Cameroun - Education. Cameroun - Ngoura (EST): Le Sous-Préfet en croisade contre les mauvais résultats scolaires

Ange-Gabriel OLINGA B | Le Messager Mardi le 21 Octobre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Infatigable, Jules Adam Tomboka sillonne chaque jour, l’ensemble des villages de son unité administrative pour encourager les élèves à aller à l’école afin de contribuer à bâtir la nation et gagner leur pain quotidien sans coup férir.

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Situé à 120 km de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est, l’arrondissement de Ngoura, le plus enclavé du département du Lom-et-Djerem, avec une superficie de 9000 km2, connait toutes les affres de la pauvreté et de la sous-scolarisation. Pour lancer le train de la rentrée scolaire ici, il a fallu que l’autorité administrative sillonne la plupart des villages de son unité administrative pour exhorter les parents à envoyer leurs enfants à l’école. « En compagnie des chefs traditionnels de la localité, nous avons dû faire le porte-à-porte, et le 08 septembre 2014, jour de la rentrée scolaire au Cameroun, nous avons visité 21 écoles publiques sur 32 compte tenu de l’enclavement de la zone, pour non seulement motiver le corps enseignant, mais aussi de sommer les parents à envoyer leurs enfants à l’école » explique le sous-préfet de Ngoura. Comme si cela ne suffisait pas, en début d’année scolaire, Jules Adam Tomboka a pris une autre option pratique.

De lundi à vendredi, le chef de terre sort de sa résidence à bord de sa vieille Carina 3 de couleur bleu, patrouille les localités de  Ngoura, Tibala, Colomine, Ngambadi, Tongo-Gandima, Guiwa-Yangamo et même certains camps des réfugiés en klaxonnant, pour faire sortir les élèves des maisons pour l’école. « Parfois, je m’arrange à passer la nuit dans un village pour réveiller tout le monde (parents, élèves et enseignants) à coups de Klaxon très tôt le matin » indique Jules Adam Tomboka, dont les propos sont confirmés par les populations locales. « Nous sommes déjà habitués à ses coups de klaxon et ses menaces au sens positif du terme. Car parfois, ils transportent nos enfants qui fréquentent des écoles un peu éloignées » explique Adamou Garga, du village Guiwa-Yangamo.

Une attitude extraordinaire du sous-préfet qui se justifie par la ténacité des populations de cet arrondissement à retenir leurs progénitures dans les maisons, dans l’optique de les conduire dans les chantiers d’or et autres pâturages. Cette inconscience avérée des parents, à en croire le chef de terre, est à l’origine du fort taux de déperdition scolaire observée dans cet arrondissement qui compte pourtant 32 écoles primaires publiques, 06 écoles maternelles publiques, 04 écoles primaires privées et 03 écoles maternelles privées. Selon Luc Ndal Baman, inspecteur d’arrondissement de l’éducation de base de la localité « le problème part de l’ignorance des parents qui ne connaissent pas encore le bien fondé de l’école. Et ce phénomène est sérieux d’autant plus que lorsque les enfants y prennent goût, ils deviennent les parents de leurs géniteurs à partir des revenus de leurs activités ».


Carence d’enseignants et enclavement

Ici, le besoin d’enseignants qualifiés se pose avec acuité dans 07 écoles. « Tous les enseignants qu’on affecte dans l’arrondissement de Ngoura considèrent qu’il s’agit d’une mesure disciplinaire et refusent parfois d’y aller prendre le service. Néanmoins, les maîtres de parents qui ont été recrutés cette année viendront combler le gap et seront dans un premier temps pris en charge par l’association des parents d’élèves et enseignants (Apee) en attendant que leur situation financière se régularise », précise Luc Ndal Baman. Dans l’arrondissement de Ngoura, on parle également de Tanga-nord et Tanga-sud comme dans le célèbre roman de Mongo-Béti. Et pour cause, le canton Bodomo situé à 80 km partant de Bertoua sur l’axe de Garoua-Boulaï, est mieux loti en infrastructures grâce aux partenaires du ministère de l’Education de base. Dans ce canton, presque la majorité des écoles primaires publiques ont été construites avec l’appui soit de l’Unicef, du Hcr ou de Plan Cameroon. Et pour encourager l’éducation des enfants scolarisés de cette localité, a-t-on appris des populations,  jusqu’en 2012, l’Unicef octroyait des bourses d’études pour la rentrée scolaire aux élèves admis en classe de 6ème et au certificat d’étude primaire (Cep). Malheureusement l’arrêt de distribution de cette manne a, depuis deux ans, réduit le taux de scolarisation. Du côté du canton Gbanguida, situé à 40km sur une route en terre à partir du goudron, c’est le calvaire total pour la population qui déplore « le manque d’infrastructures scolaires, d’eau potable, d’électricité et même de logements pour les enseignants ».

Ange-Gabriel OLINGA B, de retour de Ngoura.

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