Cameroun - Politique. Interview : Léon Tuam l'activiste des Droits Humains et écrivain

C.P: Léon Tuam Jeudi le 31 Juillet 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ancien membre du Parlement Estudiantin, Léon Tuam enseigne l’espagnol et le français et est activiste des Droits Humains. Il a publié à nos jours une douzaine de livres (8 en anglais et 4 en français.) Il a aussi à son compte des centaines d’articles traitant des sujets socio-politiques, culturels et littéraires. Interview réalisée par Célestin Ngoa Balla, depuis New York

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Question: A votre avis Léon Tuam, pour les peuples africains, de quelle importance peut être le sommet USA- Afrique qui se tient du 4 au 6 Aout prochain à Washington?  
Léon Tuam : Ah, non ! Si l’Afrique doit rester dans ces démarches pusillanimes, mendiantes  et puériles habituelles, il lui faudra alors attendre encore un siècle de dominations barbares tous azimuts et d’humiliations atroces de la part de l’occident pour savoir définitivement qu’elle et elle seule est responsable de son destin glorieux ou nébuleux. Les comportements éhontés d’éternels subalternes chez les dirigeants africains sont des gifles très douloureuses aux dignes fils et filles dont regorge l’Afrique. Quant à l’importance pour les peuples africains de ce sommet entre les Etats-Unis et l’Afrique, je peux vous dire sans indécision qu’elle n’existe pas. Ce sommet est d’une nullité abyssale pour les pays africains ; ce sommet figure une distraction des Africains,  en même temps qu’il revêt un double enjeu stratégique et économique hautement vital pour le pays hôte et organisateur, les Etats-Unis.  
Avec l’assassinat de Kadhafi, avec la tragédie Ivoirienne et Laurent Gbagbo en prison en occident pour des prunes, avec ce qui se passe au Mali, en Syrie, en Iraq, en Afghanistan, en RCA et surtout en Ukraine, avec la partition du Soudan, si les dirigeants africains ne comprennent toujours pas que la clef du salut de l’Afrique est en Afrique et réside dans une solidarité agissante entre les pays d’Afrique à travers la construction des réseaux économique, politique, financier et infrastructurel inébranlables, alors tous les discours et initiatives nationales ne seraient qu’une déperdition de temps, de grands coups d’épée qui vont dans l’eau.  J’insiste que tous ces Etats qui avec assez de zèle accourent au secours de l’Afrique courent, de fait, pour se sauver eux-mêmes. Il ne faut pas que les Africains se trompent. Et ces dernières années, tout le zèle et toute la feinte attention des pays européens et leurs amis pour l’Afrique ne visent qu’à neutraliser l’expansion chinoise en Afrique. C’est clair et naturel, le président étasunien Barak Obama est au pouvoir pour défendre les intérêts de son pays et c’est le contraire qui m’aurait surpris ; il n’ya que les Africains pour opérer le choix contraire.
   
Question : Ce rendez-vous sera désormais une tradition dans le calendrier de la Maison Blanche. Mais n’est-ce pas une moisson bien maigre que Barack Obama laisse en héritage au continent dont son père est originaire ? Les Africains n’ont-ils pas droit de crier leur déception et désillusion devant le bilan du premier président noir des USA ?
Léon Tuam : S’agissant de ce sommet entre les Etats-Unis et l’Afrique qui deviendrait une tradition dans le calendrier de la Maison Blanche et qui a l’air plutôt d’un héritage squelettique que laisse Barak Obama à l’Afrique, je ne suis pas surpris. Je suis plutôt surpris que beaucoup d’Africains soient surpris de ce qu’il laisse au continent d’origine de son père géniteur. Ce sont les Africains naïfs qui vont se montrer frustrés par le bilan de ce président dit noir des Etats-Unis. Qui leur avait dit qu’il était noir ? La peau noire fait-elle nécessairement le Noir ? Voilà l’une des erreurs que je ne pardonne pas aux Africains, même à la plupart des intellectuels de cette partie du monde. Qui leur avait dit qu’il était là pour l’Afrique ? L’élection de Hollande en France avait suscité les mêmes espoirs puérils chez tant d’Africains des villes et campagnes, bien éduqués ou sous-éduqués. Seuls les Africains ont choisi d’être sempiternellement là pour les autres. Les africains semblent n’avoir pas toujours appris leurs leçons au cours de leur long séjour dans le Théâtre tragique et humiliant du monde occidental. Il faut que l’Africain retourne se baigner au quotidien dans les longs fleuves affreux et cataclysmiques de son histoire pour quitter la prison de la naïveté et des rêveries d’une certaine providence, s’il veut vraiment se libérer définitivement ; il faut que l’Africain remette de l’ordre dans sa conscience qui a été vandalisée et continue de l’être.
Je me rappelle encore quand Obama venait d’être « élu » président et certains amis et camarades avaient leurs têtes alors gonflées d’espoirs à exploser. Je leur avais, contre toute attente, dis que j’avais déjà eu ce que j’attendais. Ils me demandèrent alors, quoi ? Et je leur  répondis qu’en devenant président, un mythe venait d’être brisé, à savoir que tout enfant étatsunien, qu’il eût été des parents sud-américains, asiatiques, arabes, africains, pauvres ou riches, pouvait accéder désormais à cette haute fonction publique.
Les Africains n’ont pas compris que si les Etatsuniens qui décident de l’élection du président de leur pays n’étaient pas sûrs qu’il fasse un bon chasseur ses intérêts, jamais ils ne l’auraient  laissé accéder à ce poste-là. Les occidentaux, et surtout les Etatsuniens, ne peuvent pas laisser à leur tête de dirigeants incapables de défendre leurs intérêts ; ce n’est qu’en Afrique que l’on voit des dirigeants qui ne savent même pas où se trouvent les intérêts de leurs peuples, oui ce n’est qu’en Afrique Je ne suis donc pas surpris du bilan africain de Barak Obama. Je suis surpris que des dirigeants africains se hâtent à être accueillis par l’un des ceux qui ont assassiné le Guide libyen qui faisait déjà beaucoup pour le continent, et ont plongé ce pays jadis prospère dans la nuit des temps en laissant toutes sortes d’armes disparaître dans la nature, qui aujourd’hui menacent la sécurité de tant de pays africains.  
Question : Paul Biya doit-il être inquiet en venant à ce sommet, quand on sait par exemple Corantin Talla, originaire du Cameroun et installé à Washington, vient de se déclarer candidat à la présidentielle de 2018 ? Au fait, quel est votre regard sur les opposants au régime de Yaoundé ici aux USA ?
Léon Tuam : Corantin Talla est un ancien camarade du Parlement Estudiantin qui n’a jamais manqué de décrier la façon dont le Cameroun (pays aux ressources humaines et naturelles énormes) est géré. C’est le désastre en cours au pays et l’amour de la patrie qui le traversent, et s’il choisissait définitivement d’être candidat à la présidentielle de 2018, c’est, je crois bien, que c’est à sa manière de répondre au chaos qui laboure le Cameroun et qu’il se sentirait en mesure de faire mieux que M. Biya.  Quant à la question inhérente à la peur qui habiterait M. Biya à la veille de ce sommet d’août aux Etats-Unis, nous savons que ce locataire d’Etoudi, ne s’est jamais senti à l’aise lors de ses séjours en occident depuis que des anciens Parlementaires et d’autres patriotes camerounais lui reprochent la façon dont le Cameroun est piloté. En Europe comme en Amérique, il sait que s’il ne trouve pas sur son chemin Brice Nitcheu ou Robert Waffo, il trouvera Téné Sop, Amougou ou Zongo ; et s’il n’a pas  Corantin Talla, il aura Patrice Nganang ou Tagnidoung , ou Patrice Nouma, etc.  
En ce qui concerne les opposants au régime de M. Biya aux Etats-Unis, je dirais qu’ils forment une constellation où l’on peut tout trouver : Parmi ceux-ci il en est qui sont de grands patriotes désintéressés, capables de grands sacrifices et prêts à tout pour leur patrie ; il y en a aussi qui s’opposent juste parce qu’ils ne sont pas comblés avec leur pitance de l’occident et agissent par calculs égoïstes, d’autres par contre ne sont au fond que l’œil du rouleau compresseur de Yaoundé, comme partout ailleurs. Je reviens aux opposants patriote et sérieux pour dire qu’ils ont intérêt à apprendre à se comprendre et se regrouper autour des objectifs précis bien définis et bénéfiques à tout leur peuple meurtri, car il n’est pas de villes, de régions, de tribus ou d’ethnies au Cameroun où l’on ne trouve d’étendus ilots humains ravagés et dépiécés par la pauvreté, la misère et des souffrances poignantes. Ne nous trompons pas.    
Question: L’armée camerounaise mène actuellement des combats contre Boko Haram dans le septentrion. Des milices armées qui saccagent la RCA ne cessent de s’infiltrer à l’Est  du Cameroun. D’aucuns parlent de plus en plus ouvertement de la volonté de la France de déstabiliser le Cameroun. Selon vous que doit faire la diaspora camerounaise en ce moment précis où le pouvoir vieux de 32 ans semble être mis à mal ?
Léon Tuam : Parlant de Boko Haram et des milices armées de la RCA qui s’infiltrent au Cameroun pour le déstabiliser avec la bénédiction de la France, ce n’est plus un secret. L’on doit être naïf pour ne pas comprendre que derrière ces groupes se cachent des mains fortes extérieures. Ce sont des groupes mécontents qui ont été montés justement à ces fins déstabilisatrices. Mais interrogeons-nous : Que sommes-nous devenus nous-mêmes ? Avec un président viscéralement égoïste au pouvoir au Cameroun depuis 32 ans, tout a été essayé pour conserver ce pouvoir. De toutes les armes utilisées pour accumuler ces longues années au pouvoir font partie la plantation et l’entretien des jardins de divisions et de haines entre les Camerounais.
Au Cameroun, la France serait en chemin pour déstabiliser un pays qui est dans une guerre silencieuse depuis longtemps. Dans les propos et sur les visages des Camerounais de l’intérieur comme de l’étranger, très souvent des haines et divisions ethnico-tribales ruissèlent abondantes, elles se lisent et se vivent. Sous le ciel du Cameroun de M. Biya, une guerre sanglante aux balles silencieuses fait rage, et très peu se fait pour l’arrêter ; et justement l’ennemi extérieur utilisera facilement cela contre nous, la France et ses amis le feront.
La diaspora dans son ensemble est préoccupée par ces menaces de Boko Haram et des milices armées qui s’infiltrent au Cameroun à partir de la RCA ; des voix diasporiques se sont élevées qui pour encourager les armées camerounaises, qui pour saluer leur bravoure et héroïsme ; je suis des ceux-là. J’ai même eu à  lancer un appel de soutien financier et matériel symbolique à la diaspora en faveur de ces compatriotes debout en uniformes pour défendre la terre d’Um Nyobé, lequel appel n’a pas été productif. Le Cameroun est une exception en Afrique, et si au lieu de diviser ce peuple le Pouvoir en place avait bien gouverné et fait fleurir la justice et non les discriminations et la corruption, la France en attaquant le Cameroun perdrait désastreusement en hommes et en biens, et le glas pour elle en Afrique retentirait allègrement à partir de chez nous. Hélas !     
Question : Vous êtes de ceux qui n’ont pas salué la visite de Guillaume Soro au Cameroun. Pourquoi ?
Léon Tuam : Si je n’ai pas salué la visite de Guillaume Soro au Cameroun, c’est parce que je sais à quel catégorie d’africains il appartient. Je l’ai connu dans mon séjour ouest africain tout comme son camarade Charles Blé Goudé et beaucoup d’autres anciens leaders estudiantins comme Oumar Mariko, Marou Amadou (ministre de la justice du Niger) etc. De tous ces gens-là, Soro représente le prototype de marionnette et valet africains des temps aubois de la colonisation occidentale. C’est un individu complexé et une vermine humaine d’un appétit vindicatif sans égal qui sait se coller stratégiquement aux  uns et aux autres pour les sucer et avancer. Ce qui compte le plus au monde c’est lui. Je ne peux pas me taire devant un chef rebelle sanguinaire que l’on a utilisé pour traire dangereusement son pays, et qui ose « voler » pour se revêtir les nobles habits de notre héro Um Nyobé mort en luttant contre la colonisation française tandis que lui, Soro, l’encourage en Côte d’Ivoire en assassinant et enfermant des résistants nationaux. Non !
J’étais médusé d’entendre Shanda Tonmé magnifier de façon disproportionnée ce gougnafier, ce forban sans âme et grand criminel de guillaume Soro, qui ne saurait être un modèle dans une Afrique en quête de sa souveraineté, laquelle jamais ne s’obtiendra avec de grands traitres africains irrécupérables de cet acabit se pavanant en liberté. Avec son rôle au sein de la rébellion, il sait beaucoup, beaucoup, et peut calciner et la France et le Faso et son pays avec des révélations. Je ne vois même pas comment il peut être envoyé à la CPI. Soit les maitres de Guillaume Soro vont le protéger jusqu’au bout et faire de lui le futur président-valet de la Côte d’ivoire (car il peut tout accepter et tout donner à la France) soit ils l’élimineront de la manière qu’il ne pourrait même pas avoir la chance de prononcer une seule parole incendiaire avant de mourir         
Question : L’un des plus proches conseillers de Guillaume Soro est d’origine camerounaise et autour de celui-ci gravitent d’autres Camerounais. Les croyez-vous capables, comme il se dit de plus en plus, qu’ils sont capables de servir de pont aux troupes de déstabilisation militaire du Cameroun ?
Léon Tuam : Mais bien sûr. C’est un projet qui n’a pas vite avancé parce qu’il aurait rencontré l’opposition ferme de certains anciens Etudiants Parlementaires patriotes. Cette frange d’anciens Parlementaires-là pour rien au monde ne soutiendront une « libération » du Cameroun à l’ivoirienne. Dans un de mes textes à la veille de la visite de Guillaume Soro au Cameroun, ce n’est pas au hasard que je disais que ceux qui l’avaient invité en porteront la responsabilité historique. Si cela arrivait à se concrétiser, il faudrait s’en prendre plutôt au régime infernal de M. Biya qui bêtement a créée les conditions de déstabilisation ou de guerre. Je ne vais pas aller loin.  
Question : L’opposition politique au Cameroun est absente sur le terrain pour sensibiliser les populations contre Boko Haram et d’autres forces déstabilisatrices externes. Comment vous l’expliquez ?
Léon Tuam : Cela s’explique par le fait que cette opposition-là n’existe pas en réalité. La fatigue, la paresse, le manque de vision et de courage, la corruption, les divisions et à cela ajoutées les répressions policière, militaire, professionnelle et milicienne, ont eu raison des esprits peu ouverts aux grands sacrifices et peu audacieux, ce qui a conduit le pays dans un état où seul règne le parti-Etat qui a réussi à tout pervertir. Mais au sein de cette opposition camerounaise il est des personnes à qui je ne peux jeter la pierre, quelqu’un par exemple comme John Fru Ndi ; il a fait montre de courage à un moment donné et a fait ce qu’il pouvait avec sa vision liée à son éducation ; c’était aux autres opposants de s’imposer pendant qu’il déclinait. Qu’il soit n’importe quoi maintenant, quoique l’on dise de lui aujourd’hui, sans réfuter cela, je le respecte.  
Question : Vos propositions pour changer la face du Cameroun ?
Léon Tuam : Comment changer la face du Cameroun. Question d’un grand intérêt. Il faut d’abord s’unir et se battre pour les règles saines du jeu démocratique qui manquent au Cameroun. Après 1992, j’ai toujours regardé tous les opposants camerounais qui sont allés aux élections  avec le parti-Etat RDPC comme des aventuriers, des imposteurs, des amuseurs et arnaqueurs des masses. Pour changer le Cameroun, je trouve qu’il faille d’abord changer les règles qui régissent les consultations électorales, et cette bataille devrait commencer maintenant même. Je voudrais préciser qu’il est impossible de changer ce pays en maintenant l’oligarchie présente au pouvoir avec ses méthodes pillardes, occultes, rocambolesques et antédiluviennes.
Toute nouvelle équipe qui aspire à changer le Cameroun doit d’abord se faire voir et accepter comme celle-là qui enterre tout ce qui a détruit la confiance chez ce peuple et a brisé ce pacte essentiel qui existe entre gouvernés et gouvernants, ce qui est nécessaire pour relever de grands défis. Car, nous devons noter qu’aucun peuple au monde portant au cœur une forêt de haines et de ressentiments ne peut ni s’épanouir ni venir à bout du plus faible ennemi extérieur. Et puis, depuis que l’Etat Camerounais est tombé dans un état de délinquance et de concussion inégalables, je n’ai jamais passé un seul jour sans rêver d’un Jerry Rawlings camerounais.  
Aux maux graves des potions fortes ; il en faut au pays d’Um Nyobé plus que fort que Rawlings ; un homme qui n’hésiterait pas à fusiller ceux qui s’emparent de l’argent destiné aux hôpitaux ou à la construction de bonnes routes pendant que choléra, paludisme, sida, asthme, accidents, etc. avalent des âmes précieuses nécessaires pour la reconstruction du pays.  Libérer et relever un pays dirigé et dévoré pendant des décennies par des antipatriotes jouisseurs n’est pas du tout aisé, et c’est pourquoi les camerounais doivent bien se préparer et avoir le cœur solide.   
Question : Vous avez fait partie du Parlement à l’université de Yaoundé. L’un de vos anciens camarades de lutte, Boujeke Kenmoé, est actuellement entre les griffes de la justice américaine, pour avoir assassiné le 29 juin dernier son fils âgé de huit ans. Votre voix s’est ajoutée à celle d’autres anciens du Parlement pour demander à Boujeke de se donner la mort. Doit-on vous prendre au sérieux ?
Léon Tuam : Oui, je l’ai fait et mon texte dont vous faites allusion est encore à la portée du public sur les medias sociaux. Et je suis très sérieux quand je le dis. Je ne vois pas qu’elle serait encore la raison d’être de cet ancien camarade qui a liquidé de ses propres mains un innocent enfant qu’il aimait tant pour des raisons de discorde conjugale. C’est le seul bien qui lui reste à mon avis. Le temps passant il peut apparoir que je me suis trompé, mais au moins pour le moment j’ai la forte conviction que c’est ce qui lui reste de meilleur à faire face à cette tragédie d’infanticide du 29 juin à New York.
D’aucuns récemment à la lecture de ma position étaient interloqués et m’ont demandé si j’étais vraiment activiste des Droits Humains, Oui, je le suis ; mais pas celui qui a des positions variables, qui croit que cette opinion ou cette règle est bonne pour tel et mauvaise pour tel autre ; non. Et puis, ai-je jamais dit ou écrit quelque part que je fusse contre la peine capitale ou contre ceux qui doivent mourir pour avoir fait périr des êtres innocents sans défense ? C’est pour ce même refus de comprendre le comportement animal des Forces funestes qui détruisent et ensanglantent l’Afrique et d’agir de la manière la plus appropriée, que l’Afrique reste sans lendemains certains, entièrement couverte et aveuglée par ses propres larmes.      
Question : Quand on sait que devant votre intransigeance, il y a d’autres têtes du Parlement qui demandent la compréhension à défaut de la clémence, ne doit-on pas s’inquiéter de l’extinction du feu qui, malgré tous les obstacles que les anciens membres de ce groupe ont traversés, reste toujours vif ?
Léon Tuam : Rien ne peut éteindre ce feu vif qui reste entre les anciens membres de ce Groupe d’hier, le Parlement Estudiantin, car, ils ont un pays et un continent dont le sort toujours les préoccupera et les unira. Je voudrais rappeler en passant que le Parlement n’a jamais été une église ou une mosquée où le débat contradictoire était absent ou inexistant. Il arrivait que nous débattions chaudement de certains sujets des heures et des heures et que ceux non contents des décisions finales restaient soudés aux idéaux du Groupe. Il faut souligner qu’au sein de ce Groupe il y en a eu de faux, des traitres. Certains d’entre eux font aujourd’hui des alliances de fortune avec les ennemis africains et extérieurs de l’Afrique, peu nous chaut. Ceux des éléments de cet ancien Groupe qui furent et restent sa crème n’ont pas changé de trajectoire ni de convictions ; ils savent ce qui est bien pour leur pays et leur continent et s’y accrochent.
Question : Quels regards portes-vous sur l’Afrique en général, et sur celle francophone en particulier ?
Léon Tuam : Les Africains doivent arrêter d’attendre le messie qui n’existe pas. Ils doivent aussi cesser de croire que chacun dans son coin peut produire le miracle. Le miracle africain, ce sera tous les Africains décidés, courageux, et réunis en fédérations réelles progressives ; ce sera l’accent sur les intérêts nationaux, le patriotisme inconditionnel. Les Africains des pays francophones doivent se secouer fortement pour faire tomber les grains de peur et de haine qui les suivent, les enchaînent partout et en tout et les empêchent de s’épanouir.
Nous entendons régulièrement : L’Afrique va en Chine, l’Afrique va en France, l’Afrique va en Angleterre, etc. A cette allure, le jour n’est plus loin où même la Grèce ou le Portugal va inviter chez lui une cinquantaine de pays africains. Cette Afrique n’aura rien de tout cela, si elle continue d’ignorer qu’elle va elle-même développer son pouvoir scientifique, économique, politique et militaire pour devenir souveraine. Et tout cela passe par la solidarité entre les pays africains, car isolement, aucun Etat ne pourra rien faire devant la puissance de feu, les négociations et consultations sous pression et les accords sous pressions que ces gens de l’occident, individuellement ou collectivement font passer pour mettre des fardeaux sur nos têtes et compromettre l’avenir des générations.  Les APE et la hausse des prix du carburant récemment au Cameroun en sont des exemples éloquents.
Les pays francophones d’Afrique doivent retenir ceci : La France peut et veut tout leur donner ; mais qu’ils comprennent qu’elle n’est prête qu’à leur donner tout ce qui est inutile et futile. Elle ne leur donnera ou ne leur laissera ce qui doit les élever et les affranchir. Que les pays africains qui se laissent choisir ou embrasser par la France sachent qu’ils étreignent l’enfer. Elle n’a pas de pitié ; et que l’un d’eux tente de lui réclamer son argent qui repose dans les trésors de France sans s’être bien préparé, et il découvrira la vraie Diablesse. Ces pays doivent se débarrasser du FCFA et des autres liens rétrogrades et asservissants qui les lient, s’ils veulent de la nourriture suffisante pour tous à la table de leurs enfants.
Les Africains d’Afrique et de l’occident doivent se montrer patriotes et conséquents. Ils doivent cesser de se comporter comme des valets utilisés pour ruiner leurs sociétés. Ils sont nombreux, et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’Afrique stagne. Il n’est pas un(e) seul(e) occidental(e) vivant en Afrique ou en occident qui soit complice de la ruine de sa société comme le font les Africains. Faut-il d’autres siècles de souffrances pour que ces Africains éduqués arrivent à comprendre cela ? Je ne sais pas.   
Question : si l’on vous demandait de parler un peu  du monde actuel, que diriez-vous ?
Léon Tuam : Le monde actuel est devenu trop hypocrite et artificiel. Tout ce passe comme si les gourmands de ce monde ne veulent plus rien laisser en paix et en équilibre. Partout où se trouvent leurs intérêts, ils iront les chercher. Ils iront les arracher, et peu importent les souffrances, les cris, les larmes et les flots de sang d’enfants, d’adultes et vieillards qui seront entendus et vus durant l’opération ; ils le feront. Et pour y arriver ils mentiront, ils inventeront des histoires, ils inventeront des choses, ils pondront des mensonges, les répèteront, les répéteront et les répèteront jusqu’à ce qu’ils deviennent des vérités. Les gourmands du monde détruisent, ils brûlent, ils tuent, ils assassinent, ils oppriment et répriment et montrent les responsables et coupables ailleurs. Ils ont peur, peur de perdre, peur de leur déclin, peur d’être rattrapés ou attrapés dans leurs mensonges, dans leurs positions et leurs crimes. A cette allure, il y a lieu de se demander combien de temps les victimes vont supporter cette tragédie tournée en comédie.  

Léon Tuam
Activiste des Droits Humains et écrivain
29 juillet 2014   

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