Cameroun - Energie. Electricité : tenir les engagements

Rousseau-Joël FOUTE | Cameroon Tribune Vendredi le 05 Juin 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après une période plus ou moins normale, les coupures intempestives du courant électrique sont de retour.

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Comme en 2002, 2003 et 2004, elles rendent insupportable la vie quotidienne dans les ménages et les administrations, perturbent le fonctionnement des industries, des usines, des hôpitaux, des ateliers de couture, de coiffure, de soudure, de menuiserie, des poissonneries, sans oublier les dégâts matériels.  Bref, l’activité économique en prend un coup sérieux. Ce qui peut faire perdre au pays de précieux points de croissance dont il a pourtant grand besoin pour créer plus d’emplois, réduire la pauvreté et élever le niveau de vie des populations. Dans un tel environnement, point de possibilité de développement véritable, point d’industrialisation,  point de transformation locale de nos abondantes matières agricoles et minérales pour mettre sur le marché mondial des produits aux prix compétitifs par rapport à ceux des nombreux concurrents.                                                                                                                                                   Comme il y a une dizaine d’années, les causes des perturbations actuelles sur le réseau électrique sont à quelques nuances près les mêmes. Il y a d’abord  l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande qui ne cesse de croître. Selon le directeur général d’Eneo Cameroon SA, Joël Nana Kontchou, la croissance de la demande se situe entre 5 et 7% en moyenne l’an. De 2014 à 2015, l’augmentation en puissance était de l’ordre de 50 MW. La production est quant à elle déficitaire à cause de l’épuisement sévère des stocks d’eau dans les barrages réservoirs en cette période d’étiage. Face à cette situation critique, les barrages hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa sont dans l’impossibilité de garantir un niveau de puissance pouvant satisfaire la demande actuelle en électricité. Ce déséquilibre est de nature à générer des coupures de courant pour une profondeur allant jusqu’à 100 MW, notamment aux heures de pointe. D’après les meilleures prévisions de spécialistes, il faudra entre deux à trois semaines pour voir le débit naturel du fleuve Sanaga retrouver son cours normal et alimenter les barrages situés en aval.                                                                                                                                    Autre cause importante des coupures du courant électrique, la vétusté du réseau de transport et de distribution. A ce sujet, les faits et les chiffres disponibles sont édifiants. En effet, lors de l’inauguration de la Centrale à gaz de Bassa-Logbaba, le 28 avril dernier, le patron d’Eneo Cameroon a confessé qu’ « il apparaît aujourd’hui que le problème des poteaux bois défectueux et la surcharge de nos équipements de distribution, représentent la source principale des perturbations et coupures enregistrées. Près de 50% à ce jour ». Avant d’ajouter que sur « un parc de plus d’un million, il y a un taux de défectuosité touchant plus de la moitié ». Bien plus, 40% des ouvrages de distribution et des lignes sont surchargés,  et plus de 600 transformateurs de distribution sont perdus par an pour diverses raisons, dont la fraude et le vandalisme.                                                                                                                                          La question  qui vient à présent à l’esprit est de savoir qui est responsable de tout ça ? En réalité, les responsabilités sont partagées entre l’Etat et ses partenaires privés. On peut faire grief à l’Etat de n’avoir pas su anticiper pendant des décennies, en investissant longtemps à l’avance pour pouvoir satisfaire une croissance de la demande que l’on sait en hausse. Le 15 juin 2012, en posant la première pierre de l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, le président Paul Biya a été clair en déclarant qu’ « au cours des dernières années… j’ai aussi souvent déploré que les projets de cet ordre que nous avions étudiés et mis au point n’aient pu voir le jour. J’en ai mesuré les conséquences ». C’est dire qu’aujourd’hui, si la mise en œuvre de vieux projets matures n’avait pas été différée,  à l’instar du barrage-réservoir de Lom-Pangar dont la construction est seulement en cours, on n’en serait pas là. Lom-Pangar, avec ses six milliards de mètres cubes d’eau, étant censé réguler le bassin versant de la Sanaga en saison sèche pour une production sans relâche à Songloulou et Edéa.  Du côté du partenaire stratégique, notamment de l’Américain Aes Corporation qui a refilé Aes-Sonel à Eneo du groupe Actis, les engagements pris n’ont pas été tous tenus. Car le problème de la défectuosité des poteaux tout comme celui de la surcharge des transformateurs se posait déjà en juillet 2001 au moment de la mise en concession de l’opérateur public Sonel. On en reparle comme si c’était nouveau. Les  fonctionnaires chargés de s’assurer du respect du cahier de charges  par  Aes ont quelque part fait preuve de laxisme et les engagements pris dans ce domaine  n’ont pas été tenus. Aujourd’hui, le Conseil d’administration d’Eneo a approuvé pour 2015 un budget d’investissements de 37,5 milliards de F, dont 20,5 milliards consacrés au renouvellement et à la modernisation des ouvrages de distribution d’énergie. Espérons que les chantiers d’extension et de renforcement des lignes « moyenne tension » en cours  vont produire rapidement les résultats escomptés pour qu’on sorte du noir.   

 

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