Le leader de l’opposition camerounaise, pour la première fois en vingt ans d’opposition, est allé présenter ses vœux à son adversaire de toujours. Avec tout ce qu’un tel acte comporte.

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Au cours de la cérémonie de présentation des vœux au président de la République hier, 5 janvier 2011,  Ni John Fru Ndi, le président national du Social democratic front et leader du principal parti de l’opposition camerounaise, était l’une des attractions parmi les convives de Paul Biya. C’est naturellement avec curiosité que les autres invités, y compris les téléspectateurs qui regardaient l’événement en direct,  détaillaient les moindres mouvements de Ni John Fru Ndi,  lorsque  les chefs de partis politiques ont été annoncés. Il s’est avancé, drapé dans son traditionnel costume du Nord-ouest, et de  la démarche ferme qu’on lui connaît, il a serré la main à Paul Biya. Sans sourire. Le visage du président de la République est resté tous aussi fermé. L’expression des deux visages n’a donc rien  suggéré. Même après le défilé des différents corps constitués, le bain de foule au cours duquel Paul Biya s’est une fois plus retrouvé devant Fru Ndi, n’a pas révélé grand-chose.
 

C’est la première fois que  le challenger de toujours de Paul Biya se retrouve dans ce somptueux palais dont l’accès lui avait été barré pour la première fois en 1992 à l’issue de l’élection présidentielle dont il continue de revendiquer la victoire à ce jour. Mais dans la grande salle des banquets, les sollicitations dont il était l’objet de la part de la presse et des autres invités avec lesquels il  échangeait à tour de rôle, donnaient plutôt l’impression qu’il n’était pas perdu dans ce milieu.

 Il faut dire, selon des indiscrétions, que c’est lundi 3 janvier que le cabinet civil de la présidence de la République informe les responsables du Sdf que les chefs de missions diplomatiques,  les  représentants des organisations internationales et les corps constitués nationaux présenteront leurs vœux au président de la République le 5 janvier. La direction nationale du Social démocratic front (Sdf) est  concernée à plus d’un titre, surtout, parce que le chairman du Sdf est  y est convié. Et attendu. Mais le carton d’invitation ne lui est pas encore servi, parce qu’il est à Bamenda,  à quelques 400km  au Nord-ouest de Yaoundé. Le 4 janvier, selon des sources introduites, une invitation individuelle lui est faxée au palais de Ntarikon, depuis le cabinet civil de la présidence de la République.  Mais selon des sources introduites, il était l’un des rares invités à qui  la présidence de la République avait donné la latitude de se faire accompagner par autant de collaborateurs de son choix. Même s’ils n’ont pas d’invitation personnalisée. Les plus cités étaient notamment le 2e vice président national, Joshua Osih,  le trésorier national, Me Augustin Mbami qui, informés tard, n’auraient pas pu s’organiser à temps pour  être de la suite de leur patron à Yaoundé, à en croire des sources proches du Sdf. Il semble que c’est compte tenu de cette flexibilité accordée à la délégation du patriarche de Ntarikon que le protocole l’a laissé entrer avec ses deux gardes  de corps alors pris pour des cadres du parti et proches collaborateurs de Fru Ndi. Pour ceux qui connaissent l’entourage du président national du Sdf, ses gardes de corps étaient bien visibles autour de lui dans la salle des banquets, dans leur rôle. Cette cours de Fru Ndi s’est d’ailleurs  étoffée dans  la salle avec la présence des députés de son parti, membres du bureau de l’Assemblée nationale en l’occurrence, Me Joseph Mbah Ndam, vice président de l’Assemblée nationale, Joseph Lukong Banadzem, président du groupe parlementaire du Sdf, Cyprien Awudu Mbaya, questeur…
 

C’est la première fois que ces députés ont accepté l’invitation à cette traditionnelle cérémonie de présentation de vœux au président de la République.  Le parti avait prescrit, semble t-il, que des députés ne prendraient jamais part à cette cérémonie, aussi longtemps que Paul Biya n’aura pas rencontré leur leader. Cette condition a été satisfaite lorsque  le président de la République a reçu en audience leur Chairman le 10 décembre dernier à l’occasion de la célébration du cinquantenaire des forces de défenses camerounaises à Bamenda.

 Grégoire Owona, ministre délégué à la présidence de la République chargé des relations avec les Assemblées et secrétaire général adjoint du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ; parti au pouvoir, réagissant à la présence de Fru Ndi à la cérémonie de présentation des  vœux au chef de l’Etat, s’est félicité de ce que c’est une avancée qui constitue une décrispation politique. Dans le Sdf, les réactions sont plutôt discrètes.

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