Cameroun - Education. Affaire de mœurs à Bafoussam : Le vrai-faux scandale de pornographie

Michel Ferdinand | Mutations Mercredi le 06 Mai 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Retour sur l’histoire d’une vingtaine d’élèves interpellés et remis en liberté au bénéfice du doute.

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27 avril 2015. La résidence familiale de Donatien Koagne [escroc de renom, mort il y a quelques années] au quartier Djemoum à Bafoussam, plus précisément au lieu-dit 1ère rue en contrebas de « 500 mètres »  fait l’objet d’une curiosité. Des policiers y débarquent et embarquent 24 jeunes dont 23 élèves des lycées et collèges de la ville. Un jeune commerçant fait également partie des personnes interpellées. Dans le groupe, on dénombre 11 filles et 13 garçons. L’opinion s’émeut de savoir ce que des élèves peuvent tripoter un lundi, premier jour de classe. Surtout que le lieu n’est point une cour de récréation.

 

Des soupçons vont dans tous les sens. On les soupçonne d’avoir voulu organiser une séquence pornographique, jusqu’au moment où les versions des jeunes essayent d’éclairer la lanterne des uns et des autres. Ce jour-là, raconte le jeune-homme qui habite la maison suspectée et élève au Collège polyvalent bilingue Tama (Copobit), son ami, un autre jeune, lui a exprimé le désir de célébrer son anniversaire dans ladite concession. « Il [son ami] m’a appelé vers 9h, le même jour, pour me le dire. Quand il est arrivé, je l’ai vu avec beaucoup d’élèves filles du lycée bilingue de Bafoussam, je n’en connaissais qu’une seule. Je lui ai dit que les filles sont en tenue et que cette fête ne peut plus avoir lieu », rapporte-t-il. Son camarade qui devait souffler sur sa bougie, se fâche et se retire avec le gâteau d’anniversaire. Entretemps, de jeunes élèves, filles et garçons, ont pris place au salon. En attendant le premier signal pour accompagner la célébration.

 

Autour de 13h, les données changent. L’une des sœurs de Donatien Koagne arrive à la concession familiale et a du mal à interpréter la présence massive de jeunes gens. Elle fait appel à la police. Des hommes au béret noir atterrissent sur les lieux. C’est la débandade. Les enfants vont dans tous les sens. Les uns se trouvent une cachette, tandis que les autres restent imperturbables. Des policiers commis, mettent la main sur tout le monde, même sur les invités du jour qui attendent encore dehors. Dans l’intervalle, le préfet de la Mifi, Joseph Tangwa Fover, est informé. Ce dernier instruit que les enfants interpellés soient conduits à la police, pour besoins d’enquête. Ils y passent une nuit.

 

Au commissariat central à Bafoussam, on identifie les suspects qui fréquentent plusieurs établissements de la place : collège Evangélique (1), Copobit (3), lycée de Tougang 2 (1), collège Voltaire (5), lycée bilingue de Bafoussam (7), collège Tankou (1), collège Martin Luther King (3), lycée technique de Banengo (1). Il y a également un jeune commerçant et une élève de la classe de 2nde au lycée classique, exclue en janvier 2015. Les âges varient entre 15 et 20 ans, de la 4ème en terminale. Les instructions du préfet ne sont pas appréciées de tous les parents. On enregistre des sons discordants. Puisqu’une frange de parents parle d’abus d’autorité et de non-respect des droits de l’enfant. L’autorité ne cède pas. Au contraire, le préfet convoque une réunion le lendemain, 28 avril 2015. Y sont attendus : les parents, enfants impliqués et chefs d’établissement concernés. « Nous avons déjà tenu plusieurs réunions en rapport avec le comportement de nos enfants. Il y a quelques mois, quand j’ai demandé que les enfants n’aillent pas au bal de fin d’année, il y a eu une levée de boucliers de la part de quelques parents.  Ils n’ont pas compris que notre souci est d’assainir le milieu des jeunes », précise Joseph Tangwa Fover.

 

Engagement

Avant de renchérir : « Nous allons continuer d’interdire le téléphone portable à l’école. Nous ne sommes pas là pour nuire, mais il faut savoir que parmi les enfants, il y a de la bonne et de la mauvaise graine. Les parents doivent nous aider à encadrer leurs enfants, parce qu’ils ne les suivent pas toujours quand ils quittent la maison ». Comme dans un interrogatoire, chaque élève se présente et relate les faits vécus. Il en ressort que ce qu’on redoute n’a pas eu lieu. Aucun élève n’a été retrouvé dans la tenue d’Adam. Les enfants sont libérés, après un engagement pris par les parents de veiller sur leurs progénitures.

 

 Dans la mêlée, le préfet de la Mifi signe un arrêté, le 28 avril 2015, interdisant le port des pantalons « slim » et « taille basse » dans les établissements scolaires du département de la Mifi. L’autorité administrative envisage, dans les prochains jours, d’organiser une réunion, à l’effet d’avoir une causerie éducative avec les jeunes relaxés, en collaboration avec les services locaux des Affaires sociales. L’enjeu étant d’éduquer les enfants sur les risques auxquels ils sont exposés dans une vie de débauche.

 

 Les actes pris par le préfet sont jugés salutaires par la plupart des parents. Surtout qu’il faut éviter de laisser les enfants plonger dans la dérive. On se souvient encore qu’en avril 2014, 48 lycéens ont été définitivement exclus de leur établissement scolaire à Bafoussam. Soit six du lycée classique et quarante-deux au lycée bilingue. Motifs : pratique de scènes pornographiques, distribution et consommation de la drogue. Cette fois-ci, il y a eu plus de peur que de mal.

 

 

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