Cameroun - Economie. Standard and Poors Sanctionne le Cameroun

Georges Auréole Bamba | Emergence Vendredi le 23 Novembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’agence de notation a fait savoir dans ses récentes conclusions, que l’une des raisons à la situation spéculative de l’économie du pays était entre autres, la non définition des règles de succession au poste de président de la République.

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Selon l’agence de notation américaine Standard&Poors, « la situation de l’économie camerounaise reste hautement spéculative en raison entre autres, de ce que la stabilité politique repose sur une grosse incertitude dans la gestion de la succession de l’après Biya. Le président Paul Biya au pouvoir depuis 1982 a remporté en novembre 2011, un nouveau mandat présidentiel, malgré les allégations de fraude de l’opposition.

Il domine aujourd’hui sur la scène politique de son pays et le parti au pouvoir jouit d’une confortable majorité à l’Assemblée Nationale. De notre point de vue, la stabilité politique dans un contexte de concentration aussi forte de pouvoir souffre d’un manque de solidité, dans la mesure où les règles de succession tant à la tête du Parti du président que de son poste ne sont pas clairement définies et admises », fait remarquer S&P. en rentrant dans ce domaine, l’agence américaine met les pieds dans un débat devenu presque tabou au sein de l’opinion publique camerounaise.

S&P n’indexe pas que l’opacité de la succession présidentielle comme motif d’inquiétude pour la stabilité des investissements au Cameroun. Elle indique par ailleurs que la situation peut devenir plus grave au regard du risque de gestion successoral qui devrait intervenir à moyen terme, à moins que le pouvoir en place prennent des réformes pertinentes et fixe les cadres clairs

Le risque politique, un risque réel selon S&P

Sans établir un lien absolu entre les deux situations, l’agence revient aussi sur les manquements profonds de l’économie camerounaise comme raison fondamentale de lui avoir attribué une mauvaise note.

L’agence au contraire du gouvernement fixe les perspectives de croissance de l’ordre de 5% d’ici 2015. Le gouvernement a débuté une campagne pour annoncer des chiffres de l’ordre de 6 à 7%. S&P explique son analyse par le fait que la croissance repose essentiellement sur les services à faible valeur ajoutée pour l’économie locale. « Des services comme les transports, les télécommunications et le commerce devraient permettre de relancer la croissance, et ajouté à cela les récentes découvertes de pétrole qui vont permettre d’alimenter les caisses de l’Etat. Mais une grosse inquiétude pèse sur la croissance de la richesse par Habitant qui va rester à 2% », indique l’agence. Une situation particulièrement sévère pour les ménages, qui doivent faire face à une inflation officielle de près de 3% et une inflation réelle de l’ordre de 5 voire 7%. « Vous êtes là à parler de croissance et des agences américaines, est ce qu’elles sont venus nous demander ce que nous vivons ici. Au marché si tu n’as pas 2000 FCFA tu n’auras rien à manger comme poisson et légumes, surtout avec les enfants que nous avons aujourd’hui chez nous », fait remarquer Marie O, qui habite la ville de Yaoundé. S&P a justement fait savoir que l’accroissement de la population est un facteur aggravant du risque d’appauvrissement des ménages camerounais.

L’autre risque qui pèse sur l’économie camerounaise, dit S&P, est celui de la situation financière et du crédit à l’économie. « La situation extrêmement fragile du secteur des banques va peser sur la capacité à améliorer la notation du Cameroun. Il est aujourd’hui rapporté qu’au moins 4 banques sont en situation de difficultés majeures et pourraient avoir besoin d’un renforcement de l’Etat. Or si le gouvernement prend ce choix, cela va peser sur la stabilité des finances publiques qui ne réussissent pas déjà à mobiliser suffisamment de finances à travers la fiscalité », précisent les analystes de S&P. Ils font aussi savoir dans leurs conclusions, que si ces banques d’une façon ou d’une autre tombaient en faillite, les conséquences, pour l’accès au crédit et la répartition monétaire seraient catastrophiques pour la stabilité de l’épargne des ménages et donc de l’économie du pays. Sans que cela n’attire l’attention de personne, des établissements financiers commencent déjà à souffrir de cette situation.

Au cours de cette année 2012, deux établissement de micro finance qui recevaient le salaire des fonctionnaires et des petits épargnants, ont fait l’objet de crise profondes, dont l’une a été emportée (COFINEST). L’agence fait toutefois savoir que l’ampleur d’un tel phénomène ne se répercuterait pas sur l’ensemble du système, compte tenu de ce que les crédits octroyés par les banques à l’économie n’ont pas dépassé les 11% du produit intérieur brut.

Définir rapidement les cadres et faire des réformes

Standard&Poor critique enfin une absence de contrôle de la politique monétaire, comme dans de nombreux pays d’Afrique appartenant à la Zone Franc. En définitive, l’agence de notation américaine fait savoir qu’au-delà du lancement des grandes réalisations, la situation de l’environnement économique reste fragile pour une série de raisons. La première à ses yeux est comme démontrée, l’absence de vision claire sur la succession du président de la république sur qui repose finalement tout l’équilibre socio-économique du pays, un secteur bancaire en proie à des difficultés sérieuses, l’impact des subventions que l’Etat accorde à certains secteurs et surtout à celui des produits des hydrocarbures.






A ce dernier propos, il faut relever que selon un dernier rapport rendu par les douanes, les exportations de pétroles ont été pour la première fois supplantées par les importations, sans que le gouvernement ne parvienne à expliquer exactement les raisons d’une telle situation. L’agence indique toutefois, que si le gouvernement faisait des efforts dans le sens de résoudre ces complexités, la situation pourrait être moins inquiétante. « Notre notation peut encore devenir plus mauvaise, dans le cas où survient la nécessité de gérer une succession politique au Cameroun, ou encore dans les circonstances où elles entrainent une escalade socioéconomique.

De même la note camerounaise deviendra mauvaise, dans le cadre d’une baisse du soutien de ses partenaires étrangers, ou encore des difficultés à boucler les objectifs fiscaux. Certains personnes proches du régime ont déjà débuté à critiquer les observations d’une agence qui est critiquée en occident et qui fait face à des procès en Australie pour avoir fourni des informations jugées erronées par certains investisseurs. Mais d’autres indiquent de fuir un débat inutile. « Le Cameroun a un vrai problème de fond, même si je ne m’aligne pas sur les position de Standard&Poors qui est pour moi un groupe capitalistique.

Le fait est qu’il faut qu’on change au Cameroun la manière d’organiser la gestion des objectifs de politiques publiques. Il existe des problèmes de fonds et qui englobent au final tout ce qu’ils disent, c’est l’obstruction de notre économie. Elle fait qu’on garde un oeil ouvert sur le politique qui est dans les circonstances actuelles débordées par ses propres erreurs »explique Dieurdonné Essomba. C’est la énième critique globale faite à l’économie camerounaise entre le mois d’octobre et aujourd’hui. Un rapport sur la transparence budgétaire avait déjà indexé le gouvernement sur sa formulation budgétaire. Puis est intervenu le rapport de la Banque Mondiale, Doing Businness, qui annonce que le Cameroun a perdu cinq places, et enfin celui de S&P. Même si tous abordent la question différemment, une constance revient : l’administration et le gouvernement qui l’incarne sont devenus incapables de trouver des solutions pertinentes aux défis de l’économie, malgré leurs trente années d’expériences

 

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