Cameroun - Energie. Cameroun - Nouveaux prix des hydrocarbures: Dos au mur, le gouvernement appelle au sacrifice

Le Messager Jeudi le 03 Juillet 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Annoncée pourtant comme retour au juste prix qui devrait booster l’économie, la hausse des prix des carburants à la pompe a été présentée, viscéralement, par les pouvoirs publics comme la mer à boire dans une communication délivrée par le porte-parole du gouvernement, le 1er juillet 2014 à Yaoundé.

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Vous avez dit contradiction ? Il y a en eu à la pelle mardi dernier dans la salle des conférences du ministère de la Communication. D’abord les éléments de la forme, la rencontre avec la presse, annoncée à 12 heures par tous les relais médiatiques du gouvernement n’a débuté que vers 17 heures. Soit 5 heures de retard à l’horloge. Le ministre Tchiroma qui est apparu aux journalistes l’air un tantinet grave n’a pas visiblement vu le temps passer. Et pour cause, explique-t-on dans son entourage, la confection de son laïus de 19 pages n’a pas été facile. Il a fallu y ajouter à temps et parfois même à contre temps, des éléments venus du ministère des Finances, de celui de l’Energie ou même de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures et enfin retourner le draft final à la présidence de la République qui estime que chaque mot doit être soupesé.

En effet, dans les couloirs de la longue attente du message du ministre Issa Tchiroma, les journalistes ont dû enquêter sur les raisons de ce retard de plus du maître de céans certes, mais en particulier en ceci que le cabinet du Mincom insistait à soutenir que cette fois, la ponctualité est de mise. On aura donc appris que ça négociait encore entre le «Plateau de l’hippodrome» où se trouve le ministère de la Communication et l’immeuble Etoile pour qu’un ou plusieurs autres membres du gouvernement viennent en appoint du Mincom expliquer, ex cathedra, aux journalistes, les ressorts de la hausse subite des prix de l’essence, du gasoil et du gaz domestique.

C’est alors que les noms d’Alamine Ousmane Mey des Finances, de Basile Atangana Kouna de l’Energie ou celui de Luc Magloire Mbarga Atangana du Commerce ont circulé dans les allées du Mincom et entre les hommes de médias qui avaient depuis quelques temps déjà déployé leur matériel de collecte de l’info. Mais aucun des ministres réputés « compétents » ne va pointer le nez. « Le moment est délicat », lance au passage un haut cadre du Mincom. « Ils ont déjà servi le matériau nécessaire. Pas besoin d’être là », se défend un autre. « Tchiroma devrait y aller seul. Au cas où on se plante, l’opinion pourrait retenir que peu connaisseur des dossiers économiques, il s’est mêlé les pédales. Ce qu’on pardonnerait très peu à un autre au cœur du dossier», commente même un hiérarque joint au téléphone par le reporter du Messager, au vu de la longue attente. Entre temps, les hommes de médias qui devisent depuis quelques heures sur les contrecoups de la hausse continue d’afficher leur harassement face à une attente lancinante, en faisant la moue.


Sonara

Tchiroma est là enfin. Son laïus est prêt. Il ira donc au charbon seul. Passées les civilités, il rappelle la douloureuse : la hausse des prix à la pompe. Puis, indique tout de suite que les subventions de l’Etat sur les prix des hydrocarbures ne sont pas supprimées, mais allégées. Pour lui, c’est la preuve de la sollicitude des pouvoirs publics vis-à-vis des consommateurs. Delor Magelan Kamgaing, président d’une association de défense des intérêts des consommateurs présent, fait la grimace. Plus tard, il prendra même le ministre en grippe pour dénoncer « une escroquerie ». Après cette annonce sur les subventions, M. Tchiroma révèle que la ponction faite sur les subventions va aider la Société nationale de raffinage (Sonara), au bord de l’agonie, à rééquilibrer son exploitation. Car « en raison de la charge toujours plus croissante que le niveau des subventions fait peser sur les finances de l’État, celui-ci éprouve de plus en plus de difficultés à honorer à temps ses engagements vis-à-vis de la Sonara. Pour l’année 2014 – donc l’année en cours – et à titre d’illustration, 220 milliards de francs CFA avaient été budgétisés pour couvrir les manques à gagner de la Sonara issus de l’application du prix subventionné pour les hydrocarbures à la pompe », explique le Mincom. Et de renchérir qu’ « aujourd’hui, alors que nous ne sommes qu’à mi-parcours de l’année budgétaire, ces prévisions sont déjà en dépassement de plus de 100 milliards de francs Cfa, et les projections pour la fin de l’année, estimées quant à elles à 450 milliards de francs Cfa, au lieu de 220 milliards initialement prévus ». Moralité, il fallait sauver le soldat Sonara. Il ne s’agit pas simplement de la pression des bailleurs de fonds internationaux. Chiche !

Dans le chapitre des pressions, le Mincom soutient pour renforcer la souveraineté du Cameroun, que s’il s’agissait simplement de celles-ci, on aurait assisté à une hausse sévère pour les consommateurs. Cette argumentation suscite quelques sourires dans la salle. Personne ou presque n’y croit en effet. « Tchiroma en connaît – il un rayon ? » s’interroge un journaliste présent. C’est à peine si le ministre lui-même ne veuille quitter ce terrain pour un autre pour lequel il a du bagou. « Je demande à nos populations de recevoir ces ajustements avec beaucoup de responsabilité, de compréhension et de civisme, de ne céder à aucun moment à quelque manœuvre d’instrumentalisation dont elles pourraient être la cible, et dont le seul dessein serait de mettre à mal la paix et la stabilité dans notre pays ». Ça y est. Il a servi la vieille rengaine. Et puis de slalomer sur l’appel au patriotisme : « Je les exhorte à comprendre qu’une telle mesure, pour autant qu’elle puisse à première vue, paraître comme contraignante pour leur pouvoir d’achat, s’avère en réalité indispensable pour l’amélioration de l’équilibre global de notre économie, et partant, de leur bien-être et de leur épanouissement au plan social. Nous devons tous garder à l’esprit que le développement et le salut de chaque nation nécessite, à un moment donné, une dose de sacrifices à laquelle il faut se consacrer. Le Cameroun ne saurait échapper à cette contrainte ». L’appel au sacrifice passera-t-il ?

Rodrigue N. TONGUE



Focal: La hausse des salaires encore en examen

Ce n’est pas pour demain l’augmentation annoncée des salaires des agents publics présentée comme une des mesures d’accompagnement de la hausse des prix des hydrocarbures (essence, gasoil et gaz domestique). C’est une des informations distillées par le Mincom lundi dernier. La presse qui a accouru à la salle de conférence de son ministère n’a pas eu le calendrier de la mise en œuvre de ces mesures. Lui-même n’en sait pas grand-chose et confesse que « s’agissant de la revalorisation des salaires des agents publics, le ministre des finances est d’ores et déjà en train de procéder aux études et simulations y afférentes, afin de les adresser à qui de droit. Quant à la revalorisation du Smig, elle sera, dans les tout prochains jours, soumise à l’examen de la Commission consultative nationale du travail, compétente pour connaître de ladite question. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a, à cet effet, adressé aux membres de ladite Commission, les convocations d’usage ». Voilà qui est clair. On retiendra donc que l’Etat a augmenté d’abord et verra comment encadrer après. On va donc « gérer » le reste comme qui dirait.

R.N.T.



La nouvelle structure des prix communiquée par le gouvernement

le coefficient d’ajustement passe de 57,47 francs par litre à 36,68 francs par litre pour le super, et de 65,21 francs par litre à 39,22 francs par litre pour le gasoil ; la subvention sur le cabotage, c’est-à-dire le transport des produits pétroliers de la côte maritime sur l’Océan atlantique jusqu’au port d’estuaire sur le Wouri entre Limbé et Douala, passe de 7,92 francs par litre à 5,42 francs par litre pour le super, et de 8,23 francs par litre à 5,73 francs par litre pour le gasoil ; la redevance portuaire passe de 2,38 francs par litre à 1 franc par litre pour le super, et de 2,72 francs par litre à 1,34 franc par litre pour le gasoil ; le passage dépôt passe, pour le super et le gasoil, de 12,45 francs par litre à 6 francs par litre; le fonds de lutte contre la fraude passe à 0,21 franc par litre à 0 franc par litre pour le super ; de 0,16 franc par litre à 0 franc par litre pour le gasoil ; et pour le pétrole lampant, de 1,87 franc par litre à 0 franc par litre ; il est donc supprimé dans les trois cas ; la Taxe Spéciale sur les Produits Pétroliers (en abrégé TSPP) passe de 120 francs par litre à 80 francs par litre pour le super, et de 65 francs par litre à 60 francs par litre pour le gasoil ; les postes libéralisés passent de 55,24 francs par litre à 52,24 francs par litre pour le super, et de 44,64 francs par litre à 41,64 francs par litre pour le gasoil.




Après la hausse des prix des carburants: Les transporteurs exigent la suppression de la taxe à l’essieu

Ils l’ont fait savoir hier, mercredi 2 juillet 2014 lors d’une réunion tenue à Douala.

Regroupés au sein du syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun, bureau régional du Littoral, les transporteurs demandent également la suppression de la deuxième carte bleue sur les camions semi-remorques. La réunion tenue à Douala, hier mercredi 3 juillet 2014 avait pour but d’échanger sur les conséquences qui pourraient découler des modifications des prix des hydrocarbures sur l’activité du secteur du transport. Deux exigences et pas des moindres selon les transporteurs routiers, ont sanctionné les discussions et fait l’objet d’un communiqué final. D’abord la suppression totale de la taxe à l’essieu et ensuite la suppression de la deuxième carte bleue sur les camions semi-remorques. « Nous avons estimé que l’augmentation du prix du carburant a pour conséquence l’augmentation immédiate du prix de transport. C’est pour cela que nous avons demandé au gouvernement de supprimer totalement la taxe à l’essieu car nous payons les amandes aux pesages routiers (pont bascule Ndlr) », déclare Raymond Moungang, vice président régional du syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun. Le directeur des opérations de la société de transports des hydrocarbures et de commerce pense comme beaucoup de ses confrères transporteurs que des mesures d’accompagnement doivent être prises. Faute de quoi, jure-t-il, de nombreux transporteurs se trouveront en cessation d’activités.

Les transporteurs qui se plaignent entre autres de l’exorbité des pièces à eux exigées (pas moins de 18) disent agoniser depuis près de 5 ans aujourd’hui. Et entendent adresser des correspondances, dans les jours à venir aux transitaires ou mieux, aux bailleurs de fret leur demandant d’améliorer leurs offres. « Nous avons des conventions qui n’ont jamais été appliquées. Nous devons appliquer les anciens prix. Nous demandons l’application desdits tarifs (Douala-Bangui: 4.500.000 Fcfa, et 5.000.000 Fcfa pour Ndjamena) plus 16% d’augmentation sur le carburant consommé », fulmine veuve Njawè née Ngah Madeleine du bureau régional.
A y regarder de près, l’on s’achemine, dans les prochains jours vers une revalorisation du prix du transport. « Le travail qui va être fait incombe au syndicat. On va calculer et augmenter le prix au kilométrage. Nous sommes dans une logique de discussions et de propositions. Parce qu’au bout du compte il faut que les transporteurs vivent et fassent leur travail selon les règles de l’art… C’est une doléance à l’endroit des pouvoirs publics.»Conclut un membre du syndicat.

Cette réunion se tenait, apprend le reporter au même moment que d’autres sur le triangle national. « Nous pensons soumettre toutes ces résolutions au président national qui prendra connaissance et en fera large diffusion en temps opportun », affirme un autre membre du syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun.

B-P.D. 

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