Cameroun - Santé. Cameroun : Comment le ministère de la Santé publique plombe l’éradication du paludisme

Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus Jeudi le 17 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
De concert avec la communauté internationale le Cameroun s’apprête à célébrer le 24 avril 2014 la 7è journée internationale de la lutte contre le paludisme. Pendant ce temps un projet de prévention d’un montant de 20,1 millions dollars US (environ 11,055 milliards Fcfa) financé par la Banque islamique de développement se meurt dans les tiroirs.

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LE PALUDISME CONTINUE de faire des ravages dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Selon les dernières estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) en 2010, 219 millions de cas de paludisme avec une marge d’incertitude comprise entre 154 et 289 millions, ont causé 660 000 décès avec une marge d’incertitude comprise entre 490 000 et 836 000 millions. La plupart des décès surviennent chez des enfants vivant en Afrique, où chaque minute un enfant meurt de paludisme. Selon le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), cette maladie est responsable au Cameroun de 50% des cas d’hospitalisation, 35% de décès dans les formations sanitaires et consomme 40% du budget des ménages en matière de santé et reste la cause de 26% des arrêts maladies dans les entreprises.

A cet effet, le paludisme est une préoccupation majeure de santé publique au Cameroun. Seulement, malgré tous les efforts déployés par les organismes internationaux partenaires pour lutter contre le paludisme tel que l’Organisation mondiale de la santé (Oms), l’atteinte du 6è objectif du Millénaire pour le développement, qui est de réduire d’ici 2015 du nombre de cas de paludisme de 50% est lointaine.

Et pour cause, les efforts déployés par le gouvernement sont noyés par les comportements peu orthodoxes des personnes chargées d’exécuter certains grands projets. A l’instar du «projet d’application intra-domiciliaire des insecticides à effet résiduel pour lutter contre le paludisme » que doit conduire le ministère de la Santé publique (Minsanté) de concert avec l’Oms. Et financé depuis 2011 à hauteur de 20,1 millions US (environ 11,055 milliards Fcfa) par un crédit de la Banque Islamique de développement (BID). Ce projet devrait permettre de renforcer les efforts du gouvernement du Cameroun en matière d’atteinte des objectifs du millénaire de développement à travers une réduction significative de la morbidité et de la mortalité due au paludisme et ce à la fin de l’année 2012. Notamment par le renforcement de capacités des centres et districts de santé de 12 départements en matière de planification, de mise en oeuvre, de suivi et d’évaluation des projets de lutte contre le paludisme. La limitation de la transmission du paludisme à travers la pulvérisation intra-domiciliaire dans les 12 départements choisis. Mobiliser les ressources supplémentaires à travers l’engagement des autorités politiques, la mobilisation communautaires, le partenariat afin d’assurer la continuité des efforts de lutte.

Ainsi le crédit de financement accordé par la BID devrait permettre :

- l’achat de l’insecticide (Bendiocarb) pour être utilisé dans la pulvérisation intra-domiciliaire dans les 12 départements choisis en fonction de leur taux de prévalence et de la situation épidémiologique (à l’instar de la partie septentrionale du Cameroun où le paludisme sévit de façon virulente) ;
- le renforcement des capacités des responsables du projet par la formation en matière de gestion des projets de lutte anti-vectorielles et d’utilisation des insecticides dans la lutte contre le paludisme ; la réhabilitation des zones d’emmagasinage dans les départements éligibles par le projet ;
- l’achat du matériel de pulvérisation et de protection individuelle (gants, masques, casques,…) ;
- le suivi, l’évaluation et le diagnostic de la situation de base ;
- la mise en place d’une unité de gestion du projet.

Trois ans après la signature de l’accord de prêt entre Louis Paul Motazé (alors Minepat) et Birama Boubacar Sidibe (vice-président chargé des opérations à la BID), le projet n’a toujours pas été exécuté. Pourtant la durée était de 24 mois. Et pour cause, les responsables du Minsanté chargés du projet ont engagé un bras de fer avec ceux l’Oms. Conséquence le financement n’a toujours pas été décaissé pourtant il y a eu un abondant échange de courriers sur ce dossier entre le Minsanté, le Minepat et la représentation Oms du Cameroun. Et la BID menace de supprimer cet accord de prêt pour non décaissement après avoir déjà accordé une première prorogation.

La pomme de discorde

Or le quiproquo porte sur le différend qui divise les responsables du projet au Minsanté et ceux de l’Oms sur l’institution qui a la charge d’effectuer les achats. Ce d’autant plus que les responsables du projet au Minsanté souhaitent piloter directement l’achat des produits, ce à quoi s’y oppose la Représentation de l’Oms Cameroun en s’appuyant sur l’article 7 section 7.02 de l’accord. Il stipule que «Produits de base (insecticides et autres matériels tels que atomiseurs, microscopes,…) : l’achat sera confié à l’Oms en accord avec l’Agence d’exécution (du projet Ndlr)».

Une situation qui embarrasse fortement la BID. Selon certaines indiscrétions, l’Oms est réticente parce qu’elle n’est pas confiante sur les achats qui seront effectués. Ce d’autant plus qu’elle a toujours en esprit l’achat effectué il y a trois ans dans le cadre d’un appel d’offre similaire lancé sur fond PPTE/IDE des produits non conformes (insecticides pour un montant d’environs 500 millions Fcfa et des équipements de près de 250 millions Fcfa) ont été acquis. Ces produits sont jusqu’à ce jour non utilisés et sont stockés dans les magasins du Minsanté.

Pendant ce temps, le paludisme, une maladie parasitaire mortelle et aux conséquences socio-économiques sévères contre laquelle l’humanité se bat depuis la plus haute antiquité continue à faire des ravage en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Or, il a été éradiqué en Europe de l’Est et en Asie. On comprend pourquoi le continent demeure très paupérisé.

Puisque, l’Oms soutient que cette maladie aggrave la pauvreté du fait qu’elle fait baisser la productivité et détériore la stabilité sociale de manière importante. Principalement dans les zones rurales où les populations ont un accès limité aux soins et au traitement qu’en zones urbaines et voient leur capacité de production agricole,notamment pendant les récoltes notablement affectées par la maladie.

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