Cameroun - Transports. Regard sur les bendskineurs : Aux actes manqués !
La sympathie de Paul Biya à l’égard des conducteurs des mototaxis, est un secret de polichinelle.
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Pour la toute première fois, le chef de l’Etat n’a pas manqué de saluer le courage des professionnels des engins à deux roues, majoritairement constitués des jeunes désœuvrés, pour avoir accepté une activité aussi pénible et risquée, pour faire vivre leurs familles. « La majorité de ces jeunes cherchent tout simplement à gagner leur vie (…) plutôt que de les regarder de haut, l’on devrait leur reconnaître un rôle social dont l’utilité est incontestable », avait reconnu le président de la République lors de son tradition discours à la jeunesse, le 10 février 2013.
Il faut dire qu’à cette période, le torchon burlait déjà entre les « bendskineurs » et les agents de la police municipale. D’aucuns avaient vite fait de voir en cette « intervention » du chef de l’Etat, un désaveu prononcé de l’actuel Délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé. Quelques mois auparavant, (le 26 janvier 2012) Gilbert Tsimi Evouna avait signé un arrêté portant « délimitation des zones de circulation des motocycles à titre onéreux » dans la capitale camerounaise. Mais la mesure du super maire de Yaoundé avait connu quelques résistances en ce qui concerne son respect par les professionnels des engins à deux roues.
C’est donc les rêves plein la tête que de nombreux groupes de jeunes « moto taximen » avaient simultanément envahi les principales artères de la capitale pour « remercier » le chef de l’Etat pour son geste paternel. Ce d’autant que, dans son allocution, Paul Biya avait par ailleurs manifesté sa volonté « d’organiser » ce secteur. Non sans instruire le ministère de la Jeunesse et de l’Education civique, en liaison avec le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, de lui faire des « propositions » concrètes allant dans ce sens. Mais ce n’était qu’un discours. Une promesse politique comme tant d’autres.
Plus de deux après, rien ou presque n’a changé dans l’activité de la moto. Très peu de conducteurs de moto-taxis ignorent totalement ou presque l’existence de l’arrêté du délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. La sensibilisation n’a pas suffisamment été menée à ce propos. Du fait de ces manquements dans la phase pédagogique, « Awara », « les gros bras », ou encore « les ninjas », (noms donnés aux agents de la police municipale) en profitent pour faire régner la loi à leur manière. Quand il ne s’agit pas simplement d’une non-maîtrise de ces textes qui sont sensés encadrer le déroulement de leurs opérations.
Au regard des abus de toutes sortes dont ils ont généralement responsables, (vol, accidents, corruption, intimidation, etc.) la police municipale a pris le visage d’une « milice » incontrôlée, aux méthodes villageoises, non réglementaires. A cause de leurs interventions musclées les policiers municipaux sèment la terreur et imposent du respect. La puissance des bras s’est en réalité substituée à la force de la loi, qu’ils sont simplement chargés d’appliquer. Après le discours prometteur de Paul Biya, force est de constater que les actes ont, une nouvelle fois, manqué.
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