Cameroun - France. Contentieux de la décolonisation: Le temps de la mobilisation et de l’action

Edmond Kamguia K. | La Nouvelle Expression Jeudi le 25 Février 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les débats ont été houleux mardi à Douala lors d’une conférence sur le contentieux historique Cameroun-France. Une initiative d’un groupe de partis et d’organisations préoccupés par un devoir de mémoire.

ADS


Une conférence a été organisée dans la soirée du  mardi 23 février 2016  dans une salle de conférence d’un hôtel de la place à Douala. Par  le Collectif Mémoire 60, l’Association des vétérans du Cameroun (Asvecam), l’Union des populations du Cameroun, (Upc, tendance des fidèles), le Mouvement  africain pour la nouvelle indépendance (Manidem)  et bien d’autres  organisations politiques et de la société civile. Sur  le thème : «le contentieux historique Cameroun-France : la décolonisation du Cameroun et  des moyens  d’en sortir».  Président du Collectif Mémoire 60, David Ekambi  Dibongue a souligné que  « cette conférence est une réponse  à la déclaration faite par le président français François Hollande lors de sa visite au Cameroun le 3 juillet 2015. Nous, héritiers  de la lutte, devons montrer l’exemple. La lutte de l'indépendance est acte de mémoire», a-t-il déclaré.  

 

Le plan diabolique français

 

Avant d’ajouter : « Nous sommes ici pour donner une réponse  de groupe. C'est une partie de la longue marche  de la révolution camerounaise. Nous signerons une déclaration qui sera remise au  président  français François Hollande», a-t-il souligné.  François Hollande  avait déclaré  qu’«il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés et tragiques même. Puisqu’après l’indépendance,  il y a eu une répression en Sanaga-Maritime, au pays Bamiléké, et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire puissent être ouverts, les archives aussi».  Président  de l’Asvecam et dernier secrétaire et compagnon de lutte d’Ernest Ouandié dont il a admiré «le courage et l’intelligence remarquable», Mathieu Njassep  a expliqué  les raisons qui ont  amené les Camerounais à prendre les armes contre la colonisation.

Mathieu Njassep est clair : «C’est Roland Pré, reconnu comme étant le plus cruel qui sera envoyé en 1954 pour exécuter le plan diabolique de mater tous ceux qui se réclamaient upécistes(…) Le 25 mai 1955, il va ouvrir le feu sur les populations camerounaises à Douala. Plusieurs centaines de personnes tuées  sont enregistrées. Ce fut ainsi le début de la guerre ouverte ! Alors que l’Upc n’avait jamais voulu la guerre !», a-t-il poursuivi. Le public a eu droit à deux autres  interventions.  Celle de Jean Koufan, Professeur  d’histoire et enseignant  à l’Université de Yaoundé I sur l’Origine et l’évolution du contentieux historique. Ainsi que  celle de Nsame Mbongo, philosophe et sociologue et ancien doyen de la faculté  des Lettre  de l’Université de Douala.

 

Opposition radicale d’intérêts

 

Expliquant pourquoi «la décolonisation a été un problème douloureux» pour les Camerounais, Jean Koufan  a  évoqué  le caractère prégnant du sentiment anti-français au Cameroun  et identifié cinq éléments du contentieux du Cameroun avec la France:  le pouvoir, qui à l’indépendance est confiée à ceux qui n’en voulaient ; l’entreprise  d’anéantissement de l’Upc à travers l’usage du napalm  en pays bamiléké  et des têtes coupées et exposées;  les assassinats des leaders de l’Upc que sont Ruben Um Nyobé, Félix-Roland  Moumié,  Ossende Afana ; l’arrestation,  le jugement, la condamnation  à mort et l’exécution d’Ernest Ouandié ;  le  soutien de la France aux dictateurs et la question des lieux de mémoire :  «Il n’y a pas de monument à la gloire des nationalistes camerounais (…) Le contentieux est historique et mémoriel», a martelé  Jean Koufan.

Pour ce dernier : «Le vrai problème  est que la France reconnaisse avoir fait du tort  aux nationalistes camerounais(…) Il est clair qu’il existe un différend entre la  France et nous. Il est  politique et il est  historique», a-t-il précisé en trouvant en la mobilisation une des voies de sortie. Pour  Nsame Mbongo : «Il existe une opposition radicale d’intérêts entre l’Etat français et le peuple camerounais. C’est une opposition fondamentale qu’on ne peut oublier même après 1000 ans, même s’il y a des excuses. Les massacres continuent au Cameroun (…) Les juifs ont été dédommagés pour  les crimes  subis lors de la deuxième guerre mondiale. Il faut des réparations matérielles pour les victimes camerounaises», a-t-il déclaré.

 

Reconstruire  le rapport de force

 

Nsame Mbongo  est persuadé que «le contentieux historique Cameroun-France peut aider à relancer la lutte. Cela peut être une occasion pour les patriotes  de se retrouver et de rebondir. C’est  le rapport de force qu’il faut reconstruire. Le gouvernement camerounais doit aussi répondre de ses actes. La solution peut venir de la rue. L’endroit où le peuple prend le pouvoir Nous devons d nous organiser  pour faire  ce que nous devons  faire», a souligné Nsame  Mbongo. Une déclaration sur le contentieux  historique  a été signé par les leaders politiques et de la société civile après la conférence. Le Collectif mémoire 60 promeut le devoir de mémoire envers les souffrances inouïes et les crimes inqualifiables qu’ont enduré les populations, les militants nationalistes révolutionnaires et tous les patriotes durant la lutte pour l’indépendance véritable du Cameroun.

 

 

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS