provisoires seront attribués pour les projets de développement de la politique économique, sociale ou culturelle de la nation. Selon lui, l’article 3 précise que la durée de cette autorisation provisoire n’excède pas 5 ans et dans des cas exceptionnels, elle peut être renouvelée sur demande explicite.

Vu sous ce prisme, Me Robert Nso Fon s’interroge comment l’archevêque a pu faire pour convaincre le ministre des Domaines et affaires foncières de l’époque, Jean Baptiste Beleoken, à lui accorder une autorisation d’utilisation provisoire de cet espace occupé et exploité par les Bororos du village Ndzah. «Seul Dieu sait» précise l’avocat. Pour Me Robert Nso Fon, le directeur de communication en faisant allusion dans son communiqué que l’administration a démarqué un nouveau site de recasement pour les Bororos de Ndzah et que des moyens financiers subséquents ont été alloués pour la compensation de 13 d’entre eux, démontre que ce terrain confié à l’Université catholique au village Ndzah était occupé et exploité. Pour lui, le Tgi de Bamenda, en rendant sa décision dans cette affaire avait « conseillé au plaignant (Ardo Adamu Bi Mamada) de saisir le Mindaf qui a donné l’autorisation ou le tribunal administratif compétent, ce d’autant plus que le terrain en question tombe dans le domaine des terrains occupés et exploités de l’Etat». Ardo Adamu Bi Mamada par l’entremise de son conseil avait saisi le Mindaf. Après avoir attendu en vain pendant 3 mois la réponse à sa requête, il a conclu au rejet du ministre et a saisi le tribunal administratif régional (Tar), contestant la légalité de l’arrêté du Mindaf. L’affaire est pendante au Tar.

Sur la violence perpétrée le 19 mars, respectivement sur le représentant de l’archevêque et son véhicule, sur le conducteur du bulldozer et son engin, Me Robert Nso Fon laisse entendre que non seulement il avait appelé le préfet pour savoir s’il avait envoyé des gens détruire les domiciles et biens des Bororos (ce que le préfet a nié), mais aussi les éleveurs de Ndzah étaient sortis comme un seul homme et ont empêché la destruction de leurs maisons. La situation avait dégénérée en confrontation. Il reconnait tout de même que le représentant de l’archevêque avait été blessé et le pare-brise de sa voiture Toyota Hilux avait volé en éclats. Fon Christopher Achobang qui sympathise pour la cause des Bororos s’en est tiré avec une blessure « qu’on dit infligé à la tête par le représentant de l’archevêque » raconte Me Robert Nso Fon dans sa mise au point.

Il ajoute « un certain Abdu Karimu a amené les éléments du commissariat du 2e arrondissement de Nkwen sur le site pour calmer la situation. Ironiquement, il a été interpellé le jour suivant en compagnie d’un certain Mallam Yunusa et gardé à vue pendant 8 jours à la police judiciaire pour tentative d’assassinat de Mr Cosmas Njoban, représentant de l’archevêque ». On se souvient que Cosmas Njoban avait été interné pendant quelques jours dans un centre de santé pour des soins. Et un certificat médical constatait la violence en son endroit avait été dressé.
A en croire Me Nso Fon, le préfet a convoqué en urgence le 7 avril, une réunion de crise dans son bureau. Une commission a été mise sur pied avec pour mission de descendre sur le terrain et procéder à la délimitation des 46,38ha attribués par le Mindaf à l’archevêque pour la construction de Catuc. « La commission est descendue sur le site le jour suivant. J’étais présent lorsque sur la demande de la commission au représentant de l’archidiocèse de présenter ses limites, a exhibé un plan de construction qui m’a choqué et qui montrait une superficie de 64ha et non 46ha. La commission a de ce fait posé les limites d’une superficie de 46ha alloué à l’université catholique. C’est ainsi que les Bororos qui manifestaient à l’entrée de la cathédrale ont quitté les lieux et occupent actuellement le reste de terrain à Mamada Hills. Le domicile du Ardo et plusieurs maisons détruites sont présentement hors des 46ha de Catuc » précise Me Robert Nso Fon. Un dénouement salué par l’avocat.

Toutefois, selon certaines sources, les membres de la commission qui avait procédé à la démarcation de ce terrain en 2011, se seraient arrogés une bonne parcelle après partage pour la construction des mini-cités qu’ils mettront le moment venu à la disposition des étudiants à des fins lucratives. Des allégations qui ne sont pas toujours confirmées. Aussi l’administration d’alors en allouant un terrain de recasement querellé (entre les Bambili et les Ndzah) aux Bororos expropriés, résolvait un problème en créant un autre. 

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