Cameroun - Sécurité. Assainissement des moeurs : Les sanctions qui divisent à la police

Prince Nguimbous | Le Jour Mardi le 30 Juin 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Beaucoup voient d’un mauvais oeil les plaintes des citoyens qui aboutissent bien souvent à des révocations ou des poursuites judiciaires.

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Awono Désiré Francis, officier de police en service au Groupement mobile d’intervention n°1 à Yaoundé, et Pierre Atangana, gardien de la paix au commissariat central n°3 de Yaoundé, à Efoulan, sont toujours en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui. Le 30 mai 2015 aux environs de 15h, les deux hommes, en uniforme de service, étaient à bord d’une Mercedes de couleur noire. Dès leur arrivée, ils ont fait irruption dans une société de vente d’accessoires de transport, située au lieu-dit Total Magzi à Mvan. Ils ont trouvé un camion en pleine livraison du carburant.

Le nommé Atangana descend du véhicule et se présente au chauffeur du camion comme étant un policier en service au cabinet du délégué général à la Sûreté nationale. Il exige ensuite que le chauffeur lui remette le dossier du véhicule et les bordereaux de livraison. Une fois en possession de ces documents, il exprime le voeu de rencontrer le directeur général de la société. Une violente dispute éclate entre les policiers et le chauffeur du camion. Un employé de la société intervient et demande aux policiers de montrer leur ordre de mission. Un document qu’ils n’ont pas.

Les membres de la Confédération générale des transporteurs du camion, dont leur siège se trouve à quelques mètres, sont alertés. Pierre Nyemeck, le président de cette confédération, arrive quelques minutes après l’alerte. Lui aussi demande l’ordre de mission aux policiers. Le nommé Atangana sollicite une discussion en aparté avec lui. Trente minutes après, trois pick-up de la police arrivent, remplis d’éléments dépêchés par le délégué général à la Sûreté nationale. Les deux policiers sont conduits au cabinet du délégué où ils sont entendus pendant plusieurs heures par Martin Mbarga Nguele.

Après cette audition, ils sont conduits à la direction de la police Judiciaire. 24 heures après leur interpellation, ils sont écroués à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui. Les deux policiers ont été pris avec un pistolet non conventionnel. Selon les informations recueillies à la délégation générale à la Sûreté nationale, ces hommes sont  soupçonnés de collaborer avec des groupes de malfaiteurs pour escroquer d’honnêtes citoyens ; raison pour laquelle ils devront être jugés comme tout autre citoyen, affirme- t-on à la division régionale de la police Judicaire du Centre.

Des sanctions, on enregistre de plus en plus depuis 2 ans déjà. Certains policiers rencontrés dans le cadre de cette enquête ont dit que tous les moyens ont été mis en place par leur hiérarchie pour traquer les mauvaises graines dans le corps.

Un gardien de la paix au chômage

Le gardien de la paix Jean Baptiste Mebenga a été révoqué des effectifs du corps de la Sûreté nationale depuis juillet 2013. Ce jeune fonctionnaire de la police travaillait comme agent de renseignement à la délégation générale de la Sureté nationale. Il avait été affecté aux côtés d’un directeur général d’une agence de communication pour enquêter sur les fortunes de quelques personnalités. L’avenir de Jean Baptiste Mebenga tourne au cauchemar le 15 avril 2013, date à laquelle le directeur général avec qui il travaille est interpellé pour détention de documents secrets et chantage.

Informé qu’il fait l’objet de poursuites judiciaires, le gardien de la paix Jean Baptiste Mebenga a pris la fuite, avant d’être mis aux arrêts six mois après. Ecroué à la prison centrale de Kondengui, il sera jugé, condamné à six mois d’emprisonnement ferme. Dès sa sortie de prison, Jean Baptiste Mebenga a été révoqué des effectifs de la sureté nationale. Le gardien de la paix révoqué a toujours nié les faits pour lesquels il a été sanctionné. L’ex-policier dit avoir été uniquement victime d’un abus d’autorité. Toujours au sujet de cette affaire, un autre officier de police avait été interpellé et écroué à la prison centrale de Kondengui.

L’officier de police Célestin Mpegna a passé trois mois en prison. Mais il avait repris le travail après avoir purgé cette peine. En service à la Dgsn au moment des faits, l’officier de police Célestin Mpegna a été affecté dans la région du Nord.

Je dénonce au n°1500

Le délégué général à la Sûreté nationale a mis, à l’intention des usagers, un numéro pour dénoncer tous les abus des agents de la police. Il suffit de composer le numéro 1500. Lorsque nous avons composé ce numéro vendredi dernier, un agent nous a reçu au bout du fil « Bienvenue à la Sûreté nationale, vous souhaitez dénoncer une tracasserie policière, taper la touche 1, vous souhaiter donner un renseignement à la police pour faciliter son travail, taper la touche 2. » Ce sont là quelques orientations qui nous ont été données. A en croire certains sources dans la police, ce numéro de téléphone a d’abord été mis en place par le délégué général pour redorer l’image de la police. « Lorsque vous appeler ce numéro et que vous faites une dénonciation, vous serez satisfait dans les prochaines minutes qui suivent.

Ce qui se passe est que chaque dénonciation est prise au sérieux, une équipe d’intervention rapide se déploie sur le terrain pour faire le constat. Le fonctionnaire de police impliqué sera entendu. S’il est mis en cause, il est traduit au conseil de discipline qui décidera de la sanction à lui infliger, selon les statuts de la police », explique un officier de police. Notre source ajoute que ce numéro a déjà fait des centaines de victimes. « Lorsque vous êtes victimes d’une arnaque, d’une bastonnade, bref d’un abus d’autorité, même dans un commissariat, n’hésitez pas à saisir la Sureté nationale », ajoute-t-il.

Des inquiétudes

Selon certains policiers, si les sanctions sont nécessaires dans chaque secteur d’activité, celles de l’actuel délégué général à la Sûreté nationale contribuent parfois à dévaloriser le fonctionnaire de police. « Lorsque vous allez jusqu’à afficher les contacts sur les véhicules pour dénoncer les agents de police, c’est une façon de les fragiliser dans leur travail. Les policiers sont aussi victimes des abus. Par exemple, des personnalités nous menacent lorsque nous faisons normalement notre travail. Certains appellent parfois le délégué général pour se plaindre même lorsqu’ils ont tort », explique un gardien de la paix.

Un inspecteur de police n’a toujours pas oublié ce qui a failli lui arriver en 2013. « Je suis sorti un jour lors du passage du cortège présidentiel. Lorsque nous sortons chaque fois, nous recevons des consignes de la hiérarchie. Ce jour-là, on m’avait demandé de bloquer la circulation ; ce que j’avais fait. Quelques minutes après, les gens affirmant être les agents secrets de la présidence de la République sont venus me demander de les laisser passer. Lorsque je me suis opposé, ils ont informé la hiérarchie en disant que je constituais un obstacle pour leur travail. J’ai été convoqué et entendu pour cela », affirme l’inspecteur de police.

D’autres fonctionnaires de police pensent que les sanctions du délégué général à la Sûreté nationale prennent de plus en plus de l’ampleur. « Le délégué sanctionne beaucoup, avec raison. Parfois, un policier mis en cause vous dit qu’il n’a rien fait, mais lorsque vous l’entendez lors d’un conseil de discipline, vous apprenez le contraire de ce qu’il vous a dit. L’objectif de ces sanctions est de montrer que le policier n’est pas au-dessus de la loi comme certains le pensent », déclare un autre officier de police. Dans le cadre de l’établissement des cartes nationales d’identité informatisées, nous avons appris que le délégué général à la Sûreté nationale a fait interpeller plusieurs responsables qui sont actuellement jugés devant le Tribunal criminel spécial pour faux et usage de faux.
 

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