Cameroun - Energie. Barrage de Songloulou : Eneo à la peine pour mobiliser les 72 milliards FCFA nécessaires à sa réhabilitation

cameroun24.net Samedi le 17 Mai 2025 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Malgré l’urgence stratégique, le projet Dam Safety accuse du retard. Seuls 18 milliards sur 72 ont été engagés pour sauver cette infrastructure vitale à la stabilité énergétique du Cameroun, a appris cameroun24.

Plus de quarante ans après sa mise en service, le barrage hydroélectrique de Songloulou, situé à une cinquantaine de kilomètres en amont de celui d’Édéa, fait face à l’épreuve du temps. Pour lui garantir 50 années de vie supplémentaires, l’entreprise Eneo, qui en assure l’exploitation, doit investir 72 milliards FCFA dans un vaste chantier de réhabilitation baptisé « Dam Safety ».

Mais à ce jour, seuls 18 milliards FCFA ont été engagés pour les deux phases du programme, laissant 54 milliards FCFA encore à mobiliser. Résultat : le projet prend du retard, malgré les risques bien connus d’une défaillance potentiellement catastrophique pour le Réseau interconnecté sud (RIS), dont Songloulou a assuré 35 % de l’alimentation au 1er trimestre 2025, devant Nachtigal (31 %) et Édéa (21 %).

?? Deux phases, des travaux critiques mais en suspens

La phase 1 dite « d’urgence », dotée d’un budget de 20 milliards FCFA, a été répartie en cinq lots de travaux prioritaires. Eneo affirme avoir déjà investi 11 milliards FCFA sur ses fonds propres. La phase 2, actuellement en étude, nécessitera 52 milliards FCFA supplémentaires, dont seulement 7 milliards ont été mobilisés jusqu’ici.

Pour justifier ce retard, l’entreprise invoque « des contraintes techniques et financières », ainsi que des difficultés à contracter avec les bailleurs de fonds.

?? Un risque identifié depuis plus de 10 ans

Ce n’est pourtant pas faute d’anticipation. Dès 2013, le cabinet d’ingénierie français ISL tirait la sonnette d’alarme : sans réhabilitation, les ouvrages en béton, les prises d’eau et les évacuateurs risquaient la rupture. En cause, un phénomène connu sous le nom de Réaction alcali-granulat (RAG), à l’origine de fissures, gonflements du béton et dégradations structurelles.

Selon ISL, bien que les effets de la RAG semblent aujourd’hui se stabiliser, « les ouvrages restent fortement dégradés et en limite de stabilité ».

? Premiers résultats positifs, mais vigilance maintenue

Les premiers résultats de la phase 1, observés en septembre 2020, indiquaient déjà que « le barrage de prise est stable », écartant le besoin de certains travaux lourds. Une stabilité confirmée récemment par Maxime Nkat, directeur de la centrale :

    « Depuis des années, des actions ont été menées avec des investissements énormes. Aujourd’hui, nous disons clairement que le barrage est stable. »

Mais la prudence reste de mise. Le lot 5, concernant les travaux électromécaniques de l’évacuateur de crues, affiche à peine 13 % de progression.

Ahmadou Bivoung, directeur central de la production chez Eneo, précise :

    « La RAG est irréversible. Nous devons désormais intégrer ces déplacements du béton dans nos conceptions, afin qu’il n’y ait plus de contraintes mécaniques critiques. »

En attendant la mobilisation des 54 milliards manquants, les ingénieurs de Songloulou jouent la montre pour éviter une rupture. Le temps presse, car une défaillance du site mettrait en péril la stabilité énergétique d’un tiers du pays.


Cameroon’s Songloulou Dam Needs Urgent Rehabilitation: Eneo Still Short of CFA 54 Billion

Despite the high strategic stakes, only CFA 18 billion of the CFA 72 billion needed to extend the dam’s lifespan have been mobilized.

The Songloulou hydroelectric dam, commissioned over 40 years ago, is showing signs of aging. Located upstream of the Edéa dam, it remains a cornerstone of Cameroon’s electricity network, supplying 35% of the South Interconnected Grid (RIS) as of Q1 2025—more than Nachtigal (31%) or Edéa (21%).

To ensure 50 more years of safe operation, the operator Eneo must invest CFA 72 billion in a critical rehabilitation program called "Dam Safety".

? Two-Phase Project Facing Delays

The project is split into two phases. The first phase, considered urgent, has a CFA 20 billion budget. Eneo has already invested CFA 11 billion in this stage. The second phase, currently under review, is estimated at CFA 52 billion, but only CFA 7 billion has been allocated so far.

Total funds mobilized to date: CFA 18 billion. Still missing: CFA 54 billion—a shortfall that has slowed the entire project.

According to Eneo, financing issues, including difficulties securing support from international donors, are to blame for the delays.

? Structural Risk Known Since 2013

An engineering report by French firm ISL, published in 2013, had already flagged the structural degradation caused by alkali-silica reaction (ASR). This condition leads to cracking, concrete swelling, and reduced operational tolerance in hydromechanical components.

ISL concluded that even if the ASR effects are stabilizing, “the structures remain severely degraded and near their stability limits.”

?? Stability Confirmed, But Not All Work Done

Early results from phase 1, observed in September 2020, confirmed the dam’s structural stability, according to Maxime Nkat, Songloulou plant director:

    “Major investments have been ongoing for years. As of today, the dam is stable.”

Still, caution prevails. Lot 5 of the project, dealing with floodgate electromechanics, is only 13% complete.

Ahmadou Bivoung, Eneo’s production director, warned:

    “ASR is irreversible. We’re now designing systems to anticipate and absorb these shifts, ensuring no critical mechanical stress.”

Unless Eneo secures the remaining funds quickly, the dam's reliability—and the national grid’s stability—remain at risk. A failure at Songloulou could trigger a collapse of the entire RIS, warns the utility.

Mouahna Divine

 

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